10 décembre 2008

Du prix du gaz et des «avantages» de la privatisation

Cela faisait déjà plusieurs semaines que je me posais la question du prix du gaz. Car, depuis l’an dernier, on n’a cessé de nous expliquer partout que les hausses successives du prix du gaz étaient liées à l’évolution du cours du pétrole sur lequel les contrats d’achat des sociétés importatrices étaient indexés. Et comme, en quelques mois, le prix du pétrole brut est retombé de près de 150 dollars le baril à moins de 50 dollars, je trouvais singulier qu’on ne nous dise rien de l’évolution du prix du gaz. Car, dans le même temps, le prix du litre de gazole à la pompe qui avoisinait au plus haut 1,50 euro est tout de même redescendu à un peu moins de 1 euro.
Je trouvais assez étrange ce silence qui me semblait lourd de menaces compte tenu de la privatisation intervenue entre temps de Gaz de France au sein du groupe Suez.
Eh bien, je n’avais pas tort de m’en soucier. Car aujourd’hui même, j’entends à la radio le secrétaire d’État à l’industrie et à la consommation Luc Châtel – vous savez, celui qui ne sait faire ses courses dans les magasins que le dimanche – déclarer dans un communiqué rassurant que « le prix du gaz ne va pas augmenter ». Ouf ! On l’a échappé belle ! Enfin une bonne nouvelle. Peut-être même, toujours selon lui, « pourrait-il commencer de baisser à partir du mois d’avril 2009 », mais, bien entendu, « sous réserve que le prix du baril de pétrole n’augmente pas à nouveau d’ici là ».
Prendre à ce point les citoyens et consommateurs que nous sommes pour des imbéciles est totalement indécent. Ces gens sont des voyous et celui-là en est un fieffé. Car ce qu’il ne nous dit pas, c’est que GDF-Suez, comme les compagnies pétrolières, a vu le prix d’achat du gaz qu’il importe être divisé par trois en quelques mois. Ce sont les actionnaires qui vont être contents ; ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Les profits à venir n’auront rien à envier à ceux du groupe pétrolier Total.
Pour ceux qui n’auraient pas encore compris ce que veut dire privatisation, la démonstration est faite, une fois de plus. Vive le Traité de Lisbonne et les bienfaits de «la concurrence libre et non faussée» que nous apportent la fin des monopoles d’État et la libéralisation de la distribution de l’énergie.
Reynald Harlaut

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