Les militants auront le dernier mot, jeudi. C'est ce que cherchait Ségolène Royal. (photo JCH)
En claquant la porte cette nuit à 1 h 30 du matin, Ségolène Royal a mis fin aux discussions entre les différents membres des motions en lice au congrès de Reims. Les délégués des autres motions (Aubry, Hamon, Delanoë) ont continué de dialoguer mais aucune synthèse n'a pu être établie. On s'achemine donc, à l'heure où j'écris ces lignes, vers une multiplicité de candidatures jeudi soir, qui vont permettre aux militants de trancher la ligne politique et la question des alliances. Ne nous y trompons pas, et comme j'ai l'habitude de l'affirmer, la question de personnes dont tout le monde se gausse masque des lignes politiques souvent compatibles puisqu'il s'agit de candidats socialistes mais parfois très éloignées quand il s'agit des alliances et notamment avec le centre.
Le discours de Ségolène Royal, faible au début, plus fort dans sa seconde moitié a été construit sur l'affectif, l'émotionnel, la compassion. On y a entendu des mots tels qu'amour, tendresse, souffrances, chagrins, douleurs, oubli, on y a entendu des mots forts sur la parité, on y entendu aussi une volonté déjà affirmée aux élections présidentielles de marginaliser l'appareil du parti socialiste et ses différentes tendances pour privilégier le vote des militants forcément plus sensibles aux éléments extérieurs tels que les sondages, les cotes de sympathie…
En ce sens, Ségolène Royal ressemble à Nicolas Sarkozy. Si l'appareil me suit, bravo, s'il me gêne, tant pis, je n'en ai cure. Le résultat du second tour de la présidentielle a été à ce point édifiant mais Ségolène Royal considère que cette stratégie s'avèrera gagnante tôt ou tard. Elle a choisi de partir à la bataille très tôt.
Face à elle, un adversaire hésitant, encore sonné après le résultat du 6 novembre. Bertrand Delanoë sera-t-il candidat jeudi 20 novembre ? Il a tout à y perdre. On parle de Pierre Moscovici…Martine Aubry n'est pas dans cette situation. Son discours a été un véritable programme politique qui s'appuie sur l'histoire du parti et la nécessité du renouvellement. Elle aussi est une femme, elle aussi est élue locale d'une ville importante. Son discours n'a éludé aucun des problèmes que traverse le PS, qu'il s'agisse des échecs de la direction sortante, de la crise financière et sociale : « la question sociale est au cœur des préoccupations des Français. » Elle veut agir (quand elle le pourra et si elle le peut) sur le chômage, le réarmement de la puissance publique, le logement, la santé, l'éducation, la formation, la fiscalité et surtout, les salaires et le pouvoir d'achat. En l'écoutant, hier, à Reims, je me disais que j'avais eu raison de soutenir Martine Aubry et sa motion : elles se situent à la hauteur des enjeux du PS mais surtout à la hauteur des solutions qu'attendent les Français.
Si elle est candidate, ce jeudi, je voterai évidemment pour elle, sachant que Benoit Hamon sera également candidat mais le risque de voir élue Ségolène Royal donne à chaque militant, à chaque votant, un poids particulier. Le vainqueur du vote de jeudi aura vocation à s'opposer à Nicolas Sarkozy et ses projets réactionnaires, à définir une ligne politique bien à gauche pour les trois années à venir et à préparer le terrain pour la présidentielle. Martine Aubry a le profil parfait.
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