27 juillet 2012

Les bonnes feuilles du Canard enchaîné


À propos d’un dessin de Cabu dans le Canard enchaîné du 25 juillet intitulé : « PSA : un plan de sauvetage boulonné à la hâte… »

Très drôle, ce dessin de Cabu où l’on voit Hollande impatient dans sa voiture pendant que s’affairent sous le véhicule pour le réparer les mécaniciens Ayrault et Montebourg. Mais… il pourrait aussi s’intituler : « CABU : une voie de garage dessinée à la hâte… »

Car, à y regarder de près, on se dit du célèbre dessinateur du Canard enchaîné, de deux choses l’une :
 - soit il n’a jamais utilisé de sa vie une boîte à outils de mécanicien et n’a pas pris le temps de se documenter sur la question,
 - soit il les a volontairement équipés de boîtes à outils de pieds nickelés qui ne leur serviront à rien.

On mettra en effet au défi un observateur attentif d’expliquer comment parvenir à refermer correctement ces boîtes ainsi dessinées.

Quoi qu’il en soit, on l’a compris, cela frise l’amateurisme !


À propos de « Giscard, ses châteaux et sa chapelle funéraire », dont il est aussi question dans le même numéro du Canard enchaîné

Valéry Giscard d’Estaing ne rate jamais une occasion de se singulariser. Il vient de se voir refuser un permis de construire sur un terrain lui appartenant à proximité du cimetière d’Authon, dans le Loir-et-Cher, où il possède un château avec son épouse Anne-Aymone Sauvage de Brantes, pour l’édification de sa propre chapelle funéraire, loin des tombes des manants.

N’est pas le prince Jean qui veut, qui, comme Lecanuet, peut se faire enterrer avec sa femme dans la salle capitulaire de l’abbaye de Saint-Georges à Saint-Martin-de-Boscherville, insigne privilège réservé aux abbés ainsi qu’aux princes et aux rois les ayant richement dotées ainsi qu’il en est pour Richard Cœur de Lion et Aliénor d’Aquitaine dans l’église abbatiale de Fontevrault.

L’ancien monarque républicain va-t-il tenter sa chance pour être un jour inhumé en la basilique de Saint-Denis ou encore à la Chapelle royale de Dreux ? Et surtout pour ne pas souffrir pour l’éternité l’affront suprême d’être traité moins bien que ce roturier répondant au sobriquet de Lecanuet. Morbleu !

R.H.

23 juillet 2012

François Hollande regarde en face la réalité de l'histoire de France


Le général de Gaulle et Pierre Mendès France à Louviers en 1945.
"Peut-être que M. Hollande se sent proche de la France des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice. Ce n'est pas ma France." On peut s’appeler Henri Guaino et être un imbécile. A moins qu'il ne s'agisse d'une posture. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy est l’un des rares avec Dupont-Aignan et quelques autres ultras d’un gaullisme dévoyé, à regretter le discours de François Hollande à l’occasion du 70e anniversaire de la rafle dite rafle du Vel d’hiv en souvenir du jour honteux qui vit les policiers français sur ordre de chefs français et à la demande des Allemands, procéder à l’arrestation de plus de 14 000 juifs (hommes, femmes et enfants) dont le seul crime était d’être…juif.
Henri Guaino reproche à François Hollande d’avoir affirmé (après Jacques Chirac) que cette rafle s’était produite en France et avait été accomplie par la France. Guaino, s’il ne se reconnaît pas dans cette France-là et c’est  tout à son honneur, ne peut nier que le chef de l’Etat français (à qui les pleins pouvoirs avaient été délégués par un vote) avait fait donner l'ordre de cet acte abominable à la police française sans l’assistance d’un seul soldat allemand. Est-ce donc si difficile, est-ce donc si inconcevable de reconnaître la réalité — sinon la vérité — d’actes commis au nom d’une idéologie (la Révolution nationale) et d’un chef fascisant (Philippe Pétain) ?
Henri Guaino devrait revoir « Le chagrin et la pitié » que les Lovériens et les amateurs d’histoire pourront apprécier à nouveau lors d’une soirée de l’automne prochain. Ce film sera d’ailleurs présenté et commenté par Marcel Ophuls, le réalisateur, invité dans le cadre du 30e anniversaire de la mort de Pierre Mendès France (1). Ce document, récemment programmé sur Arte, démontre bien quelle fut la part d’abjection des supporters de Pétain et la part d’une forme d’aveuglement de certains Gaullistes refusant de regarder la France en face. Il y eut la France de la collaboration, celle de la Résistance et aussi celle de l’attentisme et de l’indifférence. « La chagrin et la pitié » demeure un document irremplaçable. Il explique bien comment tel notable se grandit en choisissant le camp de la rébellion et comment tel autre se fourvoie dans la fange des Vychistes. Henri Guaino se souvient certainement des paroles du général de Gaulle : « Considérant que la République française n’avait jamais cessé d’exister » il avait déclaré le régime de Vichy « nul et non avenu » à la libération en 1944. Mais cette déclaration n’était pas parole d’évangile. Le chef de la France libre ne pouvait par son seul verbe, gommer près de cinq années de l’histoire de France. C’est cette dure réalité que Jacques Chirac, d’abord et François Hollande, ensuite, ont eu le courage de regarder en face.
(1) Je publierai à la rentrée le programme complet des conférences, exposition, projections organisées en hommage à l'action de Pierre Mendès France.

21 juillet 2012

Le procureur Courroye refuse d'aller à Paris

Le juge Courroye (qui est d'ailleurs un procureur) est un ami de Nicolas Sarkozy même s'il ne veut pas que cela se sache ou se dise. Dans l'affaire Bettencourt-Woerth, des enregistrements clandestins d'un majordome indiquaient une proximité sensible entre ce procureur de Nanterre et les protagonistes. Plusieurs enquêtes préliminaires (donc sans juge d'instruction) ont amplement démontré la volonté du procureur Courroye de ne pas se dessaisir d'un dossier explosif pour l'ancien président de la République et de l'ancien trésorier de l'UMP. Le procureur Courroye est même allé très loin dans son souci de protection puisqu'il demanda aux policiers spécialisés de rechercher (avec les fadettes) le nom de certains correspondants de journalistes du Monde au mépris de la loi sur le secret des sources. Actuellement, une enquête est en cours et une procédure disciplinaire a été engagée auprès du Conseil supérieur de la magistrature pour établir la responsabilité morale du procureur Courroye.
Il est d'autre part établi que ce procureur est au plus mal avec une vice-présidente du tribunal de grande instance de Nanterre, Mme Prévost-Després. La dégradation de leurs rapports a conduit le procureur général de Versailles à demander le dessaisissement du tribunal de Nanterre au profit d'une juridiction de Bordeaux où le juge Gentil poursuit l'instruction des affaires Bettencourt puisqu'elles sont nombreuses.
Face à cette situation compliquée, Christiane Taubira, ministre de la Justice souhaite le retour d'une justice apaisée à Nanterre et propose de nommer le procureur Courroye avocat général à Paris. Même grade, même salaire. Pour ce faire, elle a demandé l'avis du CSM et dit vouloir s'en remettre à lui. Mais le procureur Courroye n'est pas content. Il considère que cette proposition de mutation est une sanction « politique » et non une décision prise dans l'intérêt du service. Les avocats du procureur crient au scandale et veulent faire croire que la chasse aux sorcières est ouverte. Qui dit chasse aux sorcières dit sorcières. Le procureur Courroye en est-il une ? Jette-t-il des sorts ? Possède-t-il des pouvoirs maléfiques ?
Nous sommes en 2012 et non au Moyen-âge mais tout de même, le procureur Courroye devrait s'interroger sur son comportement et surtout sur le sens des actes qu'il a commis. Sans préjuger de la décision finale du CSM, il est évident que la demande adressée aux policiers sur les fadettes par le procureur de Nanterre est illégale car la sûreté de l'Etat n'était pas en jeu. Un procureur dans l'illégalité ce n'est pas bien surtout si ses mobiles sont étrangers à bon fonctionnement de l'institution. Alors, le procès d'intention adressé à Christiane Taubira confirme sa propension pour les bras de fer même si, au final, le combat qu'il engage est sans doute voué à l'échec.

20 juillet 2012

Quand le député de Courson fait la chasse aux frais de représentation…

François Loncle dans sa permanence de la rue du Rempart à Louviers. (photo JCH)
Charles Amédée de Courson s'est fait connaître du grand public à l'occasion de l'affaire Tapie. Il a été l'un des députés les plus virulents contre l'indemnité accordée à l'homme d'affaires dans la résolution du scandale du Crédit Lyonnais et du consortium de liquidation créé à cette occasion. Avec des députés de gauche, il a bataillé ferme, notamment, contre l'indemnité pour préjudice moral estimée à plusieurs millions d'euros…mais l'affaire n'est sans doute pas terminée.
Cette propension du député centriste à chasser les scandales financiers a poussé M. de Courson à proposer à ses collègues de la commission des finances de comptabiliser comme revenus la partie d'indemnité pour frais attribuée à chaque député. Cette indemnité de plus de 6000 € (indépendante de l'indemnité pour les salaires des collaborateurs soit plus de 9000 € et et de celle équivalant au salaire du parlementaire, plus de 5000 € net) sert à financer le loyer de la permanence, à payer les frais de déplacement en voiture (la carte SNCF est gratuite) à assumer toutes les dépenses nécessaires au bon fonctionnement administratif de cette permanence. Le problème — si c'est un problème — c'est que les dépenses ne sont pas contrôlées et que le député dispose de cette indemnité pour frais quelle que soit sa situation géographique et quelles que soient ses dépenses.
François Loncle, par exemple, assume une partie des salaires de ses quatre collaborateurs sur cette indemnité pour frais en plus des 9 000 € attribués à cette fin. Est-il normal de contrôler ces dépenses ? François Loncle, avec humour, assure que si tel est le cas « il faudra embaucher un comptable ». D'autres députés considèrent que le surplus non utilisé doit être reversé au budget de l'Assemblée. D'autres que le trop perçu soit imposable, d'autres encore proposent de ne rien changer à la situation actuelle, d'autres, enfin, attendent du président de l'Assemblée nationale une proposition destinée à encadrer l'usage de cette indemnité.
J'avoue que connaissant mal le fonctionnement exact et concret d'une permanence, je ne me permettrais pas de proposer une solution. Il appartient à la majorité politique actuelle de suggérer un usage rationnel et normal d'une indemnité pour frais forcément utile. Peut-être le montant en est-il trop élevé ? Il serait plus simple de recenser le montant de dépenses actuel de chaque député et de définir une indemnité adaptée au député moyen…

18 juillet 2012

L'avis autorisé de François Charmot sur l'avenir de Paris-Normandie

« Journaliste à Paris-Normandie depuis 27 ans, je suis globalement, d'accord avec l'analyse de la situation de notre journal que livre mon ancien confrère (mais toujours journaliste dans l'âme) Jean-Charles Houel.
Je souhaite cependant préciser que heureusement, « Paris-Normandie » n'est pas encore mort. En effet, des repreneurs se sont manifestés, en la personne de Xavier Ellie (ex-directeur du Progrès) et Denis huertas (ex-directeur du Dauphiné Libéré. En travaillant avec eux sans relâche, en les aidant à finaliser leur projet, les élus du personnel (SNJ et CGT) ont permis que le tribunal juge " acceptable" leur offre. Une audience aura lieu le 20 juillet, et le jugement du tribunal de commerce du Havre sera sans doute prononcé entre le 25 et le 28 juillet. Le personnel espère, bien sûr, que le tribunal attribuera l'affaire aux deux repreneurs, même si 85 licenciements sont annoncés. Mais c'est cela ou la liquidation...
Le cas de Paris-Normandie reflète en tout cas, la « légèreté » (le terme est sans doute trop faible) de Philippe Hersant. L'héritier, exilé fiscal en Suisse, continue à faire prospérer, outre-Léman, son empire de presse, tout en laissant « crever » ses titres en France, alors qu'il a bénéficié largement des aides à la presse des gouvernements successifs.
Après Paru-Vendu, l'an dernier, Paris-Normandie aujourd'hui. Et demain, le pôle Champagne-Ardennes-Picardie (L'Union, Liberté-Champagne, l'Ardennais, Est-Eclair...)? Puis Nice-Matin et La Provence ? Le nouveau gouvernement ne peut laisser se poursuivre plus longtemps la casse sociale au sein du Groupe Hersant Média. »
François Charmot

17 juillet 2012

Bruno Le Maire joue les opposants au petit pied

Alain Le Vern et Guillaume Pépy en visite à la gare de Val-de-Reuil (photo JCH)
Jusqu'aujourd'hui, Bruno Le Maire me faisait l'effet d'un homme censé. Son silence tonitruant lors de la campagne présidentielle indiquait deux choses : primo que le président sortant n'avait pas tenu compte du projet qu'il avait contribué à élaborer au nom de l'UMP, secundo qu'il marquait plus que de la retenue à l'égard de la droitisation effrénée de Nicolas Sarkozy et des thèmes du « front national » privilégiés par le candidat de la droite extrême.
Le communiqué qu'il vient de commettre avec quelques élus régionaux UMP en dit long sur sa conduite des affaires et le sens qu'il souhaite donner à son opposition à la politique conduite par Alain le Vern et sa majorité régionale PC-Verts-PS-PG. En accusant le président de la région de tirer dans le dos des intérêts des Haut-normands après la diffusion d'un communiqué d'Alain Le Vern prenant acte de la future décision gouvernementale de ne retenir que le doublement de la ligne SNCF jusqu'à Mantes et la modernisation de la gare rouennaise, Bruno Le Maire fait preuve d'inconséquence. Il ose mettre en avant les belles paroles et les grandes promesses de Nicolas Sarkozy à l'égard d'une ligne à grande vitesse Paris-Rouen-Le Havre et Paris-Evreux-Caen qui bénéficiait d'une caractéristique essentielle : elle n'était pas financée ! De la part d'un ancien ministre et d'un futur (?) responsable important, il n'est pas admissible de donner à ce point dans la légèreté. Faute d'argent, à cause de déficits chroniques et de déséquilibres permanent des comptes publics aggravés par la gestion Sarkozy-Le Maire, les grands projets de Sarkozy ne peuvent être réalisés et c'est la gauche qui hérite des choix cornéliens à faire. Il est en effet indispensable de réduire la voilure et de se confronter au réel.
Il est donc injuste de la part de Bruno Le Maire de s'en prendre aux socialistes. On doit au contraire comprendre et considérer que les grands projets de Sarkozy étaient plus des effets d'annonces que des engagements précis et chiffrés. Voilà la vérité. Et elle est bonne à dire.

Paris-Normandie en danger de mort !

Devant la préfecture de Rouen, ce matin. (photo PH-D)
Peut-on vivre sans quotidien régional ? Autrement dit peut-on vivre sans Paris-Normandie puisque les propriétaires de ce quotidien détiennent le monopole de la presse quotidienne régionale en Haute-Normandie avec le Havre Presse et le Havre Libre qui ne sont que des fac-similés du principal journal local ? Ma réponse est non ! A l'évidence, les habitants de notre région ont besoin d'une presse régionale indépendante et libre. Ils ont besoin de journalistes pour raconter la vie qui va, pour expliquer les dysfonctionnements de notre société et pour créer ce lien mystérieux entre des journalistes et des lecteurs qui contribue à un certain mode de vie et d'information.
L'histoire de Paris-Normandie puisqu'il s'agit de lui, a commencé à bafouiller lors de son rachat par Robert Hersant dans les années 70-80. Déjà, le papivore en déforma l'esprit et en entama le crédit et la crédibilité. De nombreux journalistes de renom trouvèrent refuge dans d'autres quotidiens, nationaux pour la plupart d'entre eux, mais quelques journalistes courageux et normands poursuivirent la mission qu'ils s'étaient fixé.
Avec le temps, Robert fut remplacé par Philippe, l'un de ses fils. Celui-ci se lança dans une entreprise de rachat d'hebdomadaires — dont La Dépêche — et au fur et à mesure des années, fit la démonstration d'une gabegie et d'une absence de cap fort préjudiciables aux journaux et aux professionnels qui les faisaient vivre. De 180 000 exemplaires vendus, Paris-Normandie a chuté à 70 000 et, évidemment, son seuil de rentabilité en fut réduit d'autant. Sans nier l'influence décisive, sans doute, des journaux gratuits et d'Internet.
Aujourd'hui, Paris-Normandie court un péril de mort. Aucune offre satisfaisante n'a été présentée au tribunal de commerce qui a placé PN en situation de règlement judiciaire. Certains ont souhaité profiter de l'occasion pour casser les reins des syndicats ou remettre en cause des acquis sociaux anciens. Si bien qu'aujourd'hui, le sort de Paris-Normandie est dramatique. Pour attirer l'attention des pouvoirs publics, les salariés du quotidien ont manifesté ce matin, devant la préfecture de Rouen où ils ont symboliquement jeté dans les rues des exemplaires de leur précieux journal. Qui sait ce qu'il va advenir de ce journal issu de la Résistance et nanti, à l'origine, d'un beau projet fondé sur la liberté de penser et d'écrire et la confiance tissée avec un lectorat aussi fidèle que passionné ?

15 juillet 2012

François Loncle : « Il faut mettre un terme à l'impunité dont jouissent les dirigeants de l'industrie automobile »


L'annonce de la suppression de 8 000 emplois chez PSA suscite de nombreuses réactions. A Rennes et à Aulnay, où les sites sont sévèrement frappés, les syndicats de salariés ont décidé de réagir avec fermeté, patience et mise au point d'une stratégie « destinée à faire le plus mal possible aux dirigeants du groupe. » François Hollande juge le plan proposé comme étant inacceptable. Les sous-traitants de PSA font également part de leurs inquiétudes. François Loncle, député, réagit avec une certaine pugnacité.
« L’un des aspects les plus choquants des déboires de l’industrie automobile française est l’impunité dont bénéficient ses patrons. Le président du directoire et les dirigeants de PSA ont une responsabilité majeure dans les difficultés actuelles, dans le déclin de notre industrie automobile.
Leurs erreurs stratégiques, leur absence de réactivité, leur impéritie face aux initiatives de leurs concurrents étrangers, leur fascination pour la financiarisation, leur aveuglement devant les attentes de leurs clients sont inversement proportionnels à leur voracité s’agissant de leurs rémunérations.
Incapables de se remettre en cause, d’assumer leurs échecs et d’en tirer les conséquences, ne répondant aux critiques que par l’arrogance, ces dirigeants ont donné et donnent une image négative du management à la française.
Le problème de l’industrie automobile française réside aussi dans l’impunité dont jouissent ses dirigeants. Il faut y mettre un terme. »
François Loncle
Député de l'Eure

14 juillet 2012

La ligne LGV Paris-Rouen-Le Havre a du plomb dans l'aîle

Arrivée du premier train en gare de Val-de-Reuil. (photo JCH)
La ligne LGV Rouen-Paris a du plomb dans l'aîle. Les écologistes et quelques autres seront contents d'apprendre que le projet de ligne à grande vitesse entre Paris et Rouen et donc le Havre semble faire partie des projets abandonnés par le gouvernement pour des raisons évidentes liées à la situation financière de la France. Rien n'est encore officiel mais des informations habilement distillées laissent penser que des programmes d'investissements jugés non absolument prioritaires vont être mis de côté pour alléger la facture de l'Etat. Et au passage celle des collectivités locales.
Cette information va donc rassurer tous ceux et celles qui ne voyaient dans le projet normand de ligne à grande vitesse que des dépenses inutiles non conformes aux exigences sociétales et écologiques. La lutte engagée contre le tracé AB sorti du chapeau de RFF illustrait bien la difficulté de dialoguer avec les organismes d'Etat chargés des infrastructures.
Cela ne veut pas dire que les projets sont tous être abandonnés. Il est évident que le doublement de la ligne entre Paris et Mantes continue de s'imposer et je ne connais pas de politiques conséquents pour le regretter. La nouvelle ligne…politique est d'améliorer les lignes existantes, d'augmenter la fréquence des trains et d'obtenir un cadencement cohérent capable d'inspirer la confiance aux usagers. Il est possible que la ligne LGV Paris Normandie soit reclassée en voie classique modernisée. Tout dépendra donc de ce que l'Etat met derrière le mot modernisée.

13 juillet 2012

Moscovici a raison : la droite ferait mieux de se taire

Il est extraordinaire d'entendre les représentants de l'UMP pérorer à longueur de colonnes ou sur les antennes des radios pour critiquer le gouvernement et lui administrer des leçons de bonne gestion. Ainsi, Gilles Carrez, président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, déclare-t-il à qui veut l'entendre qu'il votera la règle d'or sans sourciller et que les socialistes seront contraints de se renier. Cette règle d'or soi-disant exigée par le traité sur le pacte de stabilité devrait être adoptée par le parlement réuni en congrès et inscrite dans la constitution…à moins que…
N'oublions pas que sous Sarkozy, la dette de la France s'est alourdie de 600 milliards d'euros et que l'héritage, que la gauche le veuille ou non, doit être assumé. N'oublions pas non plus que le commerce extérieur présente des déficits récurrents tout comme le déficit budgétaire, sans cesse creusé. Quant aux comptes sociaux, il y a bien longtemps que le budget de la Sécurité sociale n'est plus équilibré.
La gauche a donc devant elle un mur composé d'obstacles implantés par la droite laquelle peut invoquer sa bonne foi sans que les Français la croient un seul instant.
La croissance est faible, les suppressions d'emplois sont annoncées par dizaines de milliers — après avoir été cachées par les entreprises à la demande du gouvernement —et l'on voudrait nous faire croire qu'en deux mois, la gauche peut redresser la barre et empêcher le bateau France de couler à pic ! Le gouvernement Ayrault a peu de marges de manœuvres. Mais les marges — si faibles soient-elles — seront utilisées pour limiter l'impact négatif des licenciements.
Je signale au passage une étude réalisée par la Fondation Montaigne, peu suspecte de sympathie à l'égard de la gauche. Cette étude démontre que les salariés Français, hors secteur public, sont plus stressés que les autres salariés européens, que la hiérarchie leur fait moins confiance, que leurs mérites sont moins reconnus, que leurs conditions de travail sont moins bonnes. Il y a donc d'énormes progrès à faire dans les entreprises, grandes ou moyennes, pour offrir aux salariés de notre pays des conditions de vie dignes du 21e siècle et surtout dignes des égards qu'on doit à des gens plus attachés qu'ailleurs, plus fidèles qu'ailleurs, à leur outil de travail ou à leur emploi. L'exemple de PSA et l'annonce de ses 8000 suppressions d'emplois illustrent «magnifiquement» le mépris dans lequel on tient ceux et celles qui, souvent pendant des décennies, se sont dévoués à la cause de l'industrie automobile française aujourd'hui sinistrée. Et qu'on ne vienne pas nous bassiner avec les charges sociales trop lourdes qui ne sont jamais que des cotisations illustrant le pacte social français auquel nous tenons tous. Pierre Moscovici a raison : la droite ferait mieux de se taire ! « Elle qui n'a rien foutu ».