Le quinquennat de Sarkozy a démarré sur le yacht de Bolloré et se termine en pirogue |
Dans quelques semaines, du 6 au 17 mars, va se tenir à
Marseille, sous l’égide du Conseil mondial de l’eau, le 6ème Forum
mondial de l’eau. Quelque 25 000 personnes venant du monde entier sont
attendues dans la cité phocéenne. En pleine campagne électorale des présidentielles,
on pourrait craindre que cette manifestation passe quelque peu inaperçue.
Pourtant…
On ne peut évidemment pas passer sous silence un tel évènement.
Mais avant de dire pourquoi, il est indispensable de bien rappeler ce qu’est le
« Conseil mondial de l’eau », quel est son rôle et quels sont les
enjeux du « Forum mondial de l’eau » qu’il organise. Conseil mondial
de l’eau : dit comme cela, ça fait vraiment très important, très officiel.
Ça ressemble à une organisation internationale. Ça a la saveur d’une
organisation internationale. Ça a toutes les apparences et le discours d’une
organisation internationale, comme par exemple l’Unesco ou l’Unicef… Mais, sous
ces apparences de respectabilité et de légitimité, c’est un organisme tout ce
qu’il y a de plus privé au service d’intérêts privés.
Ceci énoncé, il apparaît dès lors comme une évidence que
ce « Conseil mondial de l’eau » et son forum ne sont que le faux-nez
des multinationales de l’eau. Et leur outil, sous couvert d’expertise et de
savoir-faire, pour mettre la main sur l’eau partout dans le monde où des États
sont prêts à leur ouvrir les portes de ces juteux marchés. Il n’est alors pas
difficile de comprendre pourquoi s’est mis en place depuis quelques années, le Forum alternatif mondial de l’eau (FAME),
l’équivalent de ce qu’est au Forum de Davos, le Forum social mondial en termes
de développement économique altermondialiste. Le FAME se tiendra aux mêmes
dates, également à Marseille.
Il est organisé par plusieurs dizaines
d'associations, de syndicats et d'élus de nombreux pays, pour qui « l'eau, patrimoine commun de l’humanité,
n’est pas une marchandise ». Le FAME veut donner la parole à
tous ceux qui, partout dans le monde, «se battent contre l'accaparement de
l'eau et des terres, pour la protection des sources, contre la pollution et la
surexploitation, contre la privatisation de l'eau et de l'assainissement par
les multinationales ».
Rappelons enfin qu’aujourd’hui encore, un milliard d’êtres
humains sur terre n’ont pas accès à l’eau potable. Trois milliards vivent sans
assainissement. Chaque année, 1 800 000 meurent de maladies qui sont la conséquence
de la consommation d’eau souillée. Les enjeux humanitaires sont donc de taille,
et nous serons très attentifs aux travaux du FAME.
Mais revenons au 6ème Forum mondial de l’eau.
À ce grand raout, se retrouvera bien entendu tout le gratin néolibéral du très
branché « capitalisme vert ». À commencer par le sémillant Serge
Lepeltier, maire de Bourges, ancien ministre de l’Écologie et du Développement
durable de 2004 à 2005 dans le gouvernement Raffarin III, ci-devant Ambassadeur
du climat de sa Majesté Nicolas Ier. Après vous, Excellence ! On devrait
sans doute y rencontrer aussi Nathalie Kosciusko-Morizet, l’actuelle ministre
de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement enfin
remise de son excursion en pirogue sur le Maroni ; ainsi que notre phénix national
du Grenelle de l’Environnement : j’ai nommé Jean-Louis « Bord l'eau », le repiqueur de
corail. Ce fameux Grenelle de l’Environnement, Himalaya de l’attrape-gogos qui
a accouché d’une souris verte ; coproduit avec le bonimenteur de l’Élysée
avant que ce dernier ne déclare, excédé, aux acteurs de l’agro-industrie :
« l’Environnement, ça commence à bien
faire ! ». Allez, circulez les Verts !
À ce 6ème Forum mondial de l’eau, la liste
des visiteurs de marque n’est pas close. Il se dit qu’on devrait également y
croiser un certain nombre de candidats à la présidentielle, et non des moindres...
Pour les noms de ces derniers, les paris sont ouverts. À vous de jouer !
Et à bon entendeur, salut !
H. Dezeaux
Envoyé spécial
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