5 janvier 2011

Les incidents de Roissy ou la cocasserie du gouvernement Fillon

 « Il est assez cocasse de voir ce gouvernement demander des comptes aux dirigeants d’Aéroports de Paris (ADP). Ce gouvernement est frappé d’amnésie. Il a déjà oublié que la privatisation d’ADP, imposée par l’Union européenne, a été lancée par Jean-Pierre Raffarin et finalisée par Dominique de Villepin lorsqu’ils étaient premiers ministres. Aujourd’hui, même si l’État détient encore 51% du capital, ADP est une société de droit privé disposant d’une délégation de service public. Tiens donc, délégation de service public, cela ne vous ferait-il pas penser à quelque chose ? ADP rend aujourd’hui des comptes à ses actionnaires auxquels il doit distribuer des dividendes, les plus élevés possibles. C’est précisément en cela que le service public, donc l’intérêt général, est incompatible avec les intérêts privés.

Car, que fait ADP, société privée devenue le plus gros propriétaire foncier d’Ile-de-France ? Elle « optimise » comme on dit dans les milieux autorisés. Comment ? Elle comprime les charges de toutes sortes à commencer par celles de personnel, mais aussi limite ses investissements au strict minimum. C’est pourquoi les prestations offertes aux voyageurs, comme le souligne François Loncle, ne cessent de se dégrader, la dernière pagaille avec l’histoire du glycol n’en étant que la manifestation la plus voyante. Et dans le même temps, elle lance des programmes immobiliers, essentiellement des hôtels et des bureaux qui devraient représenter au total d’ici 2015 pas moins de 360.000 m2 bâtis et qui vont lui rapporter énormément. On parle de 250 €/m2, par an. C’est cela, la bonne affaire de la privatisation. Et s’il leur reste encore un peu d’argent à investir, peut-être alors pourront-ils faire construire quelques réservoirs supplémentaires pour stocker du glycol.


Mais en attendant, cette privatisation a au moins fait un heureux. Son président Pierre Graff, l’ancien fonctionnaire maintenu dans son poste, qui a vu depuis la privatisation son salaire multiplié par huit pour atteindre 583.182 € par an.  » (source Marianne N°715 du 1er au 7 janvier 2010).

Reynald Harlaut

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