Franck Martin ceint François-Xavier Priollaud de l'écharpe de maire. (photo JCH) |
J’ai longtemps été réticent à
l’adhésion à un parti politique. Après 1968, les comités, les groupes d’action,
les groupuscules même ont fleuri après le printemps. A Louviers, le comité d’action
de gauche a servi de support à la reconquête de la mairie, en 1976 d’abord et
en 1977 ensuite. Henri Fromentin, devenu maire, était avant tout un homme de
gauche authentique avant d’être un homme de parti…c’est si vrai que jamais il
ne prit de carte, son engagement et sa personnalité compensant aisément l’absence
de cadre national. Il en allait de même avec Ernest Martin, un parti à lui tout
seul. Maire de 1965 à 1969, il eut le temps d’ouvrir les pistes et les esprits à
une politique locale autonome alors que jamais l’Etat n’avait été aussi
centralisé. Hélène Hatzfeld, membre du CNRS, dira mieux que moi quel fut l’apport
de la gestion Martin-Fromentin ou Fromentin-Martin, comme on veut, à la crédibilité
d’une gauche innovante, moderne, active et concrète. Le verbe était utile, évidemment,
mais les enfants, les familles, les Lovériens attendaient des décisions et des
outils. Ce qu’ils virent et vécurent.
Aujourd’hui, ne subsistent
que les théories. La décentralisation, la création des espaces intercommunaux,
la complexité administrative et technique ne permettent plus une gestion
auto-centrée sur des frontières ou des espaces seulement communaux. Il a fallu
apprendre le consensus, le dépassement des horizons purement politiciens pour
travailler à l’unité et au développement d’un bassin de vie. L’une des réussites
de Franck Martin a été de mettre à l’ouvrage (et ensemble) des hommes et des
femmes issus de courants de pensées différents.
L’élection du prochain président
(ou de la prochaine présidente) de la communauté d’agglomération Seine-Eure va
se jouer sur différents critères. Patrice Yung, président sortant, a reproché
aux candidats de ne pas suffisamment évoquer les compétences et les réussites
de cette agglomération. Il avait raison. Avec l’application de la nouvelle loi,
les communes de Louviers, Val-de-Reuil et Pont-de-l’Arche auront une mixité de
représentants. Certains appartenant à la majorité, d’autres à l’opposition. La
représentation des petites communes sera réduite à la portion congrue. Bien
malin qui peut dire aujourd’hui quelles seront les nouvelles forces
majoritaires au sein de la CASE ?
Cette question a-t-elle un
sens si le nouveau responsable de l’exécutif joue le jeu du consensus et de la
répartition des responsabilités ? On sait que François-Xavier Priollaud,
nouveau maire de Louviers (UMP-UDI-MODEM) sera candidat à la présidence. Il
sera ouvertement le candidat de la droite. Qui à gauche pour contester sa
vocation ? Franck Martin a avancé publiquement le nom de Patrice Yung dans
une interview à un journal local. Le président sortant peut se prévaloir d’une
action équilibrée et attentive à tous les besoins des communes, sans renier les
projets d’intérêt collectif. Mais Patrice Yung ( ?) n’est pas encore
conseiller communautaire et pour le devenir, il faudrait que plusieurs élus de
Louviers démissionnent. Qui d’autre à gauche ? Je pense à quelques noms
mais il me semble prématuré de les évoquer dans la mesure où les citer pourrait
gêner les contacts en cours.
Il est évident que quel que
soit le futur président (la future présidente) il lui faudra du doigté, de l’entregent,
un carnet d’adresses, des compétences et une vision du territoire sans
ostracisme à l’égard de « la Fabiusie » (1) (comme l’a écrit M. Priollaud) et de véritables
convictions éloignées d’une affirmation comme celle-ci à l’égard de Franck
Martin : « Il ne faudra pas brader
Louviers à ses nouveaux amis socialistes pour en faire une cité dortoir de la
banlieue de Rouen. » Propos de campagne, direz-vous mais propos écrits et
signés par FX Priollaud. S’il était élu, serait-ce la fin du pôle métropolitain
avec la CREA de Rouen ? La fin de la plateforme multimodale interdépartementale ?
La fin du développement économique de la vallée de l’Andelle ? La fin des
synergies touristiques entre les Seino-marins et les Eurois ? Attention,
danger.
(1) La Fabiusie est un terme utilisé par les adversaires de l'ancien premier ministre pour évoquer sa « mainmise » réelle ou supposée sur Rouen et son agglomération. Bernard Leroy est de ceux-là. François-Xavier Priollaud aussi. Qu'ont-ils à craindre sinon une personnalité digne d'un homme d'Etat ?
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