31 mars 2014

Après la défaite de Franck Martin à Louviers, quel avenir pour la communauté d'agglomération Seine-Eure ?

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Franck Martin félicite son adversaire de sa victoire.
Oser imaginer que des hommes et des femmes de gauche pourraient se satisfaire de la défaite de Franck Martin à Louviers est une insulte à l’intelligence et à la défense de l’intérêt général que représentent l’avenir et les projets de la communauté d’agglomération Seine-Eure. C’est pourtant à cette lecture passionnelle et partiale que s’est livrée une minorité gonflée par l’amertume et peu au fait de la réalité locale. La seule présence de Marc-Antoine Jamet dans la salle du Moulin (il y est resté jusqu’à la proclamation du résultat final hier soir) démontre bien que des responsables dignes de ce nom savent placer leur amour-propre au dessous de la nécessité et travailler au service du collectif quand il y a le feu au lac.
A Louviers, les hommes et les femmes de gauche conséquents n’avaient en réalité pas le choix, hier, lors du second tour. Face à une liste de droite sans étiquette (mais comprenant des adhérents de l’UMP, de l’UDI, du MODEM) dont le programme pèse par sa légèreté et son absence de réalisme, il est évident que la gauche ne pouvait s’exprimer qu’en apportant ses suffrages à la liste d’union PS-PRG-EELV. Une liste d’union pas aussi évidente que cela si l’on remonte à six mois du premier tour.
Souvenons-nous. La section PS hésitait à rallier le maire sortant à la fois pour des considérations liées à la personnalité de Franck Martin, très contestée, et pour des raisons de fond développées sur ce blog depuis 2008. J’étais de ceux qui pensaient qu’une liste d’union du PS avec le PCF, les Verts, le NPA, aurait eu un sens politique. François Loncle a agi activement en faveur d’un rassemblement avec Franck Martin et les protagonistes éventuels ont préféré joué l’autonomie (le NPA-PC) ou la victoire assurée (Les Verts). Les résultats de ce week-end donnent raison au député de Louviers. Une liste socialiste autonome (ou pas) aurait bu la tasse. Du moins l’honneur aurait-il été sauf.
Au cours de ce dernier mandat, la volonté d’investir a été plus forte que celle d’améliorer le quotidien des habitants. La gestion active de la dette n’a pas permis de la réduire et les impôts sont demeurés très lourds dans un contexte peu favorable aux dépenses. Dans le sondage dont Franck Martin s’est réclamé plusieurs fois pour affirmer qu’il était en quelque sorte irremplaçable, la question des impôts suscitait plus que des interrogations. Les charges supplémentaires votées par la gauche au pouvoir ont alourdi le fardeau au grand dam des classes moyennes et modestes. 
Jacques Normand optimiste puis…pessimiste.
Si l’on ajoute l’affaire de l’écrêtement, le conflit avec les enseignants de l’école de la Souris verte, la récente controverse avec les enseignants des collèges et les parents d’élèves au sujet des droits d’entrée au centre aquatique, la dissidence de Jacky Bidault démontrant une cacophonie interne, on a les ingrédients d’un vote de défiance masqué par le fait qu’en 2008, une partie de l’électorat de droite avait voté en faveur du maire sortant. Jacques Normand, notre CEVIPOF local, avait établi des projections de premier tour compte tenu de ce qu’il sait de Louviers et de son histoire. Il plaçait Franck Martin à 41 % des suffrages, ce qui lui aurait assuré la victoire au second tour. Avec 34 % et quelques, l’affaire était plus que corsée, plus que délicate.
Quand, en plus, la politique gouvernementale suscite doutes, hésitations et finalement rejet pour une absence de résultats économiques et sociaux, on a un cocktail détonnant qui a explosé au visage de nombre d’élus de gauche. Pourtant, tous les maires de gauche n’ont pas mordu la poussière. Pourquoi ? Parce qu’ils ont tissé des liens affectifs avec leur population, convaincu leurs concitoyens des difficultés des temps, écouté le mécontentement qui sourd de partout et oblige les élus à être attentifs, présents, chaleureux. Parce qu'ils ont privilégié la pacification au conflit, l'apaisement à la tempête.
Et en face ? Anne Terlez a habilement manœuvré en s’affichant sans étiquette dès le premier tour alors qu’elle est membre du MODEM. Je l’avoue, je ne la voyais pas si haut au soir du 23 mars. Je pensais que François Xavier Priollaud (UMP-UDI) serait premier à droite mais avec une différence de voix beaucoup plus importante. J’en conclus que l’apport de Jacky Bidault et de ses réseaux a été décisif dans le choix des Lovériens. François-Xavier Priollaud, conseiller régional UDI, candidat aux législatives de 2012, n’a pas fait une campagne extraordinaire. Il a surfé sur la vague bleue et son mérite est d’avoir accepté de remplacer au pied levé Benoit Veyrat, lequel pour des raisons bien compréhensibles liées à son état de santé, a laissé  passer sa chance alors qu’il a fait le travail de l’opposition de droite pendant presque six années.
le nouveau pouvoir lovérien.
Le tableau peint hier est apocalyptique pour la gauche. Non seulement, elle perd la mairie de Louviers mais en plus, elle risque de perdre la présidence de la communauté d’agglomération Seine-Eure. La rapide visite de Bernard Leroy, maire du Vaudreuil, au Moulin hier soir, la défaite de Janick Léger à Léry, les nouveaux équilibres politiques au sein de la CASE révèlent un nouveau paysage dont on ne sait ce qu’il en sortira. La droite va tenter de s’emparer d’un pouvoir — ce qui est légitime — jusqu’ici réparti en fonction des compétences individuelles et des projets communs. Il s’agissait plus d’un état d’esprit qu’un état des forces politiques, plus d’une synergie commune qu’une foire d’empoigne. Avec la présence d’une majorité et d’une opposition, le temps du consensus est sans doute terminé. Une nouvelle histoire commence. Nous contribuerons à la décrypter.

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