Rama Yade, dans une
intervention radiodiffusée, évoque l’affaire Morelle. Plus que le conflit d’intérêts
qui semble avéré, elle considère que le symbole du cireur de chaussures installé
au pied d’un puissant est une charge terrible pour l’image de la gauche et dévastateur
pour les contradictions éthiques qu’elle génère. Je ne suis pas toujours d’accord avec
Rama Yade mais je la crois sincère sur bien des points et capable de bon sens.
Elle ne fait, là, que constater l’hyperbole de pouvoir exprimé par des forts en
thèmes, sans doute puisqu’énarques le plus souvent, mais bien faibles en nature
humaine et en simplicité. Car c’est là-dessus qu’on juge les grands, les hommes
d’état, les femmes d’exception : ils et elles font preuve d’une forme d’humilité
et d’abandon du moi, la qualité de leurs convictions s’accordant avec la
pratique de leurs actes. On peut dire, qu’à ce titre, des Mendès France à
gauche et des De Gaulle à droite, correspondent bien à cette définition.
La libération des quatre
journalistes otages en Syrie démontre que Laurent Fabius, quand il est à la manœuvre,
sait persévérer et obtenir de gain de cause. C’est évidemment long, lent, trop
long trop lent, pour les familles, les amis des victimes et pour le pouvoir en
place qui doit négocier, discuter, palabrer et parfois payer. J’ignore les conditions
précises qui ont abouti à la libération des quatre hommes détenus en Syrie, dans un pays
en guerre, par un groupe djihadiste particulièrement intégriste. Si j’ai bien
lui les Dépêches, les quatre journalistes français n’ont pas beaucoup vu la
lumière ni été particulièrement bien traités. Mais aujourd’hui, ils sont libres
et vont retrouver le sol national dans la journée. François Hollande les
accueillera selon un rite éprouvé. Souhaitons qu’une certaine discrétion entoure
le premier pas des prisonniers et si l’un d’entre eux porte un vêtement
traditionnel arabe, j’espère que Marine Le Pen saura tenir sa langue. Quant à
François Hollande, les bonnes nouvelles n’étant pas si nombreuses, je gage qu’il
sera lui aussi à la hauteur de l’événement.
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