Le mouvement Osez le féminisme a déploré mardi à propos de l'affaire Strauss-Kahn que l'on ne parle pas "de ce qu'a pu ressentir" la jeune femme qui a porté plainte contre le directeur général du FMI et dénoncé "le déferlement de blagues sexistes" dans les commentaires. Dans un communiqué, Osez le féminisme souligne que les déclarations entendues dans les médias "révèlent une méconnaissance totale du viol". "Chaque année, 75.000 femmes sont victimes de viol. Seules 10% d'entre elles portent plainte", car les victimes sont "astreintes au silence par une chape de plomb, celle du tabou et de la culpabilité" et souvent "font les frais d'idées reçues largement propagées, dont la plus commune est qu'elles l'auraient bien cherché".
D'ailleurs, les avocats de DSK ont l'intention de plaider l'acte consenti. Tellement consenti que la victime ne serait pas la jeune femme de ménage mais le directeur du FMI candidat à l'élection présidentielle ! Quand j'entends Jack Lang et Bernard Henri-Lévy fustiger les commentateurs quelque peu sévères avec DSK ou très précis à l'égard de certains faits du passé, je m'interroge sur la nature de cette compassion. Autant je peux comprendre le désarroi, l'émotion, l'amertume de ses proches, la déception des socialistes, autant je ne peux excuser ces cris d'indignation qui oublient la principale victime (si les faits sont avérés) de cette rencontre improbable. Un peu de décence tout de même !
Il y a plus grave. Les Strauss-Kahniens se montrent imprudents. MM. Moscovici et Cambadélis affirment avec aplomb que le comportement de DSK ne lui ressemble pas, qu'il sera bientôt parmi nous. A quoi tout cela ressemble-t-il alors ? L'amitié ne doit pas se transformer en aveuglement et encore moins en déni du réel. Si DSK est coupable et on le saura dans les semaines qui viennent, la seule solution sera qu'il assume son acte et en paie les conséquences même très lourdes sur les plans physique et psychologique. De là à identifier le PS à cet homme désemparé et perdu, il y a un gouffre qu'il ne faut pas tenter de franchir. Ce qui n'excuse pas la violence des images de ce grand du monde, menotté, barbu, déchu. Mais les 100 000 adhérents du PS ne sont ni des violeurs ni des prédateurs sexuels !
Les socialistes doivent, selon Martine Aubry, faire preuve d'unité et de décence. De responsabilité aussi. Elle a bien raison. Elle doit continuer de tenir la maison qui menace ruine. Quand l'un des piliers s'effondre, il y a un risque : que le tsunami DSK emporte tout sur son passage. On peut compter sur Nicolas Sarkozy et sa droite populaire pour mettre le doigt là où cela fait mal. Il avait préparé, dit-on, des dossiers contre DSK, contre sa richesse, sa propension à séduire (?) et tout cela allait sortir. Comme le candidat espéré du PS n'est plus en course (il n'avait d'ailleurs pas encore annoncé ses choix) un autre ou une autre va concourir. François Hollande tient la cote. Pour combien de temps ? Martine Aubry sera-t-elle candidate ? Ségolène Royal l'est déjà tout comme Arnaud Montebourg. On est loin de l'unité et de la responsabilité souhaitées. Camarades, il est encore temps de vous ressaisir. D'un mal il faut que nous en fassions un bien.
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