24 février 2012

L’As de Trèfle ou la partie de cartes de Borloo

De notre envoyé spécial à Marseille
C’est une histoire à la Pagnol. « Lapeyre, y’en a pas deux » dit le slogan publicitaire. Eh bien si, justement, il y en a un deuxième ! De son prénom Albert. Albert Lapeyre, cela ne vous dit rien ? Ne cherchez pas. À moi non plus, avant d’entendre parler du Trèfle. Comment, vous ne connaissez pas le Trèfle ? Bon, je vous rassure. Il n’est pas question de papier toilettes. Non, le Trèfle, j’ai mené mon enquête : c’est un petit marseillais. Non, non, pas un savon. Un petit parti politique pour l’écologie et l’environnement. « Qui plaide pour une écologie humaniste pour permettre à l’homme, la nature et les animaux de vivre en harmonie ». C’est-y pas touchant ! Eux, c’est les Nouveaux écologistes, comme ils disent. C’est comme Morin avec son Nouveau centre.

Bien, direz-vous ! Mais pourquoi nous raconte-t-il tout cela ? Où veut-il en venir ? Eh bien voilà !

Jean-Louis Borloo, le futur-déjà ex président de Veolia, encore lui, après qu’il a voulu se mettre à son compte et a tenté d’être candidat à la présidentielle contre l’Autre, que croyez-vous qu’il lui soit arrivé ? L’UMP, sur ordre, lui a coupé les vivres. Un million d’euros envolés. Pour un petit parti comme le Parti radical de Borloo, c’est un gros coup dur. Mais Borloo est né sous une bonne étoile. Et c’est là qu’arrive à point nommé le dénommé Albert Lapeyre et son Trèfle. Car, bien qu’il s’agisse d’un petit parti dont personne n’avait jamais entendu parler, celui-ci, usant à son avantage du dispositif législatif sur le financement de la vie politique, est parvenu à se constituer un trésor de guerre de 800 000 euros. Pas mal ! Pour Borloo, c’est le trèfle à quatre feuilles.

Au terme d’un accord rocambolesque dont on vous fera grâce des détails, les parlementaires radicaux du repiqueur de corail ont rappliqué avec armes et bagages au Trèfle. Et là, les fauchés se sont transformés en faucheurs, récupérant au passage les 800 000 euros et l’hommage de l’Albert Lapeyre au « père du Grenelle de l’Environnement, dont on soutient l’action, car notre programme se rapproche du Centre ». Elle est pas belle la vie !

Ce n’est pas tout. Écoute ! Écoute ! Là où l’histoire atteint les sommets, c’est lorsqu’on creuse un peu pour tenter d’en savoir un peu plus sur l’Albert Lapeyre en question. Recueillons-nous un instant sur le CV de l’écologiste inconnu. Médaille d’argent, il est. À quel concours agricole ? Ce n’est pas dit. Mais le meilleur, je vous le garde pour le pastis du soir. Albert Lapeyre est président national de l’Union des gaullistes de France. Rien moins. Le gaullisme écologique, vous connaissiez ? Moi non plus ! Mais, ça, affirmatif mon général ! C’est du vrai recyclage… et du durable de chez durable. Garde à vous !

H. Dezeaux
Sources :
Article de Rue89 : « Borloo reconstitue son trésor de guerre avec des écolos inconnus ». Article de François Krug, journaliste.
Pour le fun : car c’est un vrai régal !

Aucun commentaire: