22 novembre 2008

Le Parti socialiste souffre-t-il d'être trop démocratique ?

Le journal l'Humanité m'a fait l'honneur de me faire figurer en page trois avec le président Destans, Ctaherine Picard, François Loncle, tous présents à Reims.
Le métier de journaliste que j'ai exercé pendant 37 ans m'a apporté énormément de joie et a bien rempli ma vie professionnelle. J'ai écrit des milliers d'articles et — je peux l'assurer — je les ai écrits librement même si ce fut plus difficile pendant les années Hersant. J'ai, sans doute, commis des injustices, été trop sévère avec certains, trop complice avec d'autres. De là où je suis aujourd'hui, avec la distance qui sied à ma situation, je mesure combien ce métier nécessite de prudence et de respect des individus.
Lors de la campagne électorale cantonale, l'unique quotidien régional m'a systématiquement ignoré ou, quand il ne m'ignorait pas, publiait sur mon compte des échos ravageurs et souvent faux factuellement. C'est le sort d'un homme public que d'accepter le bon et le moins bon. Surtout le moins bon. J'ai tenté d'obtenir des explications, je me suis fait jeter.
J'étais présent à Reims. J'ai vécu de l'intérieur le congrès du Parti socialiste. Que peut-on reprocher aux militants et grands élus qui ont pris la parole ? D'être trop ouverts, de se disputer en public, d'être trop démocratiques, de ne pas faire « leurs mauvais coups » en toute quiétude ? Déjà, lors de la présidentielle, toute la presse s'était gaussée. Les trois postulants, raides comme des porte-manteaux, sans possibilité d'interpellation, sans autorisation de se poser des questions avaient développé leur projet avec une conviction évidente et un talent individuel incontestable. En comparaison du débat tenté à l'UMP, franchement, il n'y avait pas photo. Mais tout cela avait paru terriblement formel et fut, finalement, ravageur pour notre candidate.
A Reims, alors que le PS est le SEUL grand parti à agir vraiment démocratiquement, les journalistes, les photographes, les caméras n'en avaient que pour Ségolène. La diva. Il s'en est pourtant dit des choses : sur le réchauffement de la planète (avec Franck Pupunat) sur la crise financière (remarquable intervention de Laurent Fabius) sur le rassemblement de la gauche, sur la crise sociale qui arrive tel un tsunami. Que reste-t-il de tout cela chez les échotiers ? La crème du lait et les analyses de Pascal Perrineau, de Roland Cayrol et de Gérard Grunberg…qui passent sur la 5, Paris Première, LCI, Itélé. On voit toujours les mêmes têtes et on entend sans cesse les mêmes analyses.
Je viens de lire l'article de Jean-Michel Normand, du Monde, rendant compte de la nuit passée. « Avec le Parti socialiste le pire est toujours à venir » écrit-il. Pourquoi ? Parce que le Monde soutient Ségolène Royal ? Même pas. Ce journaliste s'autorise des jugements, des interprétations, il parle au nom de qui ? Il écrit au nom de quoi ? Quelle information veut-il faire passer, où est le sens ? C'est le type même du cliché qu'on veut imprimer dans les esprits : « au PS, c'est le bordel » et rien ne changera quelle que soit le dirigeant ou la dirigeante. On dit que le Monde est un journal sérieux. Je ne le crois pas. Ses rédacteurs ont leur préférence, leur sensibilité, leur lecture politique du…monde. Pourquoi pas ? Je serai le dernier à le leur reprocher. Mais je voudrais qu'ils satisfassent à une condition : qu'ils annoncent la couleur. Dès lors, leur crédibilité s'en trouverait renforcée car elle serait honnêtement défendue. Se cacher derrière « l'objectivité » est un artifice, je l'ai toujours récusé puisque l'objectivité n'existe pas. Même au Monde. Surtout au Monde, dont on connaît la face cachée depuis la parution du livre de Pierre Péan.
J'ai mis en cause un journaliste. Une fois n'est pas coutume. L'occasion m'a semblé trop belle pour que je la laisse échapper. J'essaierai de ne pas recommencer.

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