Communiqué de Marc-Antoine Jamet
« Avec un certain nombre d'élus, je
me suis battu pour l’implantation en 2006 d’un Établissement public d’insertion
de la Défense (EPIDE) dans ma commune. Ayant eu à commander un groupement
d'instruction, à encadrer pour leurs "classes" 400 jeunes appelés de
toutes origines, de toutes classes sociales, j'ai toujours pensé que Jacques
Chirac avait eu, entre autres, le grand tort de supprimer un service citoyen
qui aurait dû être civil ou civique, plus que militaire, mais qui permettait
d'accueillir, d'intégrer, de fusionner, même très imparfaitement de jeunes
Français que rien d'autre ne pouvait faire se rencontrer. Je songe notamment
aux plus isolés ou aux plus défavorisés d'entre eux. Accueillir sur la base du
volontariat des jeunes de 18 à 25 ans en voie de marginalisation dans la
société pour les aider à réapprendre comment se comporter au quotidien et en
société, des jeunes gens sans repère, déboussolés, des jeunes filles apeurées,
en rupture, l’idée méritait donc d'être défendue par cohérence et par
conviction. L’expérience l’a confirmé, mais les habitants, au début, étaient
inquiets. Il a fallu les convaincre. Aujourd’hui l’EPIDE est accepté, respecté,
reconnu. Pas un incident, pas un problème.
Au contraire, les résultats sont
particulièrement positifs pour les jeunes et la Commune. 50% des effectifs
accueillis trouvent après leur séjour dans l’établissement un emploi en CDI, en
CDD ou une formation qualifiante. Ceux qui n’ont pas trouvé d’emploi
immédiatement ont pu, dans l'ensemble, reprendre le cours d’une vie normale et,
de nouveau, se projeter. La qualité du travail fourni a contribué à donner une
bonne image de la ville qui sait ce qu’accorder une deuxième chance veut dire.
L’encadrement de l’EPIDE et les jeunes qui y résident sont ainsi à part entière
des acteurs dynamiques de la vie municipale. Garçons et filles se dévouent à
chaque événement sportif, culturel ou social, participe au service d'ordre, à
l'accompagnement bénévole. Leur costume cravate, leur politesse, leur
discipline, sont connus et appréciés de tous. Bien des idées préconçues
s'effondrent. Comme un symbole, au dernier 14 juillet, les jeunes du
centre rolivalois ont formé une chorale au Monument Mémoire et Paix chantant la
« Marseillaise » à l'issue de la cérémonie patriotique.
C'est pourquoi il faut dénoncer
l'invraisemblable proposition de loi du député d'extrême UMP Eric Ciotti. Elle
prévoit que trois EPIDE en France, dont celui de Val-de-Reuil, accueillent dès
février 2012 des mineurs délinquants à partir de 16 ans. Voudrait-on nuire à
l’image de Val-de-Reuil, qui possède déjà sur son territoire le plus grand
centre de détention d’Europe ce qui suffit déjà bien, qu’on ne s’y prendrait
pas autrement ? Cela d'autant plus qu'aucune concertation n’ayant été engagée
avec la Ville et ses élus, ce choix stigmatisant semble n'avoir germé, entre
deux croisades anti étrangers, que dans l'imagination fertile de l'élu de la
droite pseudo populaire. Qui plus est, pour échafauder ce projet, aucune étude
d’impact sérieuse n’a été menée. Elle revient pourtant à bouleverser le sens et
l’organisation d'établissements dont la réussite actuelle est indiscutable. Ne
la fragilisons pas.
L’EPIDE est un centre de la
deuxième chance, par une sanction, pas une punition, pas une prison. Le succès
de ces établissements encore récents se fonde sur leur image positive auprès
des jeunes et des familles. Ce regard bienveillant voire chaleureux risquerait
de disparaître si de tels errements connaissaient un début de
concrétisation. En donnant à cette proposition de loi ou plutôt
d’affichage le nom de « service citoyen pour les mineurs
délinquants », on ne porte pas simplement au charnier une belle idée,
celle des EPIDE, on dégrade dans le même temps l’idée du service civil en
l’assimilant à une contrainte et à une punition alors qu’il faudrait au contraire
la travailler et la faire accepter par l'opinion.
Il faut donc que le Sénat
désormais à Gauche fasse en sorte que la proposition ciottesque ne soit pas
adoptée. Pour l’EPIDE. Pour les jeunes qui y sont pris en main. Et, j'oserai le
dire, pour Val-de-Reuil qui n’a pas besoin de ce mauvais coup-là. »
(communiqué de Marc-Antoine Jamet)
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