Le général de Gaulle et Pierre Mendès France à Louviers en 1945. |
"Peut-être que M. Hollande se sent proche de la France
des notables apeurés qui se sont précipités à Vichy après l'armistice. Ce n'est
pas ma France." On peut s’appeler Henri Guaino et être un imbécile. A moins qu'il ne s'agisse d'une posture. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy est
l’un des rares avec Dupont-Aignan et quelques autres ultras d’un gaullisme
dévoyé, à regretter le discours de François Hollande à l’occasion du 70e
anniversaire de la rafle dite rafle du Vel d’hiv en souvenir du jour honteux
qui vit les policiers français sur ordre de chefs français et à la demande des
Allemands, procéder à l’arrestation de plus de 14 000 juifs (hommes, femmes et
enfants) dont le seul crime était d’être…juif.
Henri Guaino reproche à François Hollande d’avoir affirmé
(après Jacques Chirac) que cette rafle s’était produite en France et avait été
accomplie par la France. Guaino, s’il ne se reconnaît pas dans cette France-là
et c’est tout à son honneur, ne
peut nier que le chef de l’Etat français (à qui les pleins pouvoirs avaient été
délégués par un vote) avait fait donner l'ordre de cet acte abominable à la
police française sans l’assistance d’un seul soldat allemand. Est-ce donc si
difficile, est-ce donc si inconcevable de reconnaître la réalité — sinon la
vérité — d’actes commis au nom d’une idéologie (la Révolution nationale) et d’un
chef fascisant (Philippe Pétain) ?
Henri Guaino devrait revoir « Le chagrin et la pitié » que
les Lovériens et les amateurs d’histoire pourront apprécier à nouveau lors
d’une soirée de l’automne prochain. Ce film sera d’ailleurs présenté et
commenté par Marcel Ophuls, le réalisateur, invité dans le cadre du 30e
anniversaire de la mort de Pierre Mendès France (1). Ce document, récemment
programmé sur Arte, démontre bien quelle fut la part d’abjection des supporters
de Pétain et la part d’une forme d’aveuglement de certains Gaullistes refusant
de regarder la France en face. Il y eut la France de la collaboration, celle de
la Résistance et aussi celle de l’attentisme et de l’indifférence. « La chagrin
et la pitié » demeure un document irremplaçable. Il explique bien comment tel
notable se grandit en choisissant le camp de la rébellion et comment tel autre
se fourvoie dans la fange des Vychistes. Henri Guaino se souvient certainement
des paroles du général de Gaulle : « Considérant que la République
française n’avait jamais cessé d’exister » il avait déclaré le régime de
Vichy « nul et non avenu » à la libération
en 1944. Mais cette déclaration n’était pas parole d’évangile. Le chef de la France
libre ne pouvait par son seul verbe, gommer près de cinq années de l’histoire
de France. C’est cette dure réalité que Jacques Chirac, d’abord et François
Hollande, ensuite, ont eu le courage de regarder en face.
(1) Je publierai à la rentrée le programme complet des conférences, exposition, projections organisées en hommage à l'action de Pierre Mendès France.
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