24 février 2012

Un Forum Alternatif Mondial de l’Eau face au Forum des Marchands d’Eau


Avec le soutien du gouvernement français et de nombreuses collectivités publiques, les multinationales de l'eau tiendront un Forum Mondial de l'Eau (FME) du 12 au 17 mars 2012 à Marseille. Ce Forum des marchands d'eau est là pour discuter des modalités de la privatisation d’un élément essentiel à la vie et du contrôle de grandes firmes sur sa distribution.
Ce forum n'est pas légitime, raison pour laquelle Attac et de nombreux partenaires nationaux et internationaux tiendront un Forum Alternatif Mondial de l'Eau (FAME) du 14 au 17 mars, à Marseille, donnant à voir les alternatives pour se doter de moyens garantissant un accès à une eau de qualité pour tous sur la planète.

Récemment interrogé, le gouvernement français, par la voix de M. Benoist Apparu, secrétaire d’État à l’écologie, a dit « regretter l’organisation de forums alternatifs qui ne pourront pas créer les conditions d’un véritable débat au sein du Forum mondial de l’eau ». C’est pourtant la structure même du Conseil mondial de l’eau (CME), organisateur du FME, qui fait que ce dernier ne peut être le lieu d’un véritable débat. Association d’entreprises, de professionnels, d’institutions gouvernementales ou intergouvernementales, le CME est un organisme privé qui entend s’arroger le directoire mondial de l’eau pour favoriser la marchandisation de ce bien commun.


L’accaparement de ce bien commun par les multinationales a aggravé la crise de l’eau et les « objectifs du Millénaire » en matière d’eau potable et d’assainissement ne seront pas atteints. La principale raison n’est pas le manque d’eau : accaparée par les multinationales, l'eau est gaspillée et exploitée avec un objectif strictement financier, privilégiant la rentabilité des investissements et les technologies fortement consommatrices, au détriment de l’accès à l’eau pour tou(te)s. Et cela, même si  l'ONU vient de reconnaître cet accès comme un droit humain fondamental. Partout, en France, en Italie et jusqu’en Bolivie, des luttes populaires et des alternatives citoyennes démontrent que l'emprise des multinationales sur l'eau n'est pas une fatalité.
L’objectif du CME n’est pas de donner de l’eau à ceux qui en manquent, mais d’en vendre d’avantage à ceux qui peuvent la payer : sur quelle base un dialogue pourrait-il donc s’installer quand les objectifs sont aussi opposés ? Si Attac, en association avec d’autres organisations de la société civile, s’est engagée dans la préparation du FAME c’est parce qu’il fallait un lieu où puissent se rencontrer ces luttes, s’exprimer les aspirations des peuples à reprendre en main leur bien commun, s’échanger les expériences et affirmer l’absence totale de légitimité du CME pour gérer la politique mondiale de l’eau.

Le gouvernement français, qui a fourni 4 millions d’euros sur les 16,5 millions de financement public du FME (sans compter les 6,9 millions de Veolia, Suez, EDF et de la CCIM), a décidé de ne pas soutenir financièrement le FAME. Par ce geste, le gouvernement prend clairement parti pour les multinationales, montrant le peu de considération qu'il a pour toutes celles et tous ceux qui sont victimes des agissements de ces marchands d'eau et qui agissent pour la réappropriation citoyenne de l’eau et la redéfinition d’un véritable service public. Le gouvernement dit vouloir « organiser des passerelles entre le Forum et le Forum alternatif ». Tant qu'il ne mettra pas un terme à son soutien à ces multinationales, ces passerelles ne pourront pas se construire.
Le FAME s’est donné une charte de principes et nous appelons toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent à rejoindre ce forum pour renforcer les résistances et élargir les alternatives déjà existantes. Ceux qui ne retrouveront pas leurs valeurs dans le FME seront les bienvenus, mais il ne saurait y avoir de passerelle entre le FAME et le Forum des marchands d’eau.
Attac France


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