3 novembre 2018

La nouvelle vidéo de L 214 montre des pratiques révoltantes et barbares


Dans l'abattoir du Boischaut. (capture d'écran)
Le responsable de la FDSEA de l’Indre affirme que la vidéo de l’association de défense des animaux L214 est du « lynchage ». Sur France Info, il regrette qu’on mette en cause des gens qui ne font que leur métier. Sur les images (partagées sur ce blog) on assiste à un « spectacle » scandaleux. Les animaux ne sont pas traités comme…du bétail mais comme des objets qu’on peut manipuler à sa guise. On les découpe quand ils ne sont pas encore morts, on enlève les cornes d’une vache toujours vivante, on accroche un chevreau à une esse alors qu’il gigote toujours. Heureusement, l’abattoir du Boischaut est classé bio. Que serait-ce s’il s’agissait d’un abattoir ordinaire ?

Évidemment, les propriétaires de l’établissement ont porté plainte pour introduction dans un lieu privé et filmage interdit. J’ai envie de dire : et alors ? On ne peut que féliciter les auteurs de ces images (même dérobées) puisqu’elles mettent au jour des méthodes brutales, sauvages, que les conditions de travail et la productivité exigée induisent immanquablement.

L214 « association de protection animale œuvrant pour une pleine reconnaissance de la sensibilité des animaux et l'abolition de pratiques cruelles » a raison de rendre publiques des pratiques honteuses. Ces lanceurs d’alertes doivent, plutôt qu’être montrés du doigt par des professionnels insensibles ou barbares, être au contraire félicités pour leur courage. Même s’ils bravent la loi et la transgressent, ces défenseurs de la condition animale placent la souffrance des bêtes abattues au dessus d’autres valeurs telles que le travail ou la nécessité de satisfaire l’appétit des humains.

J’entendais cet après-midi le PDG de Herta constater que depuis deux ou trois ans, la consommation de charcuterie stagne voire est à la baisse. Les Français ouvrent donc les yeux, ils mangent moins de viande, écoutent les conseils des nutritionnistes et s’indignent des pratiques d’abattage d’un autre âge. Du moins dans un pays civilisé comme le nôtre. On sait depuis belle lurette que la souffrance animale existe. Qu’elle doit être prise en compte dans toutes les situations. Qu’elle ne souffre aucune exception même et surtout quand il s’agit d'ôter la vie de ces bêtes à viande. Bons sentiments, direz-vous ? Je n’en ai aucune honte.

1 novembre 2018

Ségolène Royal n'a perdu ni son énergie ni sa mémoire


En 2007, j’ai évidemment voté pour Ségolène Royal au premier et au second tour de l’élection présidentielle. Face à Nicolas Sarkozy, la candidate de « désir d’avenir » semblait la mieux à même d’empêcher l’accession de ce dernier à la présidence de la République. Pendant longtemps, elle a été la favorite des sondages mais c’était sans compter sur la campagne de démolition interne laquelle allait conduire à la défaite de la candidate de la gauche au second tour par 53 % contre 47 %.
Dans le livre qu’elle vient d’écrire (1) et qu’on peut se procurer dans toutes les bonnes librairies, l’ancienne députée des Deux-Sèvres, l’ancienne présidente de la Région Poitou-Charentes, l’ancienne ministre et conseillère de François Mitterrand, raconte comment  elle a vécu les agressions sexistes, les attaques machistes de la part de ceux qui devaient pourtant être ses camarades. Ségolène Royal, invitée de l’émission C dans l’air, n’y est pas allée de main morte hier soir. Elle s’est même payée le luxe de dézinguer son ancien compagnon, François Hollande, « le seul défaut de la candidate » selon Arnaud Montebourg, en insistant sur le fait que le mélange détonant de vie publique-vie privée n’a arrangé ni sa campagne ni ses affaires.

Ce qu’elle déplore le plus, c’est qu’on ait pu mettre en cause son intelligence et que ses rivaux de la primaire socialiste l’aient fait passer pour « une gourde ». « J’avais pourtant, assure-t-elle, autant de diplômes qu’eux et autant, sinon plus d’expérience et de compétence. » Sans le mouvement « me too», elle n’aurait sans doute pas écrit ce livre, en tout cas pas avec ce ton-là. La parole libérée des femmes, partout dans le monde, justifie qu’elle se livre à quelques confidences intimes et l’autorise à décrire l’enfer que fut sa campagne durant laquelle elle fut humiliée même si, heureusement, bien des hommes l’ont entourée et défendue. Ségolène Royal demeure pourtant pleine d’énergie et de dynamisme pour défendre deux causes essentielles à ses yeux et aux nôtres : le féminisme et l’écologie. Elle demeure persuadée que le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes et pour la défense d’une planète durable (avec changement de modèle à la clé) sont des atouts forts pour un avenir plus enviable. Certes, « les mâles blancs et hétéros » ne sont pas une espèce en voie de disparition (comme 60 % des vertébrés de notre monde périssable) mais les temps « they are a changing » comme dirait Bob Dylan. A la veille des élections européennes, Ségolène Royal ménage le suspens : candidate, oui ou non ? Elle dira en janvier si elle accepte de prendre la tête d’une liste de gauche qui ne soit ni mélenchoniste ni macroniste, ni purement socialiste si ce mot a encore un sens en 2018. 

Ne soyons pas dupes. La sortie du livre de Ségolène Royal, pour sincères et vraies que soient ses confessions, répond à un timing étudié. Qu’elle y règle quelques comptes, pourquoi pas ? Mais maintenant, elle doit passer à autre chose : Quelle construction Européenne veut-elle ? Quelles alliances est-elle prête à conclure ? Quelle sera sa place sur l’échiquier politique alors qu’elle ne s’attend à aucune mansuétude de ses anciens amis toujours prompts à la tourner en dérision. Il ne manquerait plus qu’un nouveau Laurent Joffrin la traitât de Bécassine…Nul n’est parfait. A Libération ou ailleurs.
(1) « Ce que je peux enfin vous dire » éditeur Fayard.

31 octobre 2018

Trump, Bolsonaro…Mélenchon ? Leur point commun : la haine des journalistes


Trump, Bolsonaro, Mélenchon…ils ont tous les trois un point commun : ils détestent la presse et en particulier la presse qui dénonce les scandales, les fake news (mensonges) et les turpitudes des uns et des autres. Le dictateur brésilien annonce clairement qu’il veut la disparition d’un journal de Sao Paulo, l’une de ses rédactrices ayant mis au jour le système de fausses nouvelles mis au point par les supporteurs de Bolsonaro. Trump ne laisse pas passer une journée sans insulter des journalistes de CNN ou du Washington Post lesquels ne se lassent pas de rendre publiques les erreurs ou les incongruités du président républicain.

Et Mélenchon ? Je passe sur l’interview de son amie Chikirou — elle a assez de problèmes à régler avec le « Média » qui a porté plainte contre X suite à la disparition de documents financiers ou d’administration l'été dernier — mais on ne peut laisser libre cours aux délires de JLM. Quand il invite ses plus fervents admirateurs à « pourrir » la vie des journalistes de France Info qu’il traite de tricheurs et de menteurs, quand il qualifie un contrôleur de la Commission des comptes de campagnes d’« abruti » tout simplement parce qu’il a découvert des irrégularités dans les comptes du ci-devant Mélenchon; ce dernier n’a plus besoin d’ennemis ou d’adversaires. Il se condamne tout seul à l’excès, au manque de crédibilité et de « présidentialité ».

Et en plus ce sont tous des hommes ! Bolsonaro ajoute à son tableau de chasse (il aime les armes et les fusils) le racisme, l’homophobie, la misogynie (autre point commun avec Trump)…comme si cet élu depuis 27 ans au parlement brésilien était né de la dernière pluie alors que pendant tout ce temps il a seulement proposé deux projets de lois ! Un sombre capitaine de réserve devenu président sans mérite, sans compétence…miracle du suffrage universel !

Le nouveau président du Brésil veut nous faire courir de plus grands dangers encore pour satisfaire l’immense appétit des industries agro-alimentaires. La déforestation de l’Amazonie (au bénéfice du soja) risque d’infecter encore un peu plus le poumon vert de notre planète. Alors qu’en 40 ans, 60 % des espèces de vertébrés ont disparu (source WWF France) notamment dans les  zones tropicales, les Trump et consorts sortent ou veulent sortir des accords de Paris pour s’exonérer des efforts à entreprendre afin de limiter l’émission des gaz à effets de serre. Encore un point commun des souverainistes et des nationalo-populistes : on s’occupe de l’intérieur de nos frontières car c’est là que s’arrête le nuage de Tchernobyl ! Pauvres de nous. Avec des dirigeants comme ceux-là, on est très mal parti.

26 octobre 2018

Paris-Louviers par le train : une vraie galère !


Voilà ce qu'on lit sur le site de la SNCF ! (capture d'écran)
J’ai déjà dénoncé sur ce blog les retards, suppressions, aléas des trains utilisant la ligne Le-Havre-Paris via Rouen. Hervé Morin et Nicolas Mayer-Rossignol avant lui, comme présidents de la Région Normandie, ont effectué bien des démarches auprès de la SNCF pour améliorer la circulation sur cette ligne très fréquentée et donc souvent saturée.

Mais il y a pire si j’ose dire. Un ami hôtelier de Louviers, conseiller municipal qui plus est, me racontait ce matin qu’il avait accueilli plusieurs clients, ces dernières semaines, dressant le même constat : pour atteindre Louviers de Paris, « c’est une vraie galère ! » Pourquoi ? Tout simplement parce que les moteurs de recherches Internet (j’en ai fait l’expérience ce vendredi matin) invitent les passagers de la SNCF à passer par Evreux ou Rouen pour gagner notre ville ! Incroyable ! Il est même précisé que le trajet durera 2h49 voire 3 heures puisqu’il faudra emprunter des navettes-bus et encore pas tout le temps ! Merci qui ? Merci oui.

Autrement dit, la SNCF n’indique pas à ses clients qu’atteindre la ville de Louviers dépend, de fait, de la gare de Val-de-Reuil et que cette gare dessert toutes les communes de l’agglomération avec un  service de bus performant puisqu’il prend en compte tous les trains s’arrêtant à Val-de-Reuil. Il est donc du devoir du président de la CASE, du maire de Louviers, du maire de Val-de-Reuil, d’intervenir auprès de la SNCF, pour que les sites de ce grand service public ( ?) intègre la réalité géographique du terrain et indique aux voyageurs qu’ils doivent emprunter la ligne Paris-Rouen, descendre à Val-de-Reuil s’ils veulent visiter Louviers ou vivre avec le maximum de confort. Est-ce trop demander ?
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25 octobre 2018

Saint-Aubin-sur-Gaillon : La victoire de la CASE est aussi la défaite de Sébastien Lecornu


Sébastien Lecornu au centre. ©Jean-Charles Houel
L’annulation des arrêtés préfectoraux plaçant la communauté de communes de la région de Gaillon (pour faire court) dans les mains de celle des Vernonnais (pour faire vite) est une victoire (provisoire ?) pour les animateurs de la communauté d’agglomération Seine-Eure et une lourde défaite pour Sébastien Le Cornu, ancien maire de Vernon, ancien  président du Conseil départemental et dorénavant ministre délégué aux collectivités territoriales.

Le nœud de l’affaire est très simple. Dans la communauté Eure-Madrie-Seine (Gaillon donc), il existe une commune dite plus « riche » que les autres. Cette commune, Saint-Aubin-sur-Gaillon, pour la nommer est présidée par un maire qui a décidé, avec l’accord de son conseil municipal, de céder aux appels des sirènes vernonnaises (Sébastien Lecornu…) et de demander sa sortie de la communauté à laquelle elle appartient actuellement. Cette richesse fait des envieux, des jaloux et les Vernonnais-Andelysiens se voyaient bien capter les ressources de Saint-Aubin.

Je passe sur les aléas nombreux qui meublent les mois passés en polémiques et discussions. La majorité des membres de la communauté de Gaillon, quant à eux, a souhaité, légitimement eu égard à ses diverses compétences et sa proximité géographique, adhérer à l’agglomération Seine-Eure actuellement présidée par Bernard Leroy. Cette agglomération de 37 communes est attractive, dynamique, et ses finances sont saines.

Ce dernier et son exécutif ont donc décidé de ne pas se laisser…exécuter. Considérant notamment, que la communauté de Gaillon a contribué au financement de la zone d’activité de Saint-Aubin et qu’il est trop facile d’oublier le passé, Ils ont attaqué les arrêtés du préfet devant le tribunal administratif de Rouen (ils soutenaient le départ vers Vernon) et iront in fine devant le Conseil d’Etat si besoin. Dans l’attente, les esprits échauffés vont retrouver leur sérénité et le travail administratif se poursuivre. Ainsi au 1er janvier 2019, si le préfet ne fait pas preuve de mauvaise volonté, les communautés de Gaillon et de Louviers devraient se marier pour le meilleur. Mais rien n'est encore certain puisque le préfet, Thierry Coudert, veut absolument satisfaire un ministre du gouvernement même s'il cache cet argument.

Logique, non ? Dans la mesure où ces deux communautés bordent la Seine et vont s’unir pour favoriser le développement économique d’un axe fort entre Le Havre, Rouen et Paris. Les élus de Saint-Aubin-sur-Gaillon devraient faire contre mauvaise fortune bon cœur, eux qui continueront de percevoir la taxe foncière des unités industrielles et artisanales si proches de l’autoroute A 13. Les logiques économiques doivent primer les impératifs politiques un peu trop voyants en l’occurrence.
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22 octobre 2018

La trumpisation de Jean-Luc Mélenchon ne lui apportera que des déboires


Trop tôt. Trop vite. Fabrice Arfi, journaliste de Médiapart, a eu tort de rendre publique la relation privée entre Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou. Pour justifier cette révélation, le journaliste assure que les développements futurs des enquêtes en cours apporteront leurs lots d’informations notamment sur d’éventuels conflits d’intérêts. Au stade actuel de l’enquête, cette supposition devait demeurer tue. Il serait toujours temps, plus tard, après les interrogatoires de Mme Chikirou devant les policiers ou les juges, de dénoncer des faits avérés et prouvés.

Jean-Luc Mélenchon affirme, de son côté, que Mme Chikirou n’est pas sa compagne. Sa compagne peut-être pas, une amie certainement. Elle a été sa directrice de campagne lors de la dernière présidentielle et, depuis 2012, c’est elle qui orchestre le bruit et la fureur du leader de la France insoumise. Elle est même la théoricienne de l’acharnement visant à discréditer les journalistes, manière d’occuper l’espace médiatique et d’attirer l’attention.

Il y a des limites à cette stratégie. Celles d’en faire trop. Et Jean-Luc Mélenchon est tombé à deux reprises dans le panneau. Tout d’abord en moquant l’accent toulousain d’une journaliste de FR3 région et ensuite en demandant à ses militants et élus de « pourrir » la vie des journalistes de France Info, antenne qui a mis au jour les « surfacturations » de Mme Chikirou, surfacturations contestées en bloc par les animateurs de la France Insoumise.

Il reste que la mise en cause des magistrats, du pouvoir politique, des policiers, des journalistes, constitue un lourd passif. Ce passif pose un nombre important de questions : Jean-Luc Mélenchon est-il psychologiquement et physiquement à la hauteur de ses ambitions ? Doit-il « consulter », comme l’a dit avec malice Michel Drucker qui l’a trouvé fatigué ? A-t-il mesuré les dégâts causés dans l’opinion publique par une colère surjouée ou feinte ? Enfin, JLM devient-il une sorte de JMLP (Jean-Marie Le Pen) dont les excès de langage et les agressions verbales lui valurent quelques procès et plusieurs condamnations. En traitant les journalistes de France Info de menteurs (une plainte va être déposée) JLM a pris un gros risque : celui d’être démenti par les faits. En bousculant procureur et officiers de police judiciaires, JLM a, en plus, donné un exemple fâcheux d’un manque de maîtrise et de raison.

21 octobre 2018

700 000 manifestants demandent un second referendum sur le Brexit


Les drapeaux de l'Union européenne ont flotté dans les rues de Londres. © Gautier Houel
Ayant la chance de bénéficier du concours d’un envoyé spécial permanent à Londres, je ne saurais passer sous silence, la belle et grande manifestation qui a eu lieu hier, dans la capitale britannique. Les anti-brexiters ont, en effet, décidé de faire connaître à Theresa May, la première ministre conservatrice, leur désir de la voir (elle ou un autre) organiser un second referendum avec cette même question : rester ou sortir de l’Union européenne ?

Les milieux économiques, commerciaux, financiers, et des citoyens plus éclairés que d’autres, ont compris les dégâts que le Brexit allait causer dans leur société. Les 51,8% des voix en faveur de la sortie ayant été obtenus à la suite d’une campagne mensongère des Farage et autres Johnson, les anti-brexiters considèrent avec raison que la vérité a été malmenée et que Cameron, alors au pouvoir, a mal expliqué les conséquences d’un Brexit dur ou, tout simplement, celles d’une absence totale d’accord.

Les Français, les Belges, les Britanniques aussi, se préparent à cette absence d’accord, ce qui serait pour les résidents étrangers en Grande-Bretagne et les résidents britanniques dans les autres pays d’Europe, une vraie catastrophe. Les ports français, surtout, en pâtiraient. On nous dit que l’accord entre la Grande-Bretagne et l’UE est acquis à 90 %. Et que s’il n’est pas entériné, c’est à cause du problème irlandais. Où placer la frontière entre les deux Irlande : en mer ou sur la terre avec les risques inhérents compte tenu des relations tendues entre les Unionistes (favorables au lien avec l’Angleterre protestante) et les Irlandais indépendants et catholiques.

Comme la majorité actuelle à la Chambre des Communes ne tient que grâce aux dix députés DUP (unionistes) Theresa May ne dispose que de peu de marge de manœuvre. Et comme les Travaillistes souhaitent de nouvelles élections, ils ne vont rien faire qui puissent sauver le soldat May. La manif d’hier (700 000 participants) va peut-être faire bouger les lignes à défaut de faire changer les hard Brexiters.

Le frelon asiatique : voilà l'ennemi des abeilles et des apiculteurs !


Denis Jaffré. ©Jean-Charles Houel
Le frelon asiatique ou vespa velutina, voilà l’ennemi ! L’ennemi des abeilles et des apiculteurs mais également l’ennemi des guêpes, des abeilles solitaires, des bourdons…Il est arrivé en Europe et en France en particulier au début des années 2000 et ne cesse, depuis, de se développer à vive allure. Pourquoi ? Il n’a aucun prédateur et trouve dans notre pays, tempéré, des conditions idéales pour vivre et se reproduire.

Le nombre de nids explose, année après année, obligeant les collectivités et les habitants à financer leur destruction (quand on les trouve évidemment) le montant total des dépenses atteignant des centaines de milliers d’euros. Sans oublier les victimes (mortes parfois) des piqures de cet hyménoptère particulièrement agressif autour de son nid.

Vespa velutina.©Jean-Charles Houel
Le Syndicat des apiculteurs de l’Eure avait invité Denis Jaffré, un apiculteur breton, originaire du Finistère, l’un des départements les plus touchés par le frelon asiatique.
Denis Jaffré, en homme de terrain et de bon sens, a étudié sur le temps long, les habitudes du Frelon asiatique. Si ce dernier s’alimente en sucre, il adore la viande ou le poisson dont ses larves sont nourries. Les abeilles, au vol plus lent et aux défenses inactives contre le frelon, sont des proies de choix aboutissant, par fois, à la disparition totale des ruches.

C’est en constatant les pertes des 35 ruches d’un rucher dans son Finistère natal que Denis Jaffré s’est posé une question : comment piéger efficacement le frelon asiatique sans porter atteinte aux espèces autochtones et notamment au frelon vespa crabo que les pièges actuels n’épargnent pas ? Ainsi, il a inventé un piège (commercialisable en janvier prochain) primé au concours Lépine à Paris, tant son efficacité et sa simplicité (tout de même réfléchie) vont permettre aux apiculteurs de passer de meilleures nuits. Je connais (j’en suis) des apiculteurs qui, munis de leur raquette de badminton, passe des heures devant leurs ruches pour dézinguer vespa velutina en vol stationnaire. Si leur esprit est apaisé, l’efficacité est nulle ! Qu’on se le dise.

Le piège Jaffré.© JCH
Il va donc falloir patienter quelques mois avant de pouvoir acheter le piège de M. Jaffré. Ceux qui sont intéressés pourront le rencontrer à Rouen, le weekend prochain, puisqu’il participera au congrès annuel des syndicats d’apiculture et des groupements de défense des abeilles. L’année exceptionnelle que nous venons de vivre sur le plan climatique ne doit pas nous faire oublier que les abeilles sont en danger non seulement parce que les frelons les mangent mais aussi parce que les pesticides utilisés en quantité industrielle ont mené la vie dure à nos avettes. J’ajoute que la disparition des insectes entraîne celle des oiseaux et aboutit à la rupture des équilibres écologiques. L’homme demeure un apprenti sorcier.

17 octobre 2018

Jean-Luc Mélenchon, un leader maximo à la Française ?


Je ne parviens pas à détester Jean-Luc Mélenchon…ni à lui porter estime. Cet homme politique a de la bouteille et une expérience extraordinaire des débats et des combats. Ce qui s’est passé hier, à la permanence de la France Insoumise est pourtant la preuve que malgré les ans, malgré les responsabilités (parfois ministérielles) malgré les différentes alertes anciennes ou récentes, rien ni personne ne peut empêcher le « leader maximo »(1) français de déclencher le bruit et la fureur.

L’enquête judiciaire en cours dira qui a dépassé les limites. Qui des députés insoumis ou des policiers en service sous la tutelle d’un procureur représentant le parquet après une enquête préliminaire ouverte dans les formes, a semé le désordre et une forme de violence absolument inadmissible ? Des images circulent abondamment sur les chaînes d’information en continu. On y voit Jean-Luc Mélenchon, hors de lui, se targuer de son titre de député (« Je suis un élu de la nation, ma personne est inviolable etc. etc. » pour empêcher la poursuite d’une perquisition dont tout démontre qu’elle s’opérait en toute légalité après l’avis des juges compétents.
Capture d'écran.

JLM y voit la main d’une police politique et d’une agression ciblée. Il a tort. D’autres partis (le RPR, le PS, le FN, le MODEM…la gauche et la droite) ont été dans la tourmente judiciaire sans pour autant attenter physiquement aux policiers ou aux magistrats enquêteurs. La perquisition d’hier n’avait pas pour but de saisir les fichiers de la France Insoumise ni le contenu des ordinateurs sauf, bien sûr, ce qui a trait au financement de la dernière campagne présidentielle dont on sait qu’un redressement a été ordonné après que la Commission des comptes de campagne a alerté le procureur de la République. Cette perquisition a été interrompue suite aux incidents créés par les députés LFI. Peut-être était-ce l’objectif ? Pour justifier son ire, JLM affirme que ses comptes ont été validés ! La Belle affaire. Les comptes de Sarkozy aussi avaient été validés. Il n’empêche qu’existe un soupçon de financement libyen lors de la campagne 2007 sans oublier l’affaire Bygmalion en 2012 (20 millions d’euros de dépassement). La Commission des comptes de campagne n’a pas les moyens d’enquêter sur des sommes suspectes et encore moins de s’ériger en juge. Elle constate, accepte, déplore ou signale. C’est son rôle, point barre. La validation des comptes ne prouve rien.

L’image de Jean-Luc Mélenchon va évidemment être écornée après la vision des images qui le montrent vociférant, éructant, appelant à la rescousse ses camarades élus et militants. Je suis d’ailleurs surpris qu’ils aient suivi JLM comme un seul homme et qu’il ne se soit pas trouvé un Coquerel, un Bompard, un Corbières ou une Clémentine Autain pour dire à JLM : « Jean-Luc, tu déconnes. Tu perds ton sang froid. Tu as tort ». Le sang froid est une qualité essentielle pour un dirigeant politique. Imaginons que le préfet Maurice Grimaud (2) en 1968 ait perdu son sang froid. Sans lui, il y aurait eu des morts et des blessés. C’est une chose de protester (légitimement) ou de se révolter. C’en est une autre de devenir dirigeant…et homme d’Etat.

(1) Nom donné à Fidel Castro par les anticastristes. 
(2) M. Grimaud a agi contre l'avis de son ministre qui n'aurait pas hésité à faire tirer contre la foule.

16 octobre 2018

Rendez vous à Blois avec l'œuvre de Pierre Mendès France, « un homme d'avenir »

Les Rendez-vous de l’Histoire sont organisés à Blois depuis plus de vingt ans. Il s’agit d’un grand moment pour les historiens, bien sûr, mais aussi, et surtout, pour le public anonyme désireux de rencontrer des auteurs et des éditeurs. 
Les amateurs de savoir et de connaissance, venus très nombreux, sont à la fête. Grâce au livre d’Hélène Hatzfeld (1) et également grâce à Françoise Chapron, secrétaire générale de l’Institut Pierre Mendès France qui n’a pas ménagé ses efforts, j’ai passé deux jours enrichissants à Blois.

France Culture, partenaire des rendez-vous de l'Histoire 
Je retiens, naturellement, la soirée consacrée aux livres dédiés à la vie ou à l’influence de Pierre Mendès France. 
Avec la biographie « économique » de Michel Beck (2) par exemple, on comprend mieux pourquoi, ni le général de Gaulle, ni François Mitterrand, n’ont voulu tenir compte des avis de l’ancien président du Conseil. Ses préconisations, animées d’une certaine rigueur, contrastaient avec la facilité d’un Pleven ou d’un Mauroy bien vite rattrapés par le réel. Il est vrai, comme l’a écrit Georges Kiejman, qu’« on peut avoir tort économiquement et raison politiquement.

Les « Ecrits de Résistance » (3) réédités à l’initiative de Vincent Duclert et Joan Mendès France (après le décès de Michel, fils de PMF) nous installent de plain pied, dans l’intimité d’un homme exceptionnel dont la vie fut marquée à jamais par l’accusation inique et révoltante de désertion lors du fameux procès de Clermont-Ferrand.  L’histoire de l’ancien maire de Louviers fut, dès lors, comme une longue course contre l’humiliation et pour la justice en laquelle l’avocat mais aussi le politique croyait comme un absolu. PMF n’eut de cesse d’obtenir l’annulation du jugement le condamnant à l’infamie parce qu’il était juif, de gauche et franc-maçon (tout comme son ami Jean Zay) ce qu’il obtint quelques années après la fin de la guerre. Jamais, donc,  son patriotisme ne fut pris en défaut, surtout pas quand il a rejoint le général De Gaulle et la France Libre à Londres. Là, il passa plusieurs mois à guider les pilotes des bombardiers Boston ainsi qu’à réfléchir à la situation de la France d’après-guerre sans oublier les liens indéfectibles avec son épouse et ses fils réfugiés aux Etats-Unis.

Hélène Hatzfeld, en forme de conclusion et pour répondre à l’impératif de « la puissance des images » thème de ces Rendez-vous de l’histoire 2018, avait choisi sept photos de la série présentée en mai dernier aux Lovériens dans la salle du Moulin. Il s’agissait pour elle de mettre en exergue les conséquences politiques qui suivirent la démission de PMF de tous ses mandats électifs en 1958, après sa défaite face à Rémy Montagne. D’un ton juste et précis, elle rappela l’élection en 1965 d’une équipe dite d’Union des Gauches puis de la liste d’Action de Gauche en 1976-77, le tout en conjuguant la nécessité du lien direct entre l’élu et l’électeur et l’originalité des propositions et projets d’Ernest Martin, ancien maire de Louviers. Il se trouve que tous deux furent battus aux élections après la défaillance lovérienne des élus PC ou l’abstention volontaire grenobloise des électeurs communistes avec lesquels il fallait alors compter.

Cette soirée m’a permis de rencontrer deux personnalités éclatantes : Hélène Mouchard Zay, la fille du grand ministre de l’Education nationale (assassiné par la milice en juin 1944) toujours à l’œuvre pour entretenir sa mémoire et d’Alain Chatriot, professeur d’histoire à Sciences Po Paris. Tous deux, à leur manière, témoignent d’une véritable passion pour un passé qui, si, parfois, il ne passe pas, comme l’écrivent Henry Rousso et Eric Connan s’agissant de Vichy, permet de comprendre le présent et de construire l'avenir.

( 1 - Hélène Hatzfeld : La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers 1965-1983, Ed. PUR
( 2- Michel Beck : Pierre Mendès France, un homme d’avenir. Ed. Société des écrivains
( 3 - Pierre Mendès France, Ecrits de Résistance, édition établie par Vincent Duclert avec la collaboration de Joan Mendès France, CNRS éditions