28 mars 2011

Écrêté… et plumé


« C’est un Franck Martin sonné et cabossé qui sort de ces cantonales. L’Écrêté de la rue au Coq, quelque peu revigoré par son mandat de conseiller régional, se réjouissait déjà d’y briller par procuration. Il avait roulé dans la farine Alain Le Vern, le président de Région qui, en échange de sa place sur la liste socialiste aux régionales, lui avait fait promettre de ne pas se présenter aux cantonales contre la conseillère générale socialiste sortante Leslie Cléret. Il se frottait déjà les ergots du bon tour qu’il lui avait joué en lançant la candidature de Jacky Bidault, son second couteau surnommé Pompier-bon-œil. En l’envoyant au feu, il se faisait fort de plumer la volaille socialiste. Hélas pour lui, tel Ysengrin, le loup du Roman de Renart, la pêche aux voix que fit Pompier-bon-œil dans la mare gelée de Vironvay, sous l’œil vigilant des caméras, allait se révéler désastreuse.

Quant à l’Écrêté, son mentor, il y a laissé ses dernières belles plumes. Comme chez le volailler à l’étal de la rue du Marché-aux-Œufs, ses opposants ne lui ont laissé que celles qui ornent la tête et la queue, mais pour le reste, il n’a plus que la peau à nu. Et ce n’est pas celle d’un perdreau de l’année. La marque des coups l’a bleuie ça et là. « C’est pas ben biau ! » diraient les Verts. La voix est éraillée, le cocorico anémique, la posture arc-boutée grotesque.

Car, au-delà de l’échec cinglant dès le premier tour de son poulain Jacky Bidault dont il supervisait la campagne jusque dans les moindres détails, c’est bel et bien un désaveu de sa personne et de ses méthodes que les électrices et les électeurs ont exprimé dans les urnes. Désaveu du mépris et de l’arrogance dont fait preuve depuis trop longtemps ce hobereau des temps modernes en organisant la vie publique autour de ses intérêts personnels. Désaveu encore de ses méthodes clientélistes qui font de son entourage des obligés. Désaveu enfin de son comportement tyrannique et des sanctions impitoyables que lui, petit féodal vindicatif, inflige à quiconque émet à son égard, la moindre pensée critique ou tente de s’opposer à lui, voire de se dresser en travers de son chemin.

De cette façon de faire de la politique, les Lovériens, comme les Français dans leur ensemble, en ont assez. Des projets pharaoniques, hors d’échelle d’une ville de 18.000 habitants, pour servir l’égo démesuré du maire, ils savent déjà qu’il leur appartiendra d’en régler l’addition. Ils le savent d’autant mieux qu’ils ont vu leurs impôts locaux augmenter de 9% puis de 4,5% au cours des deux dernières années. Et de combien pour 2011 ? Ce n’est certes pas un hasard si le débat d’orientation budgétaire a été reporté au lendemain des cantonales. L’Écrêté manipule encore ses administrés, mais l’Escamoteur a perdu la main. Deux fois de suite qu’il rate son tour aux cantonales. Il ne sait plus que différer la prise en compte des problèmes. Expert es-basses-cours, il persiste cependant à n’apporter aucun crédit à la volaille qui fait l’opinion. Cela ne lui sera pas pardonné. »

Reynald Harlaut

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