La presse française, grande ou petite, a été mise en cause, sévèrement, par la presse américaine et anglo-saxonne. Le principal argument avancé par les journalistes d'outre-Atlantique tient en un mot : vous saviez pour DSK et pendant des années vous n'avez rien dit. Vous êtes donc complices. Hier soir, sur le plateau de France 2, Franz-Olivier Giesbert et Ivan Rioufol, deux journalistes de « l'élite » parisienne qui courent les diners en ville et vivent des connivences avec les hommes et les femmes politiques se sont livrés à un numéro d'hypocrisie totale absolument révulsant.
Plutôt que de balayer devant leur porte et de reconnaître leur éventuelle responsabilité, les duettistes de la grande presse ont agressé Manuel Valls et Robert Badinter sur un thème : la gauche va-t-elle pouvoir tenir le langage de la morale alors que l'appareil s'apprêtait à soutenir un délinquant voire un criminel ! A ces mots Manuel Valls, que je ne porte pas particulièrement dans mon cœur, a laissé éclater sa colère et il a eu raison. Les socialistes honnêtes, probes, sincères et qui forment l'immense majorité des militants et des élus de ce parti de gauche ne peuvent pas accepter de recevoir des leçons des Giesbert et des Rioufol, l'un au Point, l'autre au Figaro. Ces journalistes donneurs de leçons ont-il écrit une ligne d'alerte sur les travers de DSK, ont-ils interpellé le PS, ses responsables alors qu'ils savaient ? Jamais ! Comme beaucoup d'hommes journalistes, ils ont préféré la grivoiserie à la mise au jour publique du harcèlement des femmes et le silence à la dénonciation. Seul un journaliste de Libération, en 2008, a évoqué le problème « obsessionnel» de DSK. Il doit en être salué.
Le comportement de DSK est celui d'un homme prisonnier de ses démons ai-je écrit, ici, au lendemain de l'annonce de son arrestation par la police new-yorkaise. Un homme seul, n'agissant ni au nom d'un état, ni au nom d'une nation, d'un parti ou d'un groupe. Un homme connu pour sa propension à draguer, lourdement, systématiquement, mais jamais victime de plainte et jamais condamné même si l'alerte de ses rapports avec la cadre hongroise du FMI lui avait valu un avertissement sans frais. Aurélie Filippetti aussi, député PS, s'était plainte des méthodes de DSK. Je veux bien qu'Anne Mansouret, ma collègue du conseil fédéral de l'Eure du PS, s'épanche aujourd'hui sur les ondes et dans la presse écrite, sur le sort de sa fille victime des agissements coupables de DSK en 2002… Que n'a-t-elle, alors, suivi les conseils de la Secrétaire nationale aux droits des femmes qui l'invitait à porter plainte ? Maintenant que DSK est à terre, qu'il est mort politiquement, que sa moralité est plus qu'atteinte, il me semble un peu facile de charger une barque qui a déjà chaviré.
Quant aux journalistes tourmentés par leur mauvaise conscience, je les invite à réfléchir avant de parler. A éviter le « troussage d'une domestique » de Jean-François Kahn, par exemple. Je les invite à éviter de se faire de la pub et de la notoriété sur le dos d'un parti politique avec lequel on a le droit de ne pas être d'accord mais qu'on ne peut charger de tous les maux. Il est vrai qu'on ne jette de pierres qu'à l'arbre chargé de fruits.
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