Les élections départementales
ne sont pas encore passées. Il faut pourtant, d’ores et déjà, préparer les élections
régionales de décembre prochain si le calendrier actuel est maintenu. Pour la
première fois, elles se dérouleront dans les 13 nouvelles régions dont les
frontières ont été adoptées par le Parlement. Pour ce qui nous concerne, la
Haute et la Basse Normandie ont disparu . Demeure la Normandie, la
Normandie historique composée des cinq départements que sont la Manche, l’Orne,
le Calvados, la Seine-Maritime et l’Eure. C’est donc à cette échelle qu’auront
lieu les régionales avec un scrutin de listes départementales paritaires. Dans
les deux anciennes régions normandes, les deux majorités sortantes sont composées
de socialistes, de membres d’EELV, du Front de gauche et de radicaux de gauche.
Au premier tour, le PS sera allié au PRG, les autres partenaires potentiels se
compteront sans doute comme ils le feront en mars prochain. En face, à droite,
Hervé Morin devrait tirer les listes. Ses absences nombreuses à la Région lui
ont taillé une réputation de dilettante plus intéressé par son sort personnel
que par le sort collectif.
Hier soir à Evreux, le
conseil fédéral du Parti socialiste de l’Eure recevait Nicolas Mayer-Rossignol
et Laurent Beauvais, les deux présidents actuels des Haute et Basse-Normandie.
En prévision du vote interne du 5 février permettant l’élection par les
militants du candidat à la candidature de la future présidence, ils avaient
pour tâche de préciser leur stratégie commune et de répondre aux questions des
militants. Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire, lui même vice-président du
conseil régional de Haute-Normandie, insista d’emblée sur le travail exemplaire
réalisé par les deux exécutifs normands anticipant la réforme votée par le
Parlement.
Nul n’ignore combien le
contexte économique et social est difficile. Nul n’ignore que le regard porté
sur l’action du président de la République et celle du gouvernement jouera un rôle
important sur la mobilisation de l’électorat de gauche lors des prochaines échéances,
qu’elles soient départementales ou régionales. Depuis les attentats récents, l’exécutif
est mieux perçu non pas parce que le chômage baisse mais parce qu’il a fait
face avec mesure et efficacité à un drame national et qu’il a aidé à la
manifestation de la solidarité et de la fraternité. Les élections à venir
seront cependant difficiles pour le PS : un front national fort, des
partenaires (EELV et Front de gauche) distants, un électorat démobilisé, voire
déçu. Aura-t-il les moyens de faire mentir les sondeurs qui, aujourd’hui,
annoncent des lendemains de vote délicats pour les majorités de gauche ?
Le PS a des atouts. Le
climat global est en train de changer. La baisse de l’euro, celle du pétrole,
la politique de la BCE, les taux d’intérêts bas devraient favoriser une relance
de l’activité. Et puis, élément nécessaire mais non suffisant, le bilan des
deux majorités sortantes est excellent. Excellent si l’on s’appuie sur les
investissements réalisés, les relations avec les départements, les agglomérations,
les intercommunalités, l’état des finances, la politique de proximité, la bonne
image des deux présidents actuels.
Ajoutons y les spécificités
normandes : un littoral attractif, des ports importants, des initiatives
originales dans le domaine des énergies renouvelables, des actions de formation
solides, une politique scolaire favorable à la recherche et l’innovation, qu’il
s’agisse de l’université ou des lycées. La question de la capitale normande
titille les citoyens plus que les élus. Ces derniers ne peuvent ignorer le rôle
symbolique de la capitale mais ils savent aussi qu’une collaboration
harmonieuse entre Caen et Rouen par exemple, permettra de dépasser les frustrations.
Laurent Beauvais affirme que la « bipolarité » doit être la préoccupation de
tous. Pas d’hégémonie, pas de domination de l’un ou de l’autre mais une
proximité de projets et de territoires répartis sur les cinq départements. A l’évidence,
Nicolas Mayer-Rossignol, sera choisi par les militants puisqu’il sera (sans
doute) le seul candidat soumis au vote des membres du PS. Il est jeune, sans
passé donc sans passif, il a beaucoup appris et très vite. Il connaît bien les dossiers
et conserve une âme de militant.
Quand on connaîtra les compétences
exactes des régions, des métropoles, des départements et des intercommunalités,
la campagne électorale sera lancée. On devrait être fixé dans quelques jours. Si
je me réfère à ce que j’ai entendu hier soir, les socialistes sont prêts à battre
la campagne. Il reste à faire preuve de « pédagogie » pour démontrer que les majorités
sortantes ne méritent pas d’être sorties.
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