Je suis, à mon corps défendant parfois, devenu une personne publique depuis que j'ai affronté le suffrage universel au scrutin uninominal qui n'a rien à voir, on le sait, avec le scrutin de liste à la proportionnelle où les candidats — et donc les futurs élus — sont choisis par les partis plus que par les électeurs. In fine, ce sont eux qui tranchent mais sur des critères dépassant largement la seule personnalité des impétrants.
Devenu personne publique (bien que n'ayant évidemment jamais émargé sur les fonds publics) je dois aux lecteurs de ce blog des principes de responsabilité et de transparence sur mes actes publics mais, parfois, aussi sur mes conduites privées qui démontrent la cohérence entre ce que je dis et ce que je fais.
Franck Martin, dans un commentaire très insidieux, laisse entendre que j'ai fait appel à l'enseignement privé alors que je clame partout mon attachement à un grand service public de l'Education nationale. Il a raison. Et j'ai raison de préciser pourquoi j'ai agi ainsi. L'un de mes enfants, scolarisé au collège du Hamelet, vivait une classe de 4e catastrophique tant du point de vue scolaire que du point de vue « affectif ».
Après plusieurs rencontres avec le professeur principal et Mme Gubian, aucune solution acceptable ne m'a été proposée. Et sans reprendre à mon compte la phrase de Camus « si je devais choisir entre ma mère et la justice, je choisirais ma mère » je dois reconnaître que j'ai avant tout cherché l'intérêt de mon enfant. Je me suis tourné vers les principaux des collèges des Fougères et Ferdinand Buisson à Louviers et ai essuyé un refus d'admission dans l'enseignement public au nom de la carte scolaire. Et donc au nom de principes figés, étroits, rétrogrades.
je n'avais pas d'autre solution que de me tourner vers l'enseignement privé sans que mes convictions aient, d'un iota, changé. Mon fils, après avoir réussi son BEPC, a ensuite intégré le lycée Decrétôt (public) y a réussi son bac pro et son BTS hôtellerie-restauration avant de passer avec succès une licence professionnelle (publique) qui lui a permis de décrocher un CDI. Je le dis à tous les parents, les situations d'échec scolaire peuvent être surmontées, l'un de mes fils en est la preuve éclatante.
Voilà comment j'ai rencontré (provisoirement) l'enseignement privé et voilà pourquoi je n'ai absolument pas à rougir de ma conduite. Je demeure un fervent partisan de l'Education nationale laïque, gratuite, obligatoire, et je défendrai toujours la primauté de cet enseignement. Mais, en père cohérent, j'ai payé de mes deniers ce que j'avais à payer sans jamais me plaindre ou rechigner. Et si j'avais été élu, j'aurais fait comme M. Doucet le faisait (1) j'aurais voté contre les subventions à l'enseignement privé sur la base de l'axiome : enseignement privé, fonds privés, enseignement public, fonds publics.
Certains lecteurs s'étonneront peut-être de me voir faire ce choix de dévoiler cet aspect de ma vie familiale mais j'ai opté pour une voie : répondre à toutes les attaques directes ou plus perverses. Et je continuerai en homme responsable.
(1) Il lui est arrivé de s'abstenir ou de sortir de la salle au moment du vote.
3 commentaires:
" ... au nom de la carte scolaire. Et donc au nom de principes figés, étroits, rétrogrades."
voilà qui mérite débat !
Effectivement. Et je connais nombre de parents qui se tournent vers le privé parce que le public ne peut résoudre un certain nombre de problèmes matériels ou humains. Ça n'en fait pas pour autant des fans de Benoit XVI, des adeptes du Coran ou des lecteurs assidus de la Torah.
A mon arrivée en France à plus de 18 ans, je ne pouvais pas entrer dans une école publique et mes parents m'ont payé une école privé à Louviers pour faire un BEP de secrétariat. Donc il n'y a aucune honte à suivre une formation dans une école privé, si ce n'est de se dire que parfois la formation professionnelle dans le public peut paraître plus sérieuse, j'ai été déçue par rapport au prix qu'on a payé. Et sur un CV il faut assumer que toute la scolarité n'a pas été publique, car parfois, j'ai l'impression que c'est politique, quand on veut trouver du travail quelque part.
En Allemagne, on avait droit à un enseignement religieux à l'école publique suivant notre confession à raison de 2h par semaine, c'était même obligatoire pour ceux qui étaient baptisés.
Et je n'ai pas connu l'école maternelle, car c'était payant pour les parents qui travaillaient, l'obligation scolaire est à 6 ans et les maternelles en Allemagne sont souvent privées, proposées par les églises.
Je trouve qu'il n'y a pas de honte de faire les bons choix pour ses enfants et d'assumer.
Sylvia Mackert
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