Jean-Louis Borloo à Val-de-Reuil en 2004 en compagnie de Marc-Antoine Jamet et Jean-Louis Destans. (photo JCH) |
Dans le monde civilisé qui
est le nôtre, on respecte la mort et la maladie. En politique aussi,
heureusement. De gauche ou de droite, les hommes et les femmes politiques
savent marquer une pause, prendre le temps de l’hommage et de la réflexion
quand survient l’inattendu. Qui aurait pu penser que Jean-Louis Borloo, l’un
des principaux animateurs de la scène politique française allait passer la main
en abandonnant tous ses mandats et des responsabilités au sein de l’UDI ?
Il a fallu une vilaine pneumonie aigüe frontale et une méchante septicémie pour
le conduire à opérer un nouveau choix de vie, loin des tumultes de la vie
politique harassante et des prises de paroles épuisantes. On n’a pas l’habitude
de ces prises de décisions dans la galaxie des partis dominants. On n’imagine
pas ce qu’il faut de détermination, d’énergie, de vitalité pour remplir des
fonctions publiques souvent ingrates, toujours frustrantes, jamais abouties.
Jean-Louis Borloo s’honore
en faisant passer l’intérêt de ses idées et de son action avant celui de son
avenir personnel. Car reconnaître sa vulnérabilité, c’est aussi faire preuve d’un
certain humanisme, celui qu’il défend depuis le début de sa carrière. A l’aube
de la campagne des européennes — toujours privilégiée par les centristes —
Borloo a considéré que le chef devait être à la tête de ses troupes et comme
cette nécessité lui devenait impossible, il a préféré la raison en sortant du
jeu et de la campagne. Même si en politique, le mot «jamais» ne veut rien dire,
il semble délicat d’imaginer un futur de premier plan pour l’homme du Grenelle
de l’environnement et de la rénovation urbaine.
Nous avions rencontré et
interviewé Jean-Louis Borloo en 2004 à Val-de-Reuil où le maire, Marc-Antoine
Jamet, lui avait présenté la maquette des opérations prévues dans sa ville dans
le cadre de l’ORU (opération de rénovation urbaine). Les millions d’euros
investis par l’Etat (1) ne l’ont pas été vainement. Le visage de l’ex-ville
nouvelle a changé (en bien) les Rolivalois ne sont plus montrés du doigt et les
immeubles fissurés ou vieillis trop tôt ont été démolis. Il est vrai que le
maire entretient des relations solides avec les représentants de l’Agence
nationale de Rénovation Urbaine et qu’il a su se montrer un avocat efficace et
compétent. Jean-Louis Borloo, faisant fi des étiquettes politiques, a impulsé
une vraie action de fond tant dans les domaines de l’urbanisme que de l’architecture
et, surtout, il a eu les moyens de son action. C’est ce qu’il faudra retenir de
sa carrière politique tout de même obscurcie par ses rapports privilégiés avec
Bernard Tapie, homme d'affaires dont il fut l'avocat pendant quelques temps.
(1)
Les collectivités territoriales aussi ont mis la main à la poche : Région,
Département, CASE, ville de Louviers.
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