La presse moque le nouveau
gouvernement en faisant (à juste titre) remarquer que de nombreux ministres
importants conservent leur charge et que les principaux sortants sont Jean-Marc
Ayrault, le premier ministre, Pierre Moscovici, à la tête de Bercy mais où il
fait la preuve de son insuffisance, et quelques autres ministres moins connus
du grand public. En fait de changement, ce que je retiens c’est qu’il s’agissait
surtout de virer Ayrault.
Il ne faut pas s’étonner.
François Hollande considère, à raison, que l’ancien maire de Nantes ne répondait
pas aux nécessités des temps difficiles que traversent la gauche et le pouvoir
en place. Trop mou, trop lent, pas assez d’autorité, très mauvais communicant.
Maintenant que les chaînes en continu et les réseaux sociaux donnent le la,
Jean-Marc Ayrault est apparu, si je puis dire, déconnecté des Français. Une
victime de la fracture numérique et médiatique, voilà ce qu’est Jean-Marc
Ayrault sans oublier les nombreux couacs de tel ou tel ministre, les
contradictions internes, les différences d’appréciations sur tel ou tel
dossier. Et surtout le bilan dressé au lendemain des municipales :
catastrophique pour la Gauche !
L’arrivée de Manuel Valls forme
un contraste. Le nouveau premier ministre dit ce qu’il a à dire. Il a de l’énergie
à revendre. Il est capable à la fois de résister à la droite et à l’extrême
droite (qui sent le danger) et de donner de la cohérence à la politique définie
par le président. Même si cette politique soulève bien des questions, surtout à
gauche. Alors que les classes modeste et moyenne réclament plus de pouvoir d’achat
et moins d’impôts, je ne suis pas certain que le pacte de solidarité suffira à
apaiser la grogne des fonctionnaires, des salariés du privé et celle des pigeons,
des canards boiteux et autres oiseaux aux noms divers.
On demande à voir les résultats
et les effets sur les Français. Car c’est bien là que les bémols s’inscrivent
sur la portée musicale. Dans combien des temps aurons-nous les résultats de la
politique actuelle face au chômage de masse et aux nombreux licenciements et
suppressions d’emplois programmés ? Pascal Lamy, ancien directeur général
de l’OMC (organisation mondiale du commerce) déplore que François Hollande soit
arrivé au pouvoir au pire moment. Depuis 2008, la crise frappe de plein fouet l’Europe
et la France. L’héritage sarkozyste laisse une France en faillite, comme disait
François Fillon. Plus généralement la dette française n’a jamais été aussi élevée
et les critères de Maastricht nous mènent la vie très dure. L’austérité démontre
aussi que la consommation et donc la croissance sont atones faisant craindre la
déflation ! Même le FMI reconnaît que les états avec leurs mesures (cf la
Grèce, l’Espagne, le Portugal) frappent les ménages et les retraités trop
durement.
Je retiens du nouveau
gouvernement la confirmation de Christiane Taubira au ministère de la Justice. C’eût
été un vilain signe que de l’écarter. C’eût été donner raison à la manif pour
tous et aux racistes lanceurs de bananes. Mme Taubira a ouvert quelques chantiers
de réformes, elle a l’occasion de les mener au bout, souhaitons lui de réussir.
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