Cécile Duflot. (DR) |
85 % des militants écologistes
considèrent que la sortie du gouvernement des ministres EELV est une mauvaise
chose. Chez les socialistes, ils sont 50 % à considérer que c’est une bonne
chose et 47 % une mauvaise chose. Comme Cécile Duflot et Pascal Canfin ont décidé,
très tôt de ne pas appartenir à un gouvernement animé par Manuel Valls, sans en
référer aux instances de leur parti, on sent bien le hiatus existant entre le
sommet et la base. Pour un parti dont les statuts et les méthodes s’appuient
sur la délibération collective et l’opinion partagée, cette sortie
intempestive, non souhaitée par le nouveau premier ministre ni par la président
d’ailleurs, explique en partie les échecs des écolos. Car ils n’apparaissent
pas comme responsables. Mais comme les animateurs d’un mouvement à vocation
protestataire et minoritaire sensibles à l’air du temps alors que justement les
temps sont tels qu’ils demandent constance et courage. Ils demeurent les
adeptes de congrès houleux, au cours desquels les psychodrames et les problèmes
entre les personnes dominent les débats. Éternelle contradiction entre la
gauche de gouvernement et la gauche purement idéologique. Je souhaite aux écolos
de passer un week-end serein au cours duquel les engueulades et les décisions
individuelles intempestives ne vont pas manquer au menu.
Dans ces temps de crise
dure, âpre, à la fois économique et sociétale, donc, la tâche des gouvernants
est terriblement rude et difficile. Entrer dans la logique bruxelloise des
baisses de déficits publics, de réduction des dépenses publiques, d’austérité même
si le mot n’est jamais franchement prononcé, implique plus que des efforts,
surtout pour les moins favorisés. Il s’agit d’une véritable mutation dans un
pays où le rôle de l’Etat est si important et si essentiel à l’équilibre
social. Sommes-nous prêts à remettre en cause notre système de santé ?
Sommes-nous prêts à nous livrer pieds et mains liés au « laisser-faire laisser
aller » prôné par de brillants esprits surtout londoniens ? Sommes-nous prêts
à abandonner les idéaux du Conseil national de la Résistance sur lesquels s’est
construite la démocratie française depuis 1945 ? Et pas seulement la démocratie
mais un véritable corpus idéologique du vivre ensemble. Hollande sera-t-il
celui qui, après Sarkozy, mettra à mal cet acquis historique et civilisationnel ?
Si c’était le cas gare à la fuite des militants et des élus socialistes dont le
crédit a été très entamé lors des municipales alors que, objectivement, leur
gestion était plutôt bonne. Ce n’est pas par hasard que cent députés viennent
de signer un texte exigeant un contrat entre le gouvernement et la majorité
parlementaire…
Sans les écolos, le
gouvernement ne comprend, actuellement, que des socialistes si l’on excepte
Sylvia Pinel, membre du PRG. La nomination des secrétaires d’état, mardi, une
dizaine dit-on, devrait permettre à certaines personnalités de la société
civile de faire leur entrée au gouvernement sous la houlette des seize
ministres de « combat ». Et comme
le principal reproche fait au gouvernement Ayrault fut celui d’une absence de
gouvernance et de cohérence, peut-on souhaiter — même si on n’est pas d’accord
avec toutes leurs propositions — que les ministres parlent d’une même voix et
agissent dans le même sens ? Au moins, les Français sauraient pourquoi on
fait ce qu’on fait et comment on le fait. Il sera toujours temps (pour ceux qui
le voudraient) de les sanctionner en temps utile. De s’en satisfaire et de les
soutenir s’ils réussissent.
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