4 avril 2014

Franck Martin fait ses cartons. La défaite est toujours violente et cruelle.


A mi-dépouillement, la messe était dite. (photo JCH)
Suite à mon article concernant la défaite de la liste Martin, un mauvais esprit m’a adressé un commentaire pour déplorer « mes larmes de crocodile. » Compte tenu de mes rapports avec l’ancien maire et des critiques que j’ai pu formuler sur sa politique, il paraît inconcevable à certains que j’ai pu être sincèrement navré de la défaite de la gauche à Louviers. C’est le cas cependant. Je regrette de le constater mais Franck Martin, jusqu’à preuve du contraire, n’était pas le seul concerné par l’avenir de la liste qu’il conduisait. Je rappelle que sur cette liste figuraient notamment des membres du Parti socialiste, des Verts et que, par conséquent, il s’agissait bien du sort d’un collectif et non pas celui d’un individu isolé, fût-il tête de liste. 

Je réaffirme que dans l’intérêt global de la ville de Louviers et de l’agglomération Seine-Eure, il eût mieux valu que la liste de gauche l’emportât, la droite au pouvoir à Louviers, ayant suffisamment démontré dans le passé sa capacité de nuire aux intérêts des catégories sociales légitimement prioritaires dans les choix d’une liste se réclamant du progressisme.
Pour autant, nous faut-il pleurer sur le sort personnel de Franck Martin ? Au-delà de la déception légitime après une défaite inattendue et de la remise en question d’un certain niveau de vie, comment comparer son sort à celui des centaines de salariés licenciés ou victimes de suppressions d’emplois à un âge où toute remise en question est plus que problématique. Franck martin (58 ans) n’aurait plus, pour vivre, que les 1500 euros d’indemnité du conseil régional et…la retraite de sa compagne et serait donc contraint de s’inscrire à Pôle emploi sans garantie de trouver un travail correspondant à ses compétences. Il oublie de préciser qu’il touchera une retraite de salarié et d’élu lors de ses soixante ans et quelques.

 Depuis des années, pourtant, il a touché des indemnités conséquentes, si conséquentes qu’elles l’ont conduit à octroyer à sa compagne (également adjointe et vice-présidente de la CASE) la part de trop plein (le total étant de 10 200 euros) limitée par les textes à 8 800 euros (arrondis). Des sommes rondelettes on en conviendra. Cette conduite fit assez jaser à Louviers et ailleurs et parmi ses proches au sein de la municipalité. Certes, il existe un réel handicap pour les salariés du privé, engagés en politique. Quand les fonctionnaires, mis en disponibilité, retrouvent ipso facto leur emploi, les cadres et autres membres de l’industrie ou du secteur tertiaire défendent bec et ongles leurs mandats parce que c’est — comme dirait Franck Martin — « leur boulot ». Là, il y a confusion des genres. Un mandat d’élu n’est pas une profession. Il s’agit d’un engagement au service de l’intérêt général. Et comme la disponibilité doit être totale, il n’est pas scandaleux que les élus touchent des indemnités qu’on peut considérer comme élevées mais qui correspondent à un salaire de directeur d’entreprise privée. Le maire président de la CASE est responsable de plusieurs centaines de salariés et doit gérer des budgets de plusieurs dizaines de millions d’euros. Il est juste qu'il soit bien rémunéré.

Franck Martin, élu pendant 19 ans, est-il cigale ? S’il n’a pas réussi à prévoir l’avenir pour se protéger d’une défaite électorale, c’est à l’évidence un manque d’anticipation coupable. Il faudra également qu’il nous explique comment et pourquoi il a déclaré à la presse qu’il n’accomplirait pas un 4e mandat ? S’il avait été élu — c’eût été son 4e mandat ! — il avait donc l’intention de passer la main en cours de mandature ? Il aurait été bien que les électeurs soient informés de cette volonté. Même si elle n’aurait rien changé au résultat.
Maintenant, il est loisible de comprendre qu’il n’est jamais agréable de devoir faire ses cartons, de quitter un lieu où l’on a trôné pendant deux décennies, où l’on a dirigé, commandé, orienté et travaillé au mieux–être de la collectivité. La défaite est toujours violente et cruelle. Mais Franck Martin n’est pas le premier à la connaître.

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