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Dessin de Jean-Pierre Rault. |
24 décembre 2018
22 décembre 2018
Les gilets jaunes parisiens enlèvent leur masque : ils chantent La quenelle de Dieudonné
Cette semaine, il ne s’est
guère trouvé que Jean-Luc Mélenchon pour appeler à la poursuite du mouvement
des gilets jaunes. Avec un talent certain de tribun, une sincérité qu’on ne
peut nier, le chef de file de la France insoumise a dressé une fresque palpitante
de l’histoire de France assurant que l’insurrection en cours ressemblait aux
grands moments révolutionnaires de notre pays !
A l’évidence, les chiffres
de participation aux manifestations constatés ce samedi, à Paris et dans les autres villes du
territoire, contredisent les prédictions de l’ancien candidat à la présidentielle.
Ils n’étaient plus que quelques centaines aux frontières de l'hexagone, à Montmartre,
à Versailles, ou sur les péages d’autoroutes. Les blocages aux ronds points,
considérés comme dangereux par le ministre de l’Intérieur, ont malheureusement occasionné un
nouveau décès (le 10e depuis le début du mouvement) sans omettre les
bagarres, incidents, incendies et autres dommages matériels…
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Photo la Provence (capture d'écran) |
J’ai écrit, ici, 15 jours
avant le 17 novembre, que les gilets jaunes étaient, dans leur majorité, proches
des thèses du rassemblement national. Sondage après sondage, cette affirmation
se confirme. Marine Le Pen avec 24 % des voix en vue des européennes de mai,
caracole en tête devant La République en Marche (19 %) et la France insoumise
(11,5%). Laurent Wauquiez et Les Républicains obtiendraient 8 % soit un score
très médiocre ! Quant à la gauche, ses divisions — si elles se confirment —
feront d’elle des participants sans influence.…7 à 8 % pour les Verts, 7 % pour
le PS, des miettes pour les autres. Et même 8 % pour une liste gilets jaunes si
elle se présentait, ce qui ferait chuter le RN de plusieurs points d’intentions
de vote.
Mais il y a pire. Devant le
Sacré Cœur de Paris, des dizaines de gilets jaunes ont entonné ce matin « La Quenelle » de Dieudonné, le farouche antisémite, condamné à diverses reprises
pour incitation à la haine raciale et autres infractions fiscales. Et comme il
ne reste que les plus convaincus, on a une certaine idée de ce que Jean-Michel
Apathie subodore depuis des semaines : un mouvement orchestré et inspiré
par une extrême droite fort habile, tout simplement déguisée en gilet jaune.
Dans ces conditions, je ne comprends toujours pas l’obstination d’un Jean-Luc Mélenchon
qui encourage l’occupation de la rue dans la mesure où la gauche républicaine
et sociale, sous toutes ses formes — dieu sait qu’il en existe beaucoup — n’inspire
nullement les manifestants jusqu’auboutistes. Et à moins d’être sourds et
aveugles, les gilets jaunes du 22 décembre ne sont plus ceux du 17
novembre !
21 décembre 2018
Louviers-Elbeuf, « Histoire croisée de deux cités drapières »
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La première page de couverture. |
De longs mois d’écriture et
un travail d’archives colossal : L'« Histoire croisée de deux cités drapières »
(1) que sont Louviers et Elbeuf, est d’abord le fruit d’une collaboration
exemplaire entre la SED (Société d’études diverses de Louviers et sa région) et
la Société de l’histoire d’Elbeuf. En cela, le mérite des rédacteurs(trices) des 200 pages de textes et de recherche
d’illustrations, doit être souligné. Ensuite, quelle belle idée ! Alors
que les lieux communs ont tendance à insister sur les querelles anciennes opposant
les deux villes, on retient de la lecture (même rapide, article oblige) du livre un sentiment
de ressemblance et de destin commun bien plus riche et plus positif qu’on le
croit communément.
Évidemment, les deux cités
drapières appartiennent à deux départements différents. Quand le pouvoir a décidé
de placer Elbeuf en Seine-inférieure, il a contribué à éloigner Elbeuf de
Louviers alors que l’histoire et la proximité géographique contribuaient t plutôt
à conserver Elbeuf dans l’Eure. Il est d’ailleurs remarquable, qu’aujourd’hui,
des communes du Roumois choisissent l’agglomération Seine-Eure
(Louviers-Val-de-Reuil) pour affronter le futur.
Dans ces 200 pages, les
auteurs préviennent que l’exhaustivité n’est pas atteinte. Pourtant, du néolithique
à la période contemporaine, les habitants des deux cités trouveront matière à
connaissance dans tous les domaines de la vie. Urbanisme, santé, équipements
collectifs, guerres, industries, démographie, tout est passé au crible de l’action
des différents élus et responsables au quotidien. Comme il fallait s’y
attendre, le drap occupe une place centrale. Tour à tour, les industriels de
cette industrie — elle a fait la renommée internationale des deux villes — démontrent
leur savoir-faire et leur génie inventif appuyé sur les progrès scientifiques,
qu’il s’agisse de l’énergie, du commerce, de l’exigence de qualité par exemple.
Que les uniformes de l’empereur Napoléon aient été faits en drap de Louviers en
dit long sur la qualité prestigieuse de ce tissu.
Mais avec le temps la mono-industrie
aux noms éternels comme Blin et Blin pour Elbeuf et
Jeuffrain-Miquel-Vandevoorde pour Louviers a laissé la place à des activités industrielles et entrepreneuriales
modernes, Louviers bénéficiant de la présence de Val-de-Reuil et des parcs
industriels de l’agglomération Seine-Eure.
Le livre ne néglige pas,
loin de là, les artistes et écrivains de renom ainsi que les politiques dont l’importance,
s’agissant par exemple de Pierre Mendès France à Louviers ou Laurent Fabius à
Elbeuf, n’échappe à personne. Certes, l’actuel président du Conseil
constitutionnel ne fréquente plus beaucoup la Normandie mais il y conserve
nombre d’amis, pas seulement des politiques d’ailleurs, puisque l’ancien député
d’Elbeuf n’omettait pas de rendre souvent
visite aux antiquaires et commissaires-priseurs de notre région. Ne pas évoquer
la fréquentation d’un établissement scolaire elbeuvien par Pierre Bérégovoy,
ancien Premier ministre de François Mitterrand, serait une faute ainsi qu'omettre
le souvenir d’André Maurois, académicien et écrivain français parmi les plus célèbres.
Pour ceux qui s’intéressent
aux vieilles pierres, qu’ils sachent que les villes d’Elbeuf et Louviers n’en
manquent pas. Des églises, bien sûr, mais pas que…car le patrimoine de ces deux
villes est riche en rues pavées, bords de fleuve ou de rivière, musées, le
tout mis en valeur par les deux sociétés savantes associées.
Vous inviter à lire (donc à
acheter ?) l’« Histoire croisée de deux cités drapières » est d’une grande
banalité mais je vous le conseille, cependant. Toutes les générations y trouveront
telle illustration, tel chapitre, tel nom d’artiste…susceptibles de montrer un
autre visage que celui que l’on a sous les yeux tous les jours. Comme le
soulignent les auteurs : « le passé est comme un jardin, on peut le
travailler chaque année et chaque année, il nous offre une moisson de nouvelles découvertes.
»
(1) Livre en vente dans les
librairies des deux villes au prix de 25 euros.
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20 décembre 2018
Le référendum d'initiative citoyenne (RIC) ? Il pose un vrai problème mais apporte une mauvaise réponse
Revenons sur cette histoire
de référendum d’initiative citoyenne. Un débat est né sur cette proposition émanant
de gilets jaunes soutenus plus ou moins directement par Marine Le Pen (dont le
référendum d’initiative populaire est une copie conforme) et par Jean-Luc Mélenchon
qui y ajoute le référendum confiscatoire permettant de démissionner des élus
sous un prétexte choisi par la population ! Une constitution privilégiant la démocratie représentative ne peut l'accepter.
Quand j’entends un certain
Maxime Nicole (Fly Rider) sur la toile revendiquer « la souveraineté et la
liberté du peuple » j’ai le poil qui se hérisse. Ce Maxime Nicole, à qui tous
les journalistes de radio et de télé tendent le micro,
est âgé de 25 ans, se prend pour un penseur d’exception alors que quand on l’écoute
bien, on entend des arguments éculés, mensongers, complotistes. C’est lui qui
disait détenir des secrets aptes à mettre à bas la République, c’est le même
qui a lancé le mot d’ordre contre « le pacte de Marrakech et l’invasion
migratoire », c’est le même encore qui a vu dans l’attentat terroriste de
Strasbourg, « comme par hasard », la main du gouvernement sans le dire expressément.
Et je me dis : faut-il donner du pouvoir à ces démagogues patentés, ces hâbleurs
répétitifs, amateurs de Fake news ? Ils trouvent des Français pour croire en
leurs balivernes. Soit. Devons-nous pour autant céder à leur chantage, devons-nous nous mettre à
genoux devant des gilets jaunes « aux
cheveux longs et aux idées courtes »?
Certainement pas. Et le
gouvernement (dont Edouard Philippe) ne devrait pas donner trop de crédit à une proposition
qui pose un vrai problème mais apporte une mauvaise réponse. Que le besoin de démocratie
participative s'exprime, c'est évident. Mais comme le dit Dominique Wolton, sociologue et expert en
communication « une affirmation devant un
micro n’est pas pour autant une vérité. » Il ne faut pas confondre l’information
vérifiée, recoupée, corroborée (par des journalistes dont c’est le métier) avec
l’expression des émotions spontanées trop souvent construites sur des affects
individuels oubliant que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts
particuliers.
C’est si vrai que les commentaires publiés sur la toile sont,
dans leur grande majorité, anonymes, comme si les auteurs avaient honte de leur
expression, comme s’ils craignaient d’être montrés du doigt pour leurs
insultes, menaces, agressions verbales. Et par peur des procès judiciaires
aussi. Le référendum d’initiative citoyenne ? Pourquoi pas mais alors, il
doit être encadré, limité, respectueux du droit et des lois. Imagine-t-on un
référendum sur la peine de mort ? Sur le mariage pour tous ? Sur la
Procréation médicale assistée ? L’interruption volontaire de grossesse ?
Tous sujets devant être traités avec tact, éthique, raison…nécessitant informations contradictoires, climat apaisé, refus des passions tristes.
La responsabilité de chacun
est bien dans le courage de ses opinions. Les tireurs venus devant le domicile de
Bruno Questel, député, se sont sauvés comme des pleutres. Les voleurs,
pilleurs, destructeurs à Paris agissaient casqués et masqués. En ces temps
troublés, il me paraît sain de rappeler que la charte du journaliste (dont le métier est d'informer, pas de déformer) commence
ainsi : « un journaliste digne de ce
nom, prend la responsabilité de tous ses écrits, même anonymes. Il tient la calomnie,
les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des
faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles…» voilà
pourquoi on doit considérer avec la plus grande méfiance et la plus extrême
prudence les propos des Maxime Nicole, Eric Drouet et autres Cauchy,
soi disant porte parole des gilets jaunes. Ils n’engagent qu’eux-mêmes et ceux
qui les suivent…soit quelques milliers de complices. Ils ne doivent pas faire
la loi, applicable à tous et pour tous.
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17 décembre 2018
Bruno Questel invité spécial de l'émission « C politique » sur la 5
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Bruno Questel hier soir à la télévision. (Capture d'écran) |
Bruno Questel, député de
Louviers, invité de l’émission C politique, sur la 5, a décrit par le menu l’agression
de tireurs venus sonner à la porte de son domicile de Bourgtheroulde, vendredi
dernier. Des cartouches retrouvées à terre prouvent que les armes utilisées n’étaient
pas factices mais bien létales quand bien même les visiteurs du soir n’avaient
pas l’intention de tuer qui que ce soit. Cet acte d’intimidation a quel but ?
Intimider l’élu de la nation dans ses prises de position, ses convictions, ses
votes ? C’est bien mal connaître Bruno Questel.
L’ancien lycéen de Louviers a
été suffisamment cabossé dans sa vie politique pour adopter une attitude
raisonnée à l’égard de ce fait divers peu banal. Bien sûr, la carapace n’est
jamais assez épaisse quand on est à la tête d’une famille et que l’action
militante conduit à courir des risques. Sur le plateau de C politique, l’élu de
la 4e circonscription avait face à lui un gilet jaune qui, sous un
air affable, a durci le ton lorsque le député a mis en cause l’occupation des
ronds points, mal sécurisés (on compte plusieurs morts et blessés depuis le 17
novembre) nécessitant la présence des forces de l’ordre qui, par les temps qui
courent, ont autre chose à faire.
Bruno Questel, membre de la
République en Marche, assume les erreurs commises par le gouvernement et la
majorité mais défend bec et ongles les propositions du Président de la République
devenu, sous la pression de la rue, plus ouvert au dialogue et plus attentif
aux travailleurs pauvres. Mais les gilets jaunes ne veulent pas seulement du
pain. Ils veulent aussi une reconnaissance. Une dignité que les propos
malheureux du président semblaient ignorer. «
Les premiers de cordée, ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien, les fainéants
et les gaulois réfractaires…» autant d’expressions symboliques , pour le
moins, émanant d’un Jupiter longtemps sourd et aveugle.
Le député de Louviers, en
son for intérieur, ne peut que regretter ces saillies présidentielles arrogantes.
Lui qui est sur le terrain en permanence, à l’écoute depuis des semaines, mesure
la distance qui sépare la France d’en haut et celle d’en bas comme dirait JP
Raffarin. Le successeur de François Loncle s’est exprimé, hier soir, avec clarté
et responsabilité. Conscient de l’importance de la tâche à venir et du lien à
maintenir avec ses électeurs(trices) il a déclaré ne pas renoncer au dialogue
avec ses « agresseurs » dont il connaît, pour une partie d’entre eux, l’identité.
C’est la preuve d’une conscience claire de la nature des problèmes sociaux, économiques
et institutionnels qui sont devant nous.
Et demain ? A l’évidence,
Emmanuel Macron va devoir ramer pour retrouver une crédibilité politique. Sa
forte majorité à l’Assemblée nationale lui épargne l’angoisse de la mise en
minorité. L’opinion publique ? Une autre paire de manches.
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16 décembre 2018
Le député de l'Eure, Bruno Questel, menacé par des « chasseurs » d'un genre particulier
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Bruno Questel.©JCH |
Bruno Questel, député de l’Eure,
successeur de François Loncle dans la 4e circonscription de ce département,
a été victime de pressions et de menaces, de la part d’une quarantaine de
gilets jaunes venus devant son domicile de Bourgtheroulde (27), ville dont il a été
maire pendant longtemps et dans un canton qu’il représente au conseil départemental.
La soirée avait débuté par
une réunion publique tenue en fin d’après-midi, ce vendredi, à Louviers dans le
quartier de Maison rouge. C’est là qu’il a dû notamment répondre aux questions
de quatre avocats venus l’interpeller sur la réforme de la justice voulue par
Nicole Belloubet, ministre de la justice et garde des sceaux. Lui-même avocat,
Bruno Questel nous a raconté avoir répondu calmement à toutes les interrogations
des hommes et femmes à la robe noire même si l’une d’entre elles a tweeté qu’elle
avait réussi à « pourrir » la réunion du député ! Il existe sans doute d’autres
moyens pour faire connaître son opposition à un projet de loi.
Le pire était à venir. Rentré
chez lui, assez tard, donc, sa famille et lui-même ont été sortis du domicile
par des tirs de fusil manifestement destinés à susciter inquiétude voire
angoisse. Des cartouches ont d’ailleurs été retrouvées qui permettront peut-être
aux enquêteurs de remonter jusqu’aux tireurs. Bruno Questel, comme d’autres députés
du groupe La République en Marche, a donc été menacé parce qu’il appartient au
groupe majoritaire à l’assemblée et soutient le gouvernement par ses votes. C’est
évidemment scandaleux et déplorable. On peut ne pas être d’accord avec la
politique conduite par l’exécutif (1), cela ne justifiera jamais le recourt à
des méthodes violentes ou fascisantes destinées à intimider un élu. Bruno
Questel, un homme d’expérience, a porté plainte à la gendarmerie d’autant que
plus tard après les faits narrés ci-dessus, une quarantaine de gilets jaunes
sont venus devant sa porte pour lui dire leur façon de penser…
Ces méthodes, soyons clairs,
sont des méthodes dont l’extrême droite, si elle n’en détient pas l’exclusivité,
est adepte. J’espère que l’on saura, dans les semaines qui viennent, qui a
menacé le député de l’Eure. Ce dernier continuera, il nous l’a confié, à suivre
sa ligne de conduite. Les menaces de mort, anonymes, les coups de fusil (en l’air
pour l’instant !) et les insultes verbales n’appartiennent pas au registre démocratique. L’agression contre Bruno Questel est donc bien une
attaque et un chantage à l’égard d’un élu de la nation. L’idée d’un referendum
révocatoire, à la mode dans les récentes manifestations, n’est rien d’autre qu’une
copie des régimes sud-américains (Venezuela, Bolivie etc.) dont le degré de
violence dépasse largement celui des dernières semaines en France. Est-ce cela que
nous voulons ? J’en doute.
(1) Emmanuel Macron a
reconnu avoir été blessant…et maladroit dans son expression. C’est bien le
moins qu’il pouvait faire. L’arrogance et le mépris reconnus par tous ne sont
pas admissibles de la part du Président de la République. Il a promis de
changer de gouvernance ? On le jugera à l’épreuve des faits.
15 décembre 2018
Le referendum d'initiative citoyenne n'est pas la panacée…
La France n’est pas la
Suisse. Dans la confédération helvétique (par définition composée de plusieurs
cantons autonomes) la votation locale fait partie de l’histoire nationale. Pour
des raisons économiques, sociétales, culturelles, les citoyens sont
souvent invités à donner leur avis et il arrive que les réponses aux questions
soient négatives. Transposer ce système démocratique dans l’hexagone me semble
pourtant vain.
Pourquoi ? La France est
un pays jacobin, encore très centralisé, où l’égalité demeure une valeur
fondamentale. Personne n’imagine la région Centre (par exemple) se doter d’une «
loi » applicable sur son seul territoire. La constitution veille à ce que l’unité
du pays soit préservée et que partout la loi s’applique de la même manière. C’est
le produit de 200 années ponctuées d’empires, de monarchies et de républiques
lesquelles ont abouti à l’identité nationale actuelle.
Parmi les revendications des
gilets jaunes figure une demande de referendum d’initiative citoyenne. Sans que l’on
sache vraiment ce qu’il y a derrière, ce besoin de démocratie directe prouve
que le suffrage universel actuel ne semble plus suffisant à satisfaire les
citoyens en colère. A Louviers, on a expérimenté cette démocratie dite
participative entre 1965-1969 et 1976-1983. Des commissions extra-municipales
(pas seulement composées d’élus locaux) ont fonctionné de manière à associer
les citoyens aux projets municipaux et aux décisions qui les concernent. Avec
un succès franchement inégal car la participation nécessitait de disposer de
temps libre, d’une information complète et d’une certaine formation par exemple,
celle d’apprendre à parler en public ce qui n’est pas aussi simple qu’on le croie.
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Laurent Mauduit auteur de La Caste (1) |
Dans un referendum, tout dépend
de la question posée et de celui ou celle qui la pose. C’est bien pourquoi ce mode d’expression
est à manier avec d’infinies précautions. Il s’agit en effet d’éviter autant le
plébiscite que d’enfoncer des portes ouvertes. Je suis personnellement attaché à
la démocratie représentative laquelle a souffert lors des dernières élections
présidentielle et législative. Emmanuel Macron a en effet été élu par défaut
face à Marine Le Pen. On ne peut pas dire que son programme ait été formellement
approuvé par les Français. Idem aux législatives lors desquelles les Français
ont souhaité demeurer cohérents…mais insatisfaits.
C’est cette frustration qu’on
paie aujourd’hui et qui, dans un même mouvement européen voire mondial,
favorise les populistes dont l’extrême droite. Les sondages indiquent que la
liste RN (ex-FN) arriverait en tête aux prochaines européennes devant la liste
LRM derrière à un point et, plus loin derrière encore, les Républicains et la France insoumise avec 12 et 10 points. Le tremblement
de terre idéologique de 2017 connaît donc une forte réplique qu’un vote citoyen ne
suffira pas à calmer.
Le gouvernement propose trois mois de débats locaux.
Acceptons en l’augure sans avoir aucune illusion sur leurs conclusions et surtout, sur
leur éventuelle traduction législative malgré les promesses d'Edouard Philippe. Il sera toujours temps de s’exprimer lors des prochains
scrutins nationaux avec, en mars 2020, les élections municipales, élections
suprêmes de proximité et, pour le coup, de projets concrets.
(1) « La Caste » (éditions La Découverte), enquête sur cette haute fonction publique qui a pris le pouvoir. On découvre comment Emmanuel Macron et ses collègues inspecteurs des finances ne cessent de faire des allers et retours entre le privé et la haute fonction publique.
9 décembre 2018
Eric Roussel biographe de Valéry Giscard d'Estaing converse avec les Lovériens
La biographie de « Valéry
Giscard d’Estaing »(1), par Eric Roussel, n’est pas une biographie officielle
comme l’a écrit imprudemment un journaliste trop pressé. L’ancien président de
l’Institut Pierre Mendès France, aux origines lovériennes maintes fois réaffirmées,
était présent, ce samedi à la librairie A la Page, pour participer à une
conversation avec les quelques auditeurs invités par la SED à l’occasion de la
sortie de ce livre il y a maintenant quelques semaines.
L’intérêt d’Eric Roussel
pour les hommes importants de notre pays (peut-être écrira-t-il un jour la
biographie d’une femme ?) tels que le général De Gaulle, Pierre Mendès France, Pierre Brossolette ou encore Georges
Pompidou ou Jean Monnet, l’a conduit à passer une vingtaine d’heures avec l’ancien président de
la République, ancien ministre des finances, qui croyait dur comme fer à sa
réélection en 1981 quand il fut pourtant battu par François Mitterrand.
Eric Roussel et Claude Cornu A La Page. ©Jean-Charles Houel |
Pour écouter Eric Roussel,
Bernard Leroy, ancien député de Louviers et François-Xavier Priollaud, maire,
étaient présents parmi le public. Évoquer VGE c’est narrer l’histoire d’un «
conservateur libéral » qui osa donner le droit de vote aux plus de 18 ans et
permettre aux femmes en détresse d’interrompre leur grossesse grâce aussi à
Simone Veil…
D’après Eric Roussel, VGE
espérait que des hommes et des femmes de gauche viendraient un jour secourir sa politique. Il n’en
fut rien car Giscard d’Estaing était un homme de droite, au plan économique
certes, mais aussi dans son art de vivre malgré les petits déjeuners dès
potron-minet avec les éboueurs ou les diners impromptus chez les Français
moyens.
La biographie d’Eric Roussel
nous apprend que VGE était favorable à l’Algérie Française et qu’à ce titre il
refusa de signer les accords d’Evian et de faire partie de la délégation à
Evian avec Robert Buron et Louis Joxe. Remplacé par Jean de Broglie, celui-ci
mit un pied dans le territoire des affaires qui devait le conduire là où il fut
assassiné à Paris.
Elu local, VGE l’était avec
conviction dans une Auvergne qui, pourtant, le renvoya à ses chères études. Il
avait été député, conseiller général, conseiller régional, à la différence d’un
Macron tombé du ciel. Tous deux inspecteurs des finances, le
second choisit de pantoufler dans une grande banque d'affaires quand le polytechnicien-ingénieur qu’était VGE préféra
servir l’Etat français…et maintenir un lien fort dans la France-Afrique et
certains diamants maudits.
(1) Valéry Giscard d'Estaing. Editions de l'Observatoire.
(1) Valéry Giscard d'Estaing. Editions de l'Observatoire.
Le Comité d'action de gauche de Louviers dans « la Fabrique de l'histoire » sur France Culture
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Ernest Martin, Henri Fromentin et Gérard Martin. (photo JCH) |
L’émission de France Culture
« La fabrique de l’histoire » diffusée le matin entre 9 et 10 heures est célèbre.
Emmanuel Laurentin, son producteur, veille à ce que des reportages soient
connectés à une actualité historique en lien avec les événements sociaux, économiques,
politiques, de notre temps. Ainsi, Séverine Liatard, productrice déléguée et
journaliste au sein de la chaine publique, est elle venue à Louviers (et autour
de Louviers) sur les traces du comité d’Action de gauche et d’Ernest Martin
initiateurs d’une politique originale privilégiant les services publics dans
toute leur diversité. Accompagnée d’un technicien du son et d’une assistante, Mme
Liatard a souhaité consacrer une émission à ce Louviers d’hier et rencontrer d’anciens
membres du CAG survivants d’une époque épique qui, de 1965 à 1983, ont vécu de
près ce qu’Hélène Hatzfeld a appelé « les inventions citoyennes à Louviers ».
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Monique Morelli à la salle des fêtes |
Rendons justice à Hélène
Hatzfeld. C’est grâce à son livre (1) et sa remarquable analyse des événements
lovériens vus au prisme d’une chercheuse spécialiste des mouvements ouvriers et
de la démocratie directe que Séverine Liatard a découvert la route de Louviers
qu’avaient, avant elle, empruntée Pierre Mendès France et les partisans de l’autonomie
communale. L’occasion me fut donc donnée de relire et de remettre au goût du
jour le Manifeste de l’Union des Gauches qu’avait rédigé en mars 1965 le
Docteur Ernest Martin quelques jours avant le second tour des élections
municipales qui le virent prendre la tête d’une liste d’union appelée à battre
la liste Montagne. Ce document unique est d’une actualité brûlante. Il produisait
avant l’heure une pensée aussi classique que moderne plaçant le citoyen dans l’axe
central des préoccupations. Du citoyen comme homme et femme libre mais aussi de
la jeunesse, dont l’avenir devait être construit par l’éducation et la
formation si essentielles aux yeux de l’ancien président du Conseil et du maire
d’alors dont l’aventure prit fin en 1969 après une trahison de ceux (le PCF)
qui aurait dû soutenir mordicus la politique conduite.
Les trois grandes périodes
du programme d’action du Dr Martin et de ses amis doivent être restituées ainsi :
1965-1969, théorisation pratique de l’union des gauches et de ses principes,
1969-1976, combat idéologique contre une droite dure, 1976-1983, mise en
pratique de la notion de services publics à accès libre dans toutes les dimensions
de l’action locale avec le renfort d’Henri Fromentin, doté d’une volonté au
moins aussi puissante que celle de son premier adjoint.
Ce qui frappe, c’est l’actualité
de cette pensée. Alors que des gilets jaunes qui « ne sont rien » comme dirait
Emmanuel Macron, exigent une reconnaissance, une dignité et de meilleures
conditions de vie, la geste du CAG resurgit pour rappeler que les élus, à tous
les niveaux de responsabilité : local, régional, national, ne doivent pas
se contenter des rythmes électoraux. Pour être vivante, la démocratie doit constamment
s’appuyer sur les associations, les corps « intermédiaires », les élus devenant
les réceptacles des revendications individuelles ou collectives. Sans nier,
certes, le programme pour lequel ils ont été choisis puisque les élus sont tout
de même là où ils sont pour agir au service du bien public et de l’intérêt général
à toujours placer au-dessus des
intérêts individuels.
A Louviers, Séverine Liatard
m’a entendu puisque j’ai eu l’honneur de rappeler ces souvenirs si vivants,
Reynald Harlaut (dessins affiches), Sabine Anquetin (service famille), François
Bureau (adjoint), ainsi qu’Isabelle Martin (fille d’Ernest, très engagée auprès
de son père et de ses idées) et le couple que forment Simone (animatrice d’ateliers
d’expression libre et Jacques Etienne (architecte). Tous et toutes ont participé
à la belle aventure lovérienne à une période où la solidarité politique s’appuyait
sur des hommes et femmes exceptionnel(le)s qui formaient une équipe solide aux
origines multiples. La date de diffusion de « La fabrique de l’histoire » à la
mode lovérienne n’est pas encore connue. On sait qu’elle aura lieu au mois de
janvier…le 14, le 17…ou à une autre date. Je ne manquerai pas de signaler sur
ce blog le rendez-vous que nous propose France Culture, une chaîne du service
public dont l’audience ne cesse de croître à l’image de choix éditoriaux
courageux.
(1) « La politique à la ville » inventions citoyennes à Louviers (1965-1983) éditions PUR.
28 novembre 2018
A Louviers l'ex-FN veut récupérer le mouvement des gilets jaunes
Qu’on ne vienne pas nous
dire que le Rassemblement national ne souhaite pas récupérer politiquement le
mouvement des gilets jaunes. Si, sur certains sites, les membres de l’ex-FN se
font discrets ce n’est pas le cas à Louviers où, hier soir, Jacky Vassard,
conseiller municipal et donc élu, bloquait la circulation des véhicules venant
d’Evreux et désirant emprunter le rond-point du Béquet. Marine Le Pen se fait discrète,
plus que ses militants qui eux, n’hésitent pas à battre le rappel. M. Vassard n’était donc pas le seul de son mouvement, d’autres visages bien connus de l’ex-FN,
lui apportant une aide conséquente.
Dans l’Eure, le mouvement
des gilets jaunes est important. Notre département compte de nombreux points de
blocages. Finalement les statistiques publiés par l’INSEE et analysées par Hervé
Le Bras, démographe, montrent que l’Eure est au niveau des territoires de « la France
vide » entre les Ardennes et les Pyrénées atlantiques sur un axe est sud-ouest.
Partout ou le FN d’hier a réalisé des scores élevés lors des consultations électorales,
les Gilets jaunes sont de sortie. Pourquoi ? Conséquence de la paupérisation
déjà évoquée sur ce blog et abandon de nombreux services publics entraînant un
mécontentement croissant ?
Les élections européennes
approchent. Le parti de Marine Le Pen se sent pousser des ailes. Bien que sa
mise en examen dans l’affaire des assistants parlementaires tendrait plutôt à
la discréditer eu égard à l’utilisation privée de fonds publics, le RN est en tête
des sondages et mise sur la mobilisation des Gilets jaunes les plus durs pour
attirer les voix. L’appel à manifester à Paris, samedi, sur les Champs Elysées,
apparaît dès lors comme une réplique su séisme de la semaine passée. Les pavés
ont volé haut et les lacrymogènes aussi. Bis repetita placent ?
27 novembre 2018
A vec la SED de Louviers : « Le sport : un héritage inattendu de la Première Guerre mondiale » .
La prochaine conférence
de
la Société d’Études Diverses aura lieu le samedi 15
décembre, à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France, à l’Hôtel de Ville de Louviers. Pour clore
cette dernière année de la commémoration de la Grande Guerre, nous avons voulu
évoquer un aspect original et totalement méconnu du conflit. Notre invité, Michel Merckel, professeur honoraire d’EPS et grand sportif (il fut
international de judo) mais aussi historien, a consacré un livre, fruit
d’années de recherches, au rôle de la Grande Guerre dans le développement du
sport, et c’est le sujet qu’il abordera dans sa conférence : « Le sport : un héritage inattendu de la Première Guerre mondiale » .
Cette longue période de souffrances et d’horreurs a
effectivement permis au sport, jusqu’alors réservé à une élite sociale, de
conquérir les couches populaires. C’est au départ pour remonter le moral des
troupes entre deux assauts que de jeunes officiers, reprenant l’initiative de
quelques soldats, eurent l’idée de recourir à la pratique sportive. Pour les
Poilus, souvent issus du monde rural, ces séances, bien plus ludiques que les
manœuvres, furent l’occasion de toucher pour la première fois un ballon de football
ou de rugby. Ils purent aussi parfois découvrir la compétition au contact de
leurs frères d’armes britanniques ou américains. De plus, 14-18 contribua à
l’éclosion du sport féminin et du handisport, né pour gérer les séquelles
laissées par l’effroyable conflit.
Valéry
Giscard d’Estaing par Eric Roussel à la librairie à La Page
![]() |
Eric Roussel (©photo JCH) |
Avant cette date, en marge des manifestations organisées par la
SED, nous vous rappelons que le samedi 8 décembre, à 17 heures, la librairie À la Page, rue du
Matrey, accueillera l’historien Éric Roussel. Il
présentera, au cours d’une rencontre avec les
lecteurs qu’animera Claude Cornu, son dernier livre, Valéry Giscard
d’Estaing, biographie de l’ancien président de la République. Éric Roussel
est bien connu des Lovériens et du public de la SED, devant lequel il a eu
l’occasion de prononcer plusieurs conférences, à l’occasion notamment de la
publication des ouvrages qu’il a consacrés à Pierre Mendès France et à François
Mitterrand.
L'Equerre d'argent pour le quartier des Noés à Val-de-Reuil
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Construire l'avenir en protégeant l'environnement. (capture d'écran) |
L’Equerre d’argent, équivalent du prix Goncourt pour
les architectes, a distingué cette année pour son architecture le Centre
de consultation de soins psychiatriques de Metz conçu par Pascale Richter et
ses associés. Les jurys de l’Equerre d’argent ont remis un nouveau
prix, celui de l’aménagement du paysage attribué à l’Ecoquartier des Noés,
à Val-de-Reuil réalisé par Philippe Madec pour le compte de la Société
immobilière de logement de l’Eure, car il « apporte
une réponse à l’urgence écologique et à la nécessité sociale ».
Le dynamisme et la vision à long terme de l’urbanisme par le maire, Marc-Antoine Jamet sont, une nouvelle fois, récompensés, et s’inscrivent
dans les traces des principes fondateurs de la ville nouvelle par ses concepteurs dont Gérard Thurnauer, architecte conseil, décédé l'an dernier.
Cette volonté se traduit également dans « les détails ».
Ces détails qui donnent à la ville une image positive : pas de laisser
aller dans l’entretien des espaces verts tous inscrits harmonieusement dans le
paysage. Pas de rond-point imaginé sans cohérence avec l’environnement, pas de
plantation d’arbres irréfléchie pour justifier un engagement écologique de
vitrine ou de mobilier urbain déglingué toujours disparate… Ici aucune trace de
verres en plastique abandonnés pas plus que de palettes brûlées, de papiers
gras laissés trois jours après une manif. Urgence écologique et nécessité
sociale obligent.
26 novembre 2018
A la Société libre de l’Eure : « De Louviers à Jargeau (1940-1945)…des nomades internés »
Dans
le cadre de ses conférences mensuelles, la Société libre d’agriculture,
sciences, arts et belles-lettres de l’Eure, association laïque fondée en 1798
sous le Directoire, accueille samedi 1er décembre 2018 Vanina Gasly, responsable du service
des Archives de la Communauté d’agglomération Seine-Eure.
Cette
conférence intitulée : « De Louviers à Jargeau : parcours de nomades eurois
internés (1940-1945) », aura lieu comme de coutume aux Archives départementales
de l’Eure à Évreux, 2 rue de Verdun, à partir de 14 h 30.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, pas moins de 110 nomades du département de l’Eure
ont été inquiétés par les autorités françaises et d’occupation. Du 22 novembre
1940 au 7 mai 1941, environ 90 d’entre eux, hommes, femmes et enfants, furent
internés dans une carrière désaffectée de Louviers (Eure), dans des conditions
inhumaines.
La
plupart furent ensuite dirigés vers le camp d’internement de Jargeau (Loiret),
d’où certains ne furent libérés qu’à la fin de l’année 1945. Tous étaient Français,
tous avaient un travail, leur seul tort était d’être nomades. Toujours
douloureux dans l'esprit des familles, cet épisode méconnu a fait l'objet d'un
important travail de recherche de la part du service des Archives de la
Communauté d'agglomération Seine-Eure. En mémoire, un livret retraçant l’histoire
du camp a également été rédigé avec le concours d’historiens et d’élèves du lycée
Marc-Bloch (Val-de-Reuil), tandis que le 17 mars 2018, une stèle commémorative était
posée sur le site-même du camp de Louviers.
Cette
conférence sera illustrée par la projection de photographies et documents d’époque.
Entrée
libre et gratuite.
Société
libre de l’Eure, 2 rue de Verdun 27025 Evreux cedex. – http://societe-libre-eure.org
« Make our buying power great again » ou rendez-nous du pouvoir d'achat !
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Christophe Castaner. (Var matin) |
Je viens de relire les
comptes-rendus de presse et les conclusions des commissions d’enquête
parlementaires créées après la journée tragique du 6 février 1934. Ce jour-là,
place de la Concorde, des ligues factieuses, des groupes d’extrême droite et
royalistes, à l’image de l’action française, sont partis à l’assaut du Palais
Bourbon avec la ferme intention de déposer les représentants de la nation alors
même que d’autres apprentis fascistes complotaient pour prendre le pouvoir. Il
est vrai que Mussolini avait donné l’exemple et que Hitler était devenu
chancelier.
Les forces de l’ordre, mal
organisées, sous le commandement d’un préfet novice et dépassé, tirèrent sur la
foule entraînant morts et blessés. La République résista mais pas le
gouvernement Daladier dont le président du Conseil décida de démissionner. En
faisant allusion à cette journée marquante de notre histoire, lors de sa
conférence de presse de samedi soir, et après les incidents graves commis par
des éléments incontrôlés, Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a
souligné le rôle ambigu de Marine Le Pen. Dans un tweet, la présidente du RN
(ex-FN) s’est interrogée sur les raisons qui ont conduit le gouvernement à
interdire toute manifestation sur les Champs Elysées, invitant de fait les Gilets
jaunes à se rendre sur la célèbre avenue.
Je ne crois pas que Marine
Le Pen ait jamais eu l’intention de renverser le gouvernement. Je ne crois pas
non plus qu’un danger fasciste imminent menace la République. Mais en rappelant
le 6 février 1934, le ministre de l’Intérieur réveille les mémoires et
réaffirme ainsi que la démocratie est fragile et qu’un réflexe séditieux existe
toujours dans l’ultra droite. Il ne faudrait pas pour autant que le
gouvernement considère qu’il est quitte. La révolte contre l’impôt,
l’augmentation des taxes, la stagnation — ou la baisse — du pouvoir d’achat
demeurent des priorités dans l’esprit d’une grande majorité de Français. La
paupérisation croissante oblige le Président de la République à constater qu’il
n’existe pas que des premiers de cordée. On attend avec impatience et une
certaine anxiété les annonces de demain.
« Make our buying power great again » autrement dit en Français : «
Rendez-nous un pouvoir d’achat consistant »
21 novembre 2018
Les vaches de Pierre Garcette abattues par des veaux
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Pierre Garcette et sa moustache. (photo JCH) |
La presse régionale rend
compte des actes de vandalisme commis au rond-point des vaches de
Saint-Etienne-du-Rouvray. Des « gilets jaunes » avaient bloqué, samedi dernier,
les automobilistes dans ce carrefour important de la région, permettant
notamment l’accès à la zone industrielle située au sud de Rouen. De
manifestation bon enfant, les événements ont tourné vinaigre dimanche au point
que des « veaux » dont on ignore pour l’instant l’identité s’en sont pris aux
vaches installées depuis trente ans sur le terre plein du rond-point.
Les journalistes locaux
auraient dû enquêter et s’interroger sur la personnalité de l’artiste auteur de
cette idée géniale : installer des vaches en matière plastique (en 1989)
afin de réveiller une mémoire agricole perdue au bénéfice de l’industrie et de
la voiture. Dans la région de Louviers et au Moulin d’Andé notamment on connaissait bien Pierre Garcette, puisqu'il s'agit de lui, cet
ami du théâtre et de la Pie rouge et plus d’une fois il fit preuve d’une
fertile imagination pour éveiller nos sens. Musique, peinture, sculpture, littérature, rien
n’échappait à son inventivité.
J’imagine que Pierre, s’il
avait vécu, après avoir déploré la destruction de « ses » vaches, aurait trouvé
une belle idée pour symboliser un acte destructeur et idiot, certes, mais la déconstruction
n’est elle pas aussi un art ? Le maire (PCF) de la commune a déposé une
plainte qui, sans doute finira dans les limbes. Gageons que Pierre Garcette qui
n’hésitait pas à crier « mort aux vaches » n’aurait jamais demandé la prison pour
le pécheur. Évidemment, tout le monde n’a pas sa classe !
20 novembre 2018
Laurent Wauquiez et la PMA : un haut degré de cynisme ou de mauvaise foi
Laurent Wauquiez n’a pas
encore touché le fond mais il s’en rapproche, jour après jour, déclaration après
déclaration. En osant comparer la procréation médicale assistée (PMA) « à l’eugénisme
qui conduit tout droit au nazisme », le chef des Républicains ( ?) a
soulevé un tollé et un émoi bien justifiés. Il faut être ignare en histoire ou
animé d’un cynisme sidéral — voire d’une mauvaise foi insigne — pour mettre sur
le même pied la PMA qui existe depuis de nombreuses années et a permis à de
nombreux couples de réaliser leur rêve : avoir un enfant ; et le
nazisme, doctrine raciste qui a conduit au génocide des juifs d’Europe et à la
mort de dizaines de milliers de personnes (tziganes, homosexuels…) ou d’enfants
ne répondant pas aux critères dits de la race supérieure.
Avec des déclarations comme
celles-là, Wauquiez démontre qu’il n’a pas la carrure d’un homme d’Etat et
encore moins celle d’un chef de parti démocratique. Que LR ait une doctrine et des
convictions (même musclées parfois) c’est bien le moins. Quand le chef de ce
parti part à la dérive et veut câliner un auditoire complice (celui de Sens
commun association de catholiques intégristes) il prouve tout simplement qu’il
n’est vraiment pas taillé pour la fonction suprême.
Depuis, il a rétropédalé.
Mais ses explications emberlificotées conduisent plutôt à l’enfoncer un peu
plus. Car la PMA n’est rien d’autre qu’une méthode scientifique permettant à
des couples infertiles et bientôt des couples de femmes homosexuelles d’avoir
des enfants. Où est le mal ? S’agissant des couples d’hommes qui ne
manqueront pas de réclamer une égalité compréhensible, leur demande de GPA
(grossesse avec mère porteuse) pose de graves problèmes éthiques que la société
devra résoudre d’une façon ou d’une autre. Chaque en son temps, n’est-ce pas ?
19 novembre 2018
Les gilets jaunes seront-ils supplantés par les gilets noirs ?
Ce qui me frappe, après ce
week-end de protestation des gilets jaunes, c’est le nombre de blessés (sans
oublier la mort d’une manifestante en Savoie) recensés sur les différents
points de barrage ou de blocage. Plus de 400 ! Certains le sont gravement,
d’autres plus légèrement. S’y ajoutent les membres des forces de police et de
gendarmerie, percutés par des automobilistes irascibles ou atteints par des
projectiles.
Ces accidents sont dus à la
volonté de certains organisateurs de ne pas déclarer les lieux et heures des
blocages afin d’anticiper tout empêchement de la part des forces de l’ordre. Il
apparaît que cette forme d’amateurisme a eu des conséquences fâcheuses. Partout
où les déclarations préalables à l’occupation du domaine public ont été déposées,
les policiers et gendarmes, loin de gêner qui que ce soit ont surtout veillé à
ce que ni les protestataires, ni les usagers de la route, ne pètent les plombs.
Etant moi-même pris dans un blocage, il m’a fallu faire preuve de patience mais
la présence d’une connaissance parmi les personnes actives a permis à la file
de voitures de continuer son chemin.
Si, comme il a été annoncé,
les gilets jaunes manifestent samedi prochain à Paris, il leur faudra évidemment
informer la préfecture de police, détailler leur parcours, solliciter un
encadrement des forces de l’ordre et obtenir l'autorisation d'occuper la voie publique. Dans un pays de droit, certaines règles s'imposent à tous. S’ils souhaitent remonter le boulevard
Saint-Honoré, par exemple, je doute que satisfaction leur soit donnée. En tout état de
cause, les commerçants jalonnant
le parcours devront baisser leur rideau suffisamment tôt pour éviter la
casse qui ne va pas manquer de se produire. Gageons que les black blocs seront
de la partie et qu’ils sauront, comme d’habitude, se mêler discrètement aux
manifestants avant de casser du flic et du fric (les banques). Les membres de
ces commandos en ont dans le gilet…noir, ce sera un moyen de trier le bon grain
de l’ivraie.
Le gouvernement, dont les
membres restent droit dans leur botte, doivent s’attendre à faire face à un
grand mécontentement. Ce dernier sera visible, audible, peut-être répétitif
mais, dans la mesure où Edouard Philippe a adressé une fin de non recevoir au
responsable de la CFDT, Laurent Berger, prêt à jouer les monsieur bons offices,
il ne faudra pas être surpris si Jupiter prend la foudre. De lui et de lui
seul, dépend la suite des événements.
10 novembre 2018
Macron ou l'art de se mettre dans le « pétr(a)in »
Emmanuel Macron a l'art de se mettre
dans le « pétr(a)in ». Attention aux questions des journalistes. Les insolents, les
malpropres, quel manque de respect à l’égard de sa majesté Manu Premier. Voilà
qu’un gratte papier impertinent interroge le président au débotté et l’interpelle
sur le traitement actuel réservé à Pétain, le traître, le collabo, le condamné à
mort gracié par le général De Gaulle en raison de l’âge de l’impétrant et des
services rendus pendant la première guerre.
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Journal du 12 décembre 1918. |
Le président de la République
assure qu’avant de se livrer à des « choix funestes », Pétain fut « un grand
soldat. » Pétain, c’est quand même l’ancien ambassadeur de France en Espagne, l’ami
de Franco, celui qui haïssait les
parlementaires, les francs-maçons, les juifs, les syndicats ouvriers, les
communistes, celui qui, à la fin de la guerre, apporta un concours moral à la
Milice de triste souvenir, celle qui assassina Georges Mandel, Jean Zay et tant
de résistants et de Français libres. Ce fut aussi l’homme de Sigmaringen après
avoir été celui de la rencontre de Montoire où il posa avec Hitler pour la
photo des actualités.
Grand soldat ? Le pire
c’est que c’est vrai. Autrement dit, Macron a historiquement raison mais
politiquement tort. Les actes commis pendant la seconde guerre mondiale
effacent le talent militaire du général, commandant des forces Françaises elles
mêmes placées sous la férule du maréchal Foch, commandant en chef des armées
alliées (française, britannique, américaine, australienne etc.).
Pétain dont le nom est
associé à la bataille de Verdun (en 1916 et pendant plusieurs mois avec une
victoire défensive de l’armée française et des centaines de milliers de morts
français et allemands) est quand même un fieffé réactionnaire, prompt à accuser
le front populaire de tous les maux et prompt aussi à sacrifier les juifs étrangers
réfugiés en France, d’abord, avant de livrer aux nazis ensuite 75 000 juifs
français dont seulement 3000 survécurent aux camps de la mort. Un chef d’Etat
français n’évoque pas le nom de Pétain sans précautions et sans avoir pesé
chaque mot au trébuchet. Il se doit de (parfois) refuser les micros tendus et de
(toujours) surveiller son langage.
7 novembre 2018
Gilet jaune et bonnet rouge : la démagogie n'a pas de limite
Pour une fois, je suis sur
la même longueur d’ondes que Clémentine Autain, députée de la France Insoumise.
Le 17 novembre, elle refuse de descendre dans la rue car elle ne veut pas que
sa présence soit récupérée par Marine Le Pen et le journal Minute. Même si on
peut comprendre la colère de ceux et celles dont l’automobile est un outil de
travail ou une nécessité pour se rendre au bureau, à l’usine ou à la Faculté,
puisque le prix du carburant ne cesse de grimper, je suis d’accord sur un point
avec elle : refusons la démagogie ambiante et trouvons d’autres moyens
pour faire connaître notre mécontentement.
Le chef de l’Etat et le
gouvernement font fonctionner leurs méninges pour chercher — et si possible trouver —
des solutions aptes à désamorcer la colère des foules. Emmanuel Macron a avancé
quelques pistes copiées sur les mesures mises en place par Xavier Bertrand dans
les Hauts-de-France. Pourquoi pas ? Il reste que le diesel pue et tue,
comme la cigarette, et qu’après nous avoir incités pendant des années à acheter
diesel, on nous bassine avec l’électrique qu’on ne maîtrise pas encore et qui
coûte encore trop cher. Sans oublier que le Brent coûte lui aussi de plus en
plus cher à la pompe.
Revenons aux manifestations
du 17 novembre. Il aura fallu qu’une Bretonne (bonnet rouge ou benêt rouge) balance
ses critiques sur les réseaux sociaux (5 millions de vues !) du genre « Mais Macron qu’est-ce qu’il fait du pognon
à part construire une piscine et changer la vaisselle de l’Elysée »… si
cela ce n’est pas de la démagogie, je ne sais pas ce que c’est. Depuis, elle
fait la tournée des plateaux télé où la réalité dépasse la fiction : tous
dans la rue avec des gilets jaunes ! Bloquons les routes, les autoroutes,
imitons les bonnets rouges qui avaient fait reculer le gouvernement et
supprimer l’écotaxe dont le besoin devient évident. Il en a alors coûté 800
millions d’euros d’indemnités au contribuable que Ségolène Royal considère
comme indues au contraire de Valls…le décideur final. « Rien ne nous obligeait, affirme-t-elle, à payer cette somme ! Il fallait aller en justice…»
Aucun
syndicat n’appelle à manifester le 17 prochain. La gauche est divisée. Benoit Hamon refuse,
lui aussi, le mélange des genres. Il insiste sur la transition énergétique et
les contraintes inhérentes à cette ardente obligation. Quant à la France
insoumise, elle préconisait la suppression du diesel dans son programme présidentiel
mais elle ne veut pas rater l’occasion de se payer Macron. Comprenne qui
pourra. Où est la cohérence ?
5 novembre 2018
A la Société d'études diverses de Louviers : « la sculpture religieuse au 16e siècle dans le diocèse d'Evreux »
« Les responsables de la SED (Société d'études diverses de Louviers) ont dû, pour des raisons indépendantes
de leur volonté, modifier le sujet de la prochaine conférence de l’association.
Celle qui était initialement prévue est reportée à
une date ultérieure. Une conférence aura bien
lieu le samedi 17 novembre, au lieu et à
l’heure habituels : à 16 heures, salle Pierre Mendès France, à l’Hôtel de Ville de Louviers. L’invité
sera Nicolas Trotin, professeur
de lettres modernes en classes préparatoires, président de la Société
parisienne d’Histoire et d’Archéologie normandes et spécialiste de l’histoire
de l’art en Normandie. Il abordera un sujet qui intéresse notre département : « La sculpture religieuse au XVIe siècle dans le diocèse d’Évreux ».
L’art religieux haut-normand de la Renaissance semble souvent se
confondre avec les expériences rouennaises, tant la capitale de la province
ecclésiastique de Rouen résonnait, à cette époque, du bruit de nombreux
chantiers monumentaux, où architecture, sculpture, vitrail, enluminures et arts
précieux formaient un vaste ensemble dont, malgré les destructions, on repère
encore les importants vestiges. L’évêché d’Évreux n’est pas demeuré à l’écart
de ce prodigieux dynamisme artistique. Mieux, il en fut l’une des principales
composantes, chacune de ses villes ayant attiré maçons, imagiers et peintres
qui les transformèrent en autant de foyers artistiques capables de produire de
véritables chefs-d’œuvre. La conférence, accompagnée d’images, évoquera ainsi,
dans le domaine de la sculpture, les œuvres méconnues, voire ignorées, conservées
en particulier dans les églises de la région de Louviers. »
Eric Roussel à La Page
Le samedi 8 décembre, Éric Roussel sera présent à Louviers, à la
librairie À la Page, rue du Matrey. Il y présentera à 17 heures, au cours d’une
rencontre avec les lecteurs qu’animera Claude Cornu, son dernier livre, Valéry
Giscard d’Estaing, biographie de l’ancien président de la République. Éric
Roussel est bien connu des Lovériens et du public de la SED, devant lequel il a
eu l’occasion de prononcer plusieurs conférences, à l’occasion notamment de la
publication des ouvrages qu’il a consacrés à Pierre Mendès France et à François
Mitterrand.
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