25 avril 2014

Fonctionnaire : Non ce n'est pas un gros mot !


« Fonctionnaire ! », l’insulte suprême pour nombre de salariés, de cadres du privé et de chefs d’entreprises. Derrière ce mot ils veulent qu’on entende « la garantie de l’emploi, la progression à l’ancienneté, le laxisme au travail, les congés de maladie longs et répétés ». Autour de ce mot circulent les rumeurs les plus folles, les clichés les plus éculés. En annonçant aux fonctionnaires que le point d’indice resterait gelé jusqu’en 2017 (sauf croissance explosive !) le gouvernement donne du grain à moudre à tous ceux qui détestent, haïssent, exècrent les enseignants (surtout eux) les hospitaliers, les agents communaux, les policiers et gendarmes, les postiers, les cheminots, les gaziers, tous ceux qui travaillent dans les services publics ou parapublics et qui n’ont qu’un objectif : servir au mieux le public. Le gouvernement semble dire aux Français : les fonctionnaires sont des privilégiés, ils doivent donc contribuer au redressement plus que les autres. Voilà un raisonnement qui explique sans doute une part des résultats catastrophiques des dernières élections municipales. Quand les fonctionnaires se révoltent, la gauche trinque.
Dans le combat que j’ai mené pour le retour en régie publique des services de l’eau, de l’assainissement, des ordures ménagères, des transports de l’agglomération Seine-Eure, un argument transparaissait jamais avoué, toujours tu : il faudra gérer du personnel avec un statut public ! La belle affaire. La mairie de Paris, en reprenant en régie directe son service de l’eau et de l’assainissement, a créé des emplois, dégagé des marges pour investir, rénové des équipements à des coûts bien inférieurs à ceux des délégataires privés. L’eau du robinet de Paris n’est pas moins bonne que celle du robinet de Louviers. Le mètre cube d’eau assaini coûte 3,01 euros à Paris quand il coûte près de 4 euros à Louviers ! 
Une enquête récente de la confédération générale du logement a même prouvé que les frais dits fixes des entreprises privées (abonnement, frais de siège du délégataire, entretien courant, facturation) variaient de manière sensible selon les compagnies, les régions, les villes faisant régner des disparités n’ayant rien à voir avec la réalité du service rendu. Voilà pourquoi après analyse et comparaisons, la CGL propose la création d’un grand service national et public de l’eau pour créer une certaine justice entre les usagers devant un service indispensable à la vie courante et au confort des familles. Ne disait-on pas, à une certaine époque, « qui tient l’eau tient le pays » ?
Un raisonnement courant veut que 20 à 30 % des fonctionnaires soient, soi-disant, inutiles ! Rien que cela. Alors qu’on manque de maîtres dans certaines classes surchargées, que tous les maires demandent des effectifs de police supplémentaires, que la justice manque de magistrats et de greffiers, que les infirmiers des hôpitaux connaissent des journées de fou, que les gardiens de prison sont agressés faute d’effectifs etc. etc.
La fonction publique qu’elle soit d’état, hospitalière, ou des collectivités territoriales est composée, dans une immense majorité, de personnes responsables, accomplissant leurs tâches avec dévouement et passion, conscientes de l’importance de leur rôle quels que soient leur classement indiciaire ou leurs diplômes. Il est trop facile en période de crise de blâmer ceux qui ont choisi de servir la collectivité et bénéficient d’une certaine sécurité. Eu égard aux salaires et conditions de travail, parfois, c’est bien le moins que l’on puisse leur offrir. La gauche ne nous avait pas habitués à tant d’ingratitude.

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