8 avril 2014

François-Xavier Priollaud, candidat à la présidence de Seine-Eure, remettrait-il en cause les accords passés avec la CREA de Rouen ?


Franck Martin ceint François-Xavier Priollaud de l'écharpe de maire. (photo JCH)
J’ai longtemps été réticent à l’adhésion à un parti politique. Après 1968, les comités, les groupes d’action, les groupuscules même ont fleuri après le printemps. A Louviers, le comité d’action de gauche a servi de support à la reconquête de la mairie, en 1976 d’abord et en 1977 ensuite. Henri Fromentin, devenu maire, était avant tout un homme de gauche authentique avant d’être un homme de parti…c’est si vrai que jamais il ne prit de carte, son engagement et sa personnalité compensant aisément l’absence de cadre national. Il en allait de même avec Ernest Martin, un parti à lui tout seul. Maire de 1965 à 1969, il eut le temps d’ouvrir les pistes et les esprits à une politique locale autonome alors que jamais l’Etat n’avait été aussi centralisé. Hélène Hatzfeld, membre du CNRS, dira mieux que moi quel fut l’apport de la gestion Martin-Fromentin ou Fromentin-Martin, comme on veut, à la crédibilité d’une gauche innovante, moderne, active et concrète. Le verbe était utile, évidemment, mais les enfants, les familles, les Lovériens attendaient des décisions et des outils. Ce qu’ils virent et vécurent.
Aujourd’hui, ne subsistent que les théories. La décentralisation, la création des espaces intercommunaux, la complexité administrative et technique ne permettent plus une gestion auto-centrée sur des frontières ou des espaces seulement communaux. Il a fallu apprendre le consensus, le dépassement des horizons purement politiciens pour travailler à l’unité et au développement d’un bassin de vie. L’une des réussites de Franck Martin a été de mettre à l’ouvrage (et ensemble) des hommes et des femmes issus de courants de pensées différents.
L’élection du prochain président (ou de la prochaine présidente) de la communauté d’agglomération Seine-Eure va se jouer sur différents critères. Patrice Yung, président sortant, a reproché aux candidats de ne pas suffisamment évoquer les compétences et les réussites de cette agglomération. Il avait raison. Avec l’application de la nouvelle loi, les communes de Louviers, Val-de-Reuil et Pont-de-l’Arche auront une mixité de représentants. Certains appartenant à la majorité, d’autres à l’opposition. La représentation des petites communes sera réduite à la portion congrue. Bien malin qui peut dire aujourd’hui quelles seront les nouvelles forces majoritaires au sein de la CASE ?
Cette question a-t-elle un sens si le nouveau responsable de l’exécutif joue le jeu du consensus et de la répartition des responsabilités ? On sait que François-Xavier Priollaud, nouveau maire de Louviers (UMP-UDI-MODEM) sera candidat à la présidence. Il sera ouvertement le candidat de la droite. Qui à gauche pour contester sa vocation ? Franck Martin a avancé publiquement le nom de Patrice Yung dans une interview à un journal local. Le président sortant peut se prévaloir d’une action équilibrée et attentive à tous les besoins des communes, sans renier les projets d’intérêt collectif. Mais Patrice Yung ( ?) n’est pas encore conseiller communautaire et pour le devenir, il faudrait que plusieurs élus de Louviers démissionnent. Qui d’autre à gauche ? Je pense à quelques noms mais il me semble prématuré de les évoquer dans la mesure où les citer pourrait gêner les contacts en cours.
Il est évident que quel que soit le futur président (la future présidente) il lui faudra du doigté, de l’entregent, un carnet d’adresses, des compétences et une vision du territoire sans ostracisme à l’égard de « la Fabiusie » (1) (comme l’a écrit M. Priollaud) et de véritables convictions éloignées d’une affirmation comme celle-ci à l’égard de Franck Martin : « Il ne faudra pas brader Louviers à ses nouveaux amis socialistes pour en faire une cité dortoir de la banlieue de Rouen. » Propos de campagne, direz-vous mais propos écrits et signés par FX Priollaud. S’il était élu, serait-ce la fin du pôle métropolitain avec la CREA de Rouen ? La fin de la plateforme multimodale interdépartementale ? La fin du développement économique de la vallée de l’Andelle ? La fin des synergies touristiques entre les Seino-marins et les Eurois ? Attention, danger.
(1) La Fabiusie est un terme utilisé par les adversaires de l'ancien premier ministre pour évoquer sa « mainmise » réelle ou supposée sur Rouen et son agglomération. Bernard Leroy est de ceux-là. François-Xavier Priollaud aussi. Qu'ont-ils à craindre sinon une personnalité digne d'un homme d'Etat ?

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