Pendant que les socialistes font leurs comptes et les règlent, l'Assemblée nationale débute, aujourd'hui, l'examen de la loi qui va réformer l'audiovisuel. Au-delà des questions d'argent qui ont évidemment une importance réelle puisque la vie des chaines publiques (comme celle des autres) en dépend, le problème essentiel se situe ailleurs. Sur le terrain des valeurs.
Sarkozy recrée, ni plus ni moins, l'ancien ORTF avec la perte d'indépendance éditoriale attenante, la nomination des responsables de chaines par le pouvoir politique en place et un contrôle des salariés qu'on croyait d'un autre âge. Il s'agit donc d'une régression énorme qui ne peut que soulever le mécontentement des salariés du service public et des téléspectateurs attachés à une télévision indépendante du pouvoir.
La conséquence des choix de Sarkozy sera de rendre plus riches les chaines déjà très riches puisqu'il réserve les rentrées publicitaires à son ami Bouygues (TF1) et aux autres chaines (M6 par exemple) qui vont même avoir droit à une seconde coupure pub pendant la diffusion des films. Merci le confort, vive le suspens. Et comme le ridicule ne tue pas, il existe un amendement (UMP) imposant aux chaines publiques de diffuser des programmes éducatifs, d'instruction civique et citoyenne pendant les tunnels de publicité ! Autrement dit, on tente d'obliger le téléspectateur à ne pas zapper et à avaler les créations de Euro-RSCG et consorts. D'après Libération, c'est une somme d'un milliard d'euros que vont se mettre dans les poches les chaines privées. Quant aux chaines publiques, elles toucheront des compensations mais on a compris, une fois de plus, qu'elles seront loin d'atteindre les rentrées actuelles. Les collectivités locales sont « payées » pour savoir que l'Etat transfère les charges mais pas l'argent pour y faire face.
Autrement dit, si le projet actuel du gouvernement est voté par le Parlement, c'est tout le paysage audiovisuel français (PAF) qu'on va bouleverser. Et pas en bien : une télévision publique chaperonnée politiquement par Sarkozy-Fillon, c'est le début de quelque chose de très dangereux pour le pluralisme et l'opposition.
Alors, camarades socialistes, regardons-nous moins le nombril et occupons nous plus de l'avenir de la télé qui ne doit pas redevenir pas la voix de la France, la voix de Sarkozy.
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