Emmanuel Macron a l'art de se mettre
dans le « pétr(a)in ». Attention aux questions des journalistes. Les insolents, les
malpropres, quel manque de respect à l’égard de sa majesté Manu Premier. Voilà
qu’un gratte papier impertinent interroge le président au débotté et l’interpelle
sur le traitement actuel réservé à Pétain, le traître, le collabo, le condamné à
mort gracié par le général De Gaulle en raison de l’âge de l’impétrant et des
services rendus pendant la première guerre.
Journal du 12 décembre 1918. |
Le président de la République
assure qu’avant de se livrer à des « choix funestes », Pétain fut « un grand
soldat. » Pétain, c’est quand même l’ancien ambassadeur de France en Espagne, l’ami
de Franco, celui qui haïssait les
parlementaires, les francs-maçons, les juifs, les syndicats ouvriers, les
communistes, celui qui, à la fin de la guerre, apporta un concours moral à la
Milice de triste souvenir, celle qui assassina Georges Mandel, Jean Zay et tant
de résistants et de Français libres. Ce fut aussi l’homme de Sigmaringen après
avoir été celui de la rencontre de Montoire où il posa avec Hitler pour la
photo des actualités.
Grand soldat ? Le pire
c’est que c’est vrai. Autrement dit, Macron a historiquement raison mais
politiquement tort. Les actes commis pendant la seconde guerre mondiale
effacent le talent militaire du général, commandant des forces Françaises elles
mêmes placées sous la férule du maréchal Foch, commandant en chef des armées
alliées (française, britannique, américaine, australienne etc.).
Pétain dont le nom est
associé à la bataille de Verdun (en 1916 et pendant plusieurs mois avec une
victoire défensive de l’armée française et des centaines de milliers de morts
français et allemands) est quand même un fieffé réactionnaire, prompt à accuser
le front populaire de tous les maux et prompt aussi à sacrifier les juifs étrangers
réfugiés en France, d’abord, avant de livrer aux nazis ensuite 75 000 juifs
français dont seulement 3000 survécurent aux camps de la mort. Un chef d’Etat
français n’évoque pas le nom de Pétain sans précautions et sans avoir pesé
chaque mot au trébuchet. Il se doit de (parfois) refuser les micros tendus et de
(toujours) surveiller son langage.
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