12 mars 2009

Benoit XVI attendu à Lisieux pour bénir la réunification de la Normandie ?

Il ne suffit pas d'affirmer avec comme argument péremptoire, ainsi que l'a fait dernièrement Franck Martin, que les Normands seraient à 75% favorables à la réunification de la Normandie. Quelle valeur peut-on accorder à un sondage (par quel institut, quand, paru où ?) démenti la semaine suivante par un autre sondage (1) ?
La question à se poser est la suivante : pourquoi deux Normandie et pourquoi cette situation ? Dès lors, il devient nécessaire de rappeler les raisons désormais historiques qui ont prévalu à cette partition et dont se gardent bien de parler les journaux locaux ou régionaux, à commencer par Paris-Normandie.
En ce temps-là, pas si lointain, deux féodaux d’un genre particulier, mais d’égale rapacité, se partageaient le pouvoir en Normandie. En Haute-Normandie, un certain Jean Lecanuet dont l’audace alla jusqu’à se faire inhumer dans la salle capitulaire de l’ancienne abbaye de Saint-Georges à Saint-Martin-de-Boscherville. En Basse-Normandie, un certain Michel d’Ornano, qui réussit en son temps un prodigieux tour de force. Qu’on en juge : il parvint à faire relier directement sa bonne ville de Deauville à Paris par l’autoroute A13. Car, s’il eût été bien plus important à l’époque de privilégier la liaison avec le Havre, véritable poumon économique, cette dernière ville avait contre elle la tare insurmontable d’être communiste.

Comme il n’eût pu être concevable que l’un de ces très grands seigneurs s’efface devant l’autre, le pouvoir central trancha de la manière que l’on sait en permettant à chacun de conserver leur fief. Cette division totalement artificielle ne correspond, naturellement, à aucune des réalités historiques, sociologiques et économiques, mais n’a fait qu’aviver la concurrence que se livrent depuis toujours les deux grandes métropoles que sont Rouen et Caen. Ainsi, pouvait-on lire encore récemment dans la revue « Normandie Magazine » que les Bas-Normands étaient favorables à la réunification à la seule condition que Caen en soit la capitale régionale. On peut raisonnablement supposer que les Haut-Normands pensent aussi à une réunification dont Rouen serait la capitale…

Et, sauf imprévu, cette querelle clochemerlesque peut encore durer des décennies. Aucun des principaux élus n’est évidemment prêt à céder sa place. Alors, puisqu’il faudra bien un jour sortir de cette situation absurde, et que ni l’une ni l’autre de ces deux régions ne possèdent la taille critique leur permettant de traiter d’égal à égal avec les autres grandes régions européennes, nous proposons ceci : en cas de réunification, pourquoi ne pas choisir d’implanter les futures structures administratives régionales dans un troisième lieu qui mettrait d’accord tout ce beau monde ? Nous disons que Lisieux, ville située à peu près à mi-chemin entre Rouen et Caen, ferait fort bien l’affaire. Et à Lisieux, Nicolas Sarkozy, chanoine honoraire de Saint Jean de Latran, pourrait même demander au pape de venir offrir sa bénédiction à cette installation !

Reynald Harlaut
(1) Voir le sondage IFOP pour Ouest-France publié hier.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Ce que vous écrivez est vrai, monsieur Harlaut, mais incomplet. Vous évoquez les deux Normandie des années 60 et 70 avec "le Roi Jean" et "le Comte Ornano". Il manque les années 50. En 1952 ou 1953, le gouvernement avait mandaté un jeune énarque de 28 ans (toujours en vie actuellement)pour réfléchir et proposer un découpage territorial du Pays, baptisé "régions administratives". Il est l'auteur du découpage actuel, donc des deux Normandie. En 2004, il fut interviewé par un journaliste politique et à la question "Avez-vous un regret sur ce découpage et lequel?" Il répondit "je n'en ai qu'un, c'est d'avoir coupé la Normandie en deux. C'était stupide et inutile".
Maintenant, le récit est complet.
José Alcala