14 octobre 2010
Le mystère de la Sainte Trinité enfin résolu
« Mes biens chers frères et sœurs, c’est une grande nouvelle que je vais vous livrer. Le mystère de la Sainte Trinité (1) est enfin résolu. En vérité, je vous le dis, Saint-Martin, Saint-Joseph et Saint-Thomas ne font qu’un. Ne faisaient qu’un devrais-je dire car depuis cette révélation, ils s’en sont retournés au néant.
Saint-Martin n’était pas de Tours, mais d’une honorable famille originaire de Fécamp. Fils dévoyé, il s’engagea dans la légion, mais se retrouva dans une galère. Négligeant la leçon de son père, il en arriva même à disputer aux pauvres le manteau que ce dernier leur avait offert. Il se présentait comme Élu mais voulut trop en faire. Se prenant pour Jésus, ancien ferrailleur à Pinterville, lui, le Seigneur de l’écrêtement, tenta de marcher sur les flots sans faire de vagues. Ce fut là sa perte. Il se noya dans un verre d’eau que lui offrit traîtreusement une déesse païenne répondant au nom de Véolia.
Saint-Joseph, descendant d’une vieille famille originaire d’Espagne, apprit à lire dans l’almanach Vermot. Puis il entreprit des études de charpentier utiles à l’édification des châteaux. Il en garda par la suite la fâcheuse tendance à faire feu de tout bois. Plus tard, il se fit colporteur de ragots. Il aurait aimé savoir peindre comme Goya mais ne cessait de s’emmêler les pinceaux. Sorte de Don Quichotte de la manchette, il passa son temps à se battre contre les ventilateurs.
À eux deux, ils se prirent – c’est incroyable – pour Saint-Thomas et finissant de s’en persuader, ne firent plus qu’un. Ils entreprirent alors inséparables de prêcher dans le désert, le faux pour savoir le vrai. Ce fut leur erreur fatale. Saint-Denis, qui surveillait les putes, eut rapidement vent de l’affaire et s’en empara. Saint-Thomas n’eut alors d’autre solution pour disparaître que de passer à la Trappe. »
Reynald Harlaut
(1) Zitron, Léone, « L’Histoire sainte racontée à mon cheval », éditions Alezan, Paris, 1966. Épuisé.
Illustration : Georges de La Tour – Saint Joseph, charpentier, hst (137x101) – 1645 – Paris, Musée du Louvre.
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