5 mai 2008

La crise des quotidiens s'amplifie

Il n'y avait pas de quotidiens nationaux, ce matin, chez les marchans de journaux de Louviers. « Grève surprise » tel était le mot d'ordre des dépositaires de presse prompts à écarter leur responsabilité et celle des distributeurs face au mécontentement des lecteurs. Ces grèves à répétition, notamment au journal Le Monde qui se bat pour sa survie, s'expliquent pour deux raisons. Les ouvriers du livre bénéficient d'un statut exorbitant du droit commun hérité des lois sur la presse de 1945 qui leur octroie le droit à l'embauche et l'attribution dit de « services » dans les différents journaux parisiens. C'est ainsi qu'un ancien linotypiste pouvait travailler à l'Equipe le matin et au Figaro l'après-midi. C'était une époque bénie où les salariés étaient évidemment considérés comme des professionnels passionnés et pas comme des variables d'ajustement.
Les journalistes n'ont pas bénéficié de cet engouement pour la liberté d'embauche mais ont tout même profité d'une niche fiscale qui, pendant un temps, représenta 30 % de leur salaire (pour frais professionnels) jusqu'à ce qu'elle soit plafonnée à 50 000 francs ou son équivalent en euros soit 7620 euros.
Depuis, le paysage de la presse a changé. L'arrivée des journaux gratuits dans les grandes agglomérations, l'utilisation d'Internet, la généralisation de la publicité à la télévision et sur les radios, la raréfaction du lectorat…tout semble s'être ligué pour fragiliser la presse quotidienne nationale et régionale du moins pour certains supports. Si Ouest-France caracole en tête, Paris Normandie est dans une situation très difficile. L'information y est pauvre, la maquette dépassée, l'espace réservé à l'information régionale ou locale de plus en plus exigu.
Il faut lancer un cri d'alarme. Car les journaux sont des éléments essentiels de la liberté d'expression qui demeure la mère de toutes les libertés. Des journalistes, des photographes, des cadreurs etc. continuent de mourir dans le monde au nom de cette liberté. On veut même faire voter une loi en France pour protéger les sources des journalistes, ce qu'on demande depuis des décennies. Il y a donc des progrès ici et là. Mais le fond de la question reste la liberté économique de ces journaux donc leur équilibre financier. Tant que cette question reste posée et que l'Etat n'intervient pas pour réguler d'une façon ou d'une autre (allégements de charges, impôts diminués) sans attenter de manière quelconque au contenu, le danger reste entier de voir disparaître des titres, des sensibilités, des hommes et des femmes nourris par leur passion commune.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et si le fond de la question était l'abandon de la lecture !

Un phénomène récent est apparu dans les moteurs de recherche : l'émergence de la vidéo dans les premières pages sur des combinaisons de mots-clés.

Quant à la presse, disons qu'il faudrait reposer la question de la formation des journalistes - ou des correspondants de presse - et de la nature de l'information telle qu'elle est poussée. Je crois d'ailleurs que la situation de la presse tranche avec la bonne santé des hebdos et des magazines. Un hasard ?

Une chose est sûre : la publicité quitte la presse et migre massivement sur Internet. Un signe des temps... modernes. ;+)