20 février 2012

Jean-Louis Borloo dans les eaux de Proglio-Sarkozy

Jean-Louis Borloo en visite à Val-de-Reuil (photo JCH)
Nous sommes très attentifs au monde de Véolia. L'affaire de la station d'épuration «très moderne» de Bruxelles nous interpelle au plus haut point. Elle nous interpelle dans la mesure où les supporters de la multinationale de l'eau nous rebattent les oreilles avec l'hyper-expertise du groupe, son savoir-faire, sa valeur ajoutée, le tout étant pourtant bien mis à mal par les conséquences des graves dysfonctionnements récurrents de cette station d'épuration bruxelloise.
Elle est devenue source d'ennuis pour les habitants, de dommages pour l'environnement et les finances de Véolia à cause du procès intenté par les écologistes belges. Cette station aux systèmes prétendûment avant-gardistes démontre la précipitation, l'arrogance des techniciens-financiers de Véolia. Elle porte une atteinte sérieuse à la crédibilité de tous ceux et celles qui vantent les partenariats public privé et délèguent les services publics à tours de bras. Au nom de l'expertise !
Il y a plus et bien pire encore. Les événements du week end nous instruisent sur les comportements de ceux qui nous gouvernent et qui ont le toupet d'accuser François Hollande d'être le candidat du système.
La preuve ? Les Sarkozy et les « Proglio » du nom de l'ancien PDG de Véolia devenu PDG d'EDF vont conduire, sans doute, M. Frérot, l'actuel directeur général, à quitter…la famille. Le prochain conseil d'administration de Véolia devrait entériner la démission forcée de celui qu'on veut remplacer par un député qui cherche du boulot dans le privé depuis son départ du gouvernement, un député prêt à se recycler sur proposition du fameux Alain Minc jamais à court d'idées. Jean-Louis Borloo serait en effet pressenti pour pendre la direction générale de Véolia. Deux avantages pour Sarkozy : il s'en fait un obligé, il l'écarte de la vie politique directe en le plaçant à la tête d'une multinationale. Qui sait si cette «manipulation» ne date pas du retrait de Borloo de la course aux présidentielles ? Son arrivée future dans Véolia serait peut-être la réponse à la question que tout le monde se posait.
Les porte-parole socialistes ont beau jeu, aujourd'hui, de prendre à revers le grand discours de Marseille. Un discours au Kärcher. 90% du temps consacré au massacre de Hollande à la tronçonneuse (1). NKM a même accusé le candidat PS de vouloir entamer une chasse aux sorcières alors que toutes les bonnes et juteuses places sont, d'ores et déjà, attribuées au premier cercle de Sarkozy. Borloo chez Véolia, c'est la cerise sur le gâteau. Mais qui osera en manger ?
(1) Cette parole est de Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP. Je ne suis pas certain qu'il ait vu le film mythique de Tobe Hooper car il ne sait pas de quoi il parle.

Lire aussi l'article de Reynald Harlaut sur le même sujet :

Jean-Louis Borloo serait prêt à mettre de l’eau dans son vin
La nouvelle tournait en boucle ce matin sur les radios. Jean-Louis Borloo, le repiqueur de corail, l’homme aux fameuses maisons à 100.000 euros, serait prêt à prendre la succession d’Antoine Frérot à la tête de la multinationale Veolia.
On se doutait bien qu’il y avait quelque part une contrepartie à la volte-face soudaine de l’ancien ministre de l’Environnement, inventeur du Grenelle du même nom dont nous avons plusieurs fois écrit ici qu’il n’était qu’une manœuvre politicienne du locataire de l’Élysée et de son complice de l’époque pour enfumer toutes celles et tous ceux qui sont sensibles à cette question si sérieuse et si importante.
Que de candidat putatif des centristes à la présidentielle déserte en rase campagne avant même que de s’être déclaré officiellement à cette responsabilité, sans même prendre le soin de prévenir ses troupes, en avait intrigué plus d’un. Comme tout centriste qui se respecte, sa stratégie était donc de faire monter les enchères avant de se vendre au plus offrant. En l’occurrence, seul Nicolas Sarkozy avait les moyens sonnants et trébuchants de le faire changer d’avis.
Avec à la manœuvre Henri Proglio, grand ami du président de la République, ci-devant patron d’EDF après qu’il eut abandonné, non sans mal, la direction de Veolia, tout en prenant grand soin d’y garder la main, on n’était pas inquiets.
Tirant argument des très mauvais résultats de Veolia en 2011 – le cours de l’action en bourse a chuté de 60% – Riton avait tous les atouts en main pour se débarrasser du Frérot et libérer la place. Et comme on ne vraiment rien refuser au locataire de l’Élysée, surtout pas quand grâce à lui on s’est retrouvé propulsé à la tête d’EDF – Merci qui ? -, la place serait désormais libre pour notre grand défenseur de l’environnement… privé.
Ah ! Qu’ils ont du savoir-faire ces braves gens ! Eux qui ne savent pas comment faire en ces temps difficiles pour en appeler au peuple, savent faire preuve quand il en est besoin, d’une solidarité de classe à toute épreuve, quelles que soient par ailleurs les rivalités qui les opposent. Grande leçon qui devrait être partout méditée. Confusion des genres, concentration des pouvoirs, favoritisme, etc. Quel autre mot faut-il employer pour les qualifier sinon celui d’oligarchie ?
Reynald Harlaut
Front de Gauche
 

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