15 octobre 2010

On peut s'appeler Martin sans être martiniste

Olivier Taconet, porte parole du Parti radical de gauche dans l'Eure, a publié une tribune dans La Dépêche pour rappeler ce qu'était le Comité d'Action de Gauche et définir la personnalité d'Ernest Martin. Son fils Franck revendique même l'héritage de son père « sans le côté flamboyant ». La subjectivité a tous les droits.

Le Comité d'Action de gauche a vu le jour en 1971. Il a été fondé après la défaite de la gauche aux municipales de cette année-là qui avaient vu la droite emporter la majorité et Me Edouard Thiers devenir maire. Ni Olivier Taconnet, ni Franck Martin, alors adolescents, n'ont participé à cette création. Elle fut l'œuvre d'élus de la municipalité d'union des gauches, d'employés municipaux convaincus par le discours et l'action martinistes et de citoyens heureux de s'engager sur une voie originale, généreuse et humaniste.

Alors que Denis Szalkowski écrit aujourd'hui un texte édifiant sur l'évolution politique du maire de Louviers (1) je souhaite à l'aide de trois exemples, montrer en quoi les affirmations des deux compères PRG ne sont que forfaiture et trahison de la mémoire du CAG.

A) Imagine-t-on Ernest Martin voter l'implantation d'un système de vidéo-surveillance dans le quartier des Acacias ? Imagine-t-on cet homme épris de liberté, ce farouche défenseur des droits humains, cet obstiné avocat des victimes d'une société injuste régler des problèmes de délinquance par la surveillance policière et l'espionnage ? Ce serait le monde à l'envers. Mais son fils l'a fait.

B) Imagine-t-on Ernest Martin, qui s'est battu bec et ongles contre la vente à la Compagnie générale des eaux des services publics de l'eau et de l'assainissement, qui affirmait urbi et orbi « qui tient l'eau tient le pays », se donner à Véolia et se faire l'avocat des pratiques et des méthodes des multinationales de l'eau ? Imagine-t-on Ernest Martin accepter sans broncher que des familles se voient couper l'eau ou que certaines autres (2) ne bénéficient d'aucune alimentation en énergie ou en fluides ? Ce serait pour lui le reniement de l'engagement d'une vie au services des pauvres, des sans…papiers, des sans…travail, des sans…sécurité sociale, des sans…culottes. Mais pourtant, son fils défend, soutient, encourage les multinationales de l'eau !

C) Imagine-t-on, enfin, Ernest Martin adhérer spontanément à un parti politique tel que le Parti radical de Gauche (ou un autre) alors qu'il a construit sa vérité contre les chapelles, les sections, les cellules, les groupes dont l'un des objectifs essentiels vise à défendre la maison avant ses habitants ? Quand Taconnet affirme qu'Ernest Martin est membre du PRG, il oublie de préciser qu'on l'a fait adhérer par amour filial, ce que personne n'est en droit de lui reprocher !

Des exemples, il y en a bien d'autres mais j'ai souhaité réagir rapidement aux assertions fantaisistes de ces héritiers qui continuent de dilapider la fortune acquise au prix de bras de fer terribles avec l'Etat RPR, les préfets de l'époque, les partis de gauche traditionnels. Oui, le PS s'est opposé au CAG et le CAG au PS mais c'était pour de bonnes raisons. Et les électeurs ont souvent donné raison au CAG.

Que reste-t-il de cette utopie « flamboyante » ? Une action culturelle déléguée à la Scène nationale d'Evreux, une rue Pierre Mendès France ni faite ni à faire, une démocratie bafouée…On peut s'appeler Martin sans être martiniste.

(1) blog voie militante : http://www.voie-militante.com/
(2) La famille Dramé est restée pendant plusieurs années à six dans une seule pièce et sans eau !

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