François Fillon s'est dit choqué, hier à l'Assemblée nationale, par les conditions de l'interpellation de Vittorio de Filippis, le journaliste de Libération, ancien PDG, mis en cause dans une affaire de diffamation sur le site web du journal. Le président Nicolas Sarkoy a désavoué les ministres de la Justice et de l'Intérieur quelques heures après qu'elles ont affirmé que la procédure avait été respectée. Il est vrai que Rachida Dati et Michèle Alliot-Marie ne sont plus en odeur de sainteté et qu'elles seront vraisemblablement « virées » de leur ministère au prochain remaniement ministériel.
Tout de même, il est pour le moins étrange d'entendre des ministres responsables venir au secours d'une juge et de policiers zélés sortant le grand jeu avec arrestation d'un homme au petit matin devant deux enfants de 14 et 10 ans, menottage, double fouille au corps, passage par l'immonde dépôt du palais de justice de Paris, présentation devant le juge…d'un journaliste qui n'aurait pas obtempéré aux convocations du magistrat alors que numéro de téléphone et adresses des avocats du journal figurent en bonne place dans le dossier.
Cette affaire est, en plus, une histoire de corne-culs. Un internaute anonyme dont le message échappe au modérateur du site de Libération, publie un commentaire mettant en cause un certain M. Niel, lequel poursuit en diffamation le responsable juridique du site (le PDG du journal de l'époque) considéré par la loi comme l'auteur principal des propos lequel, trois ans après les faits, se retrouve à poil devant les gendarmes qui auscultent son rectum pour découvrir ce qu'il y cacherait avant de le présenter à un juge d'instruction qui n'instruit rien puisque la loi permet au mis en examen de garder le silence afin qu'il développe son argumentation au procès.
Comme l'a bien dit M. Filippis, notre confrère, « je n'étais pas inquiet parce que j'ai une carte de presse et que je savais qu'une caisse de résonnance me permettrait de faire savoir ce que je subissais. » Et tous ceux qui, par milliers chaque jour, sont interpellés, menottés, fouillés au corps…sans carte de presse ? C'est malheureusement le sort des anonymes, des oubliés, des victimes d'un système dans lequel la liberté individuelle est bafouée. Même les syndicats de policiers considèrent que l'application du code pénal est laissée à l'appréciation des magistrats et des policiers en fonction de la nature du délit et de la proportionnalité entre la peine encourue et les actes des autorités.
Nicolas Sarkozy annonce que la diffamation ne sera bientôt plus un délit et donc ne sera plus correctionnalisée. Je ne sais pas si c'est bien ou pas bien. La loi sur la presse de 1881 impose déjà de considérables garanties de protection pour les journalistes et les personnes mises en cause, rarement appliquées je le concède. Ce que je sais c'est que Rachida Dati avait promis de faire approuver un texte protégant les sources des journalistes, assurant que les perquisitions ne pourraient plus être conduites comme elles le sont aujourd'hui…paroles, paroles puisqu'on ne voit rien venir.
Un dernier mot : j'apprends que Jean-Luc Mélenchon, responsable du Parti de Gauche, vient de s'en prendre avec une certaine acrimonie à une journaliste de l'AFP qui a estimé le public présent à la création officielle de son parti à « un bon millier de personnes. » J.L. Mélenchon affirme qu'elles étaient 3000 ! Ce qui est manifestement exagéré. J.L. Mélenchon démarre mal. Il nous avait habitués à mieux.
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