8 avril 2014

François Loncle, député de l'Eure, accuse Paul Kagamé, le président Rwandais, de mentir !


« Les attaques du président rwandais contre la France sont révoltantes et ignominieuses. En accusant notre pays d’avoir pris part à « la préparation et à l’exécution du génocide », Paul Kagamé ne cherche qu’à exploiter cette horrible tragédie à des fins de vile politique intérieure et à se disculper de ses propres fautes. C’est odieux et obscène. Se recueillir devant les 800 000 victimes de ce drame n’autorise pas le président du Rwanda à relancer bassement la polémique.
Comme les Etats-Unis, la Belgique, la Grande-Bretagne et surtout l’ONU, la France n’a pas réussi à empêcher le génocide. C’est évidemment déplorable. Mais les responsables français de l’époque, de gauche comme de droite, n’ont cessé d’entreprendre des efforts pour prévenir la spirale d’une guerre ethnique. Cette stratégie s’est malheureusement révélée inopérante.
La mission d’information parlementaire de 1998, présidée par Paul Quilès et à laquelle je participais, relevait déjà certaines erreurs d’appréciation et des dysfonctionnements dans la politique française. Hubert Védrine, secrétaire général de l’Elysée à l’époque, et Alain Juppé, alors ministre des affaires étrangères, reconnaissaient eux-mêmes ces manquements. Pour autant, la France n’est pas coupable de ce génocide. Elle a au contraire tout fait pour l’éviter. De 1990 à 1994, notre diplomatie a constamment privilégié une solution négociée à la crise rwandaise. Le président François Mitterrand a exercé une pression continue sur son homologue rwandais pour qu’il favorise la réconciliation nationale, engage une négociation avec le FPR de Paul Kagamé et établisse un Etat de droit.
Sans soutenir en aucune façon le régime de Juvénal Habyarimana, la France a obtenu, en 1993, à Arusha, un accord de partage du pouvoir politique entre Hutus et Tutsis. Elle avait pour objectif de créer les conditions d’une paix durable entre Kigali et le FPR. La médiation française visait à stabiliser le Rwanda, à se désengager militairement de ce pays dont la sécurité était censée être assurer par une force d’interposition de l’ONU. C’est pourquoi les 700 soldats français avaient quitté le Rwanda en décembre 1993. Or, le dispositif international mis en place s’est avéré totalement impuissant, notamment en raison des réticences manifestées par les Américains, traumatisés par le récent désastre somalien, et par le mandat restrictif de l’opération onusienne.
Après l’attentat contre l’avion présidentiel rwandais, la priorité française a consisté à faire cesser les combats et les tueries, d’autant que la force onusienne avait entre-temps été réduite. Non seulement la France a imposé dès le 8 avril 1994 un embargo au Rwanda, mais c’est Alain Juppé qui fut le premier, le 15 mai, à qualifier de « génocide » les massacres de masse perpétrés contre les Tutsis et les Hutus modérés. Quant à l’opération Turquoise, lancée par la France le 22 juin, elle a répondu à une demande urgente de l’ONU qui, devant l’obstruction américaine, avait été incapable de dépêcher sur place 5 000 casques bleus. L’opération Turquoise, qui avait pour but de protéger les populations menacées mais pas d’arrêter les génocidaires, est parvenue à sauver des milliers de vie.
Le génocide rwandais nous interpelle tous. Il a mis en évidence les graves défaillances du système international, certaines illusions françaises, l’aveuglement américain, mais aussi l’extrémisme du pouvoir hutu, l’intransigeance du FPR, l’activisme dangereux de l’Ouganda.
Plutôt que de stigmatiser la France, le président Kagamé devrait donner la priorité absolue à une réconciliation nationale et à une plus grande ouverture internationale en faveur du développement. »
 François Loncle
Député de l’Eure

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