Dans une interview qu'il a donnée au Parisien-Aujourd'hui en France, Dominique de Villepin met sévèrement en cause Nicolas Sarkozy. Il l'accuse d'être juge et partie. Il lui reproche d'être le maître du tempo judiciaire. Il va jusqu'à affirmer que rien dans le dossier ne met directement en cause l'actuel président de la République, qu'on y trouve seulement le nom de son père et que Nicolas Sarkozy n'a subi aucun préjudice. Selon l'ancien Premier ministre, la justice a été instrumentalisée pour lui nuire et le réduire politiquement avant les élections présidentielles.
Si je m'intéresse à cette interview, comme tout citoyen ordinaire, c'est parce qu'il s'agit de tout autre chose que de choisir la première secrétaire d'un parti politique que j'accompagne dans son évolution. Les télévisions, la presse écrite, les radios, en ont fait des tonnes sur le congrès de Reims, la discorde « permanente » entre les chefs socialistes. Depuis que Martine Aubry a pris les rênes de la direction du PS, bien des bémols ont été écrits sur la partition médiatique. Il ne s'agit, après tout, que de la conclusion d'un débat démocratique tranché démocratiquement. Les rieurs devraient d'ailleurs observer avec attention le fonctionnement des autres partis politiques français et s'interroger sur leurs pratiques (voir l'UMP) et sur le degré de démocratie qui y règne.
Revenons à Dominique de Villepin. J'écris qu'il s'agit de tout autre chose qu'une simple péripétie judiciaire. L'affaire clearstream met en cause un ancien Premier ministre, son ancien ministre de l'Intérieur et accessoirement l'ancien président de la République française qu'était Jacques Chirac. Et si M. Galouzeau de Villepin avait raison ? J'ai longtemps été intimement persuadé qu'il avait été plus ou moins complice de la mise en cause de M. Nagy-Bocsa sur le listing de la société luxembourgeoise Clearstream. Le temps passant, la lecture des notes du général Rondot aidant, les mises en cause de MM. Gergorin et Lahoud — qui vient de déclarer publiquement être celui qui a ajouté le nom du père du Président de la République sur la liste — confirmant des manœuvres destinées à nuire à ce dernier, me troublent. Peut-être sommes-nous abusés et aveuglés par la personnalité des deux adversaires ? Peut-être ne sommes-nous pas assez interrogatifs sur la personnalité de notre président quand on lit ce que certaines gazettes (françaises ou tchèques) lui font dire notamment quand il évoque les chefs d'état arabes ?
Vouloir « suspendre son adversaire à un croc de boucher » est une image forte, excessivement violente et barbare. Ce n'est qu'une image mais elle est de notre président. Le même qui répond au philosophe Michel Onfray : « Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense. » L'homme qui privilégie la part de l'inné sur l'acquis (le savoir, la culture, le vivre ensemble) est un pessimiste. Chez cet homme la part de sincérité et de scrupule s'affaiblit. En un mot : à quoi bon puisque l'homme ne serait pas ou peu perfectible ? Et c'est le même qui veut libérer quarante détenus particulièrement méritants ! Que de contradictions ou de démagogie.
Que nous réserve l'année 2009 ? Dominique de Villepin part pour six mois en Bulgarie, en mission. Il aura le temps, sur les rives de la mer noire, de méditer, de ressasser, de préparer sa défense qu'il dit vouloir assumer totalement. Le duel ne fait donc que commencer.
1 commentaire:
Il ne me paraît pas inutile de rappeler que "pendre ses ennemis à des crocs de boucher" fut le sort que réserva Adolf Hitler aux conjurés de la tentative d'attentat contre sa personne du 20 juillet 1944 dont le principal organisateur était le comte Claus von Stauffenberg.
Reynald Harlaut
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