Devant la préfecture de Rouen, ce matin. (photo PH-D) |
L'histoire de Paris-Normandie puisqu'il s'agit de lui, a commencé à bafouiller lors de son rachat par Robert Hersant dans les années 70-80. Déjà, le papivore en déforma l'esprit et en entama le crédit et la crédibilité. De nombreux journalistes de renom trouvèrent refuge dans d'autres quotidiens, nationaux pour la plupart d'entre eux, mais quelques journalistes courageux et normands poursuivirent la mission qu'ils s'étaient fixé.
Avec le temps, Robert fut remplacé par Philippe, l'un de ses fils. Celui-ci se lança dans une entreprise de rachat d'hebdomadaires — dont La Dépêche — et au fur et à mesure des années, fit la démonstration d'une gabegie et d'une absence de cap fort préjudiciables aux journaux et aux professionnels qui les faisaient vivre. De 180 000 exemplaires vendus, Paris-Normandie a chuté à 70 000 et, évidemment, son seuil de rentabilité en fut réduit d'autant. Sans nier l'influence décisive, sans doute, des journaux gratuits et d'Internet.
Aujourd'hui, Paris-Normandie court un péril de mort. Aucune offre satisfaisante n'a été présentée au tribunal de commerce qui a placé PN en situation de règlement judiciaire. Certains ont souhaité profiter de l'occasion pour casser les reins des syndicats ou remettre en cause des acquis sociaux anciens. Si bien qu'aujourd'hui, le sort de Paris-Normandie est dramatique. Pour attirer l'attention des pouvoirs publics, les salariés du quotidien ont manifesté ce matin, devant la préfecture de Rouen où ils ont symboliquement jeté dans les rues des exemplaires de leur précieux journal. Qui sait ce qu'il va advenir de ce journal issu de la Résistance et nanti, à l'origine, d'un beau projet fondé sur la liberté de penser et d'écrire et la confiance tissée avec un lectorat aussi fidèle que passionné ?
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