Les amateurs de savoir et de connaissance, venus très nombreux, sont à la fête. Grâce au livre d’Hélène Hatzfeld (1) et également grâce à Françoise Chapron, secrétaire générale de l’Institut Pierre Mendès France qui n’a pas ménagé ses efforts, j’ai passé deux jours enrichissants à Blois.
France Culture, partenaire des rendez-vous de l'Histoire |
Avec la biographie « économique » de Michel Beck (2) par exemple, on comprend mieux pourquoi, ni le général de Gaulle, ni François Mitterrand, n’ont voulu tenir compte des avis de l’ancien président du Conseil. Ses préconisations, animées d’une certaine rigueur, contrastaient avec la facilité d’un Pleven ou d’un Mauroy bien vite rattrapés par le réel. Il est vrai, comme l’a écrit Georges Kiejman, qu’« on peut avoir tort économiquement et raison politiquement.
Les « Ecrits de Résistance »
(3) réédités à l’initiative de Vincent Duclert et Joan Mendès France (après le
décès de Michel, fils de PMF) nous installent de plain pied, dans
l’intimité d’un homme exceptionnel dont la vie fut marquée à jamais par
l’accusation inique et révoltante de désertion lors du fameux procès de
Clermont-Ferrand. L’histoire de
l’ancien maire de Louviers fut, dès lors, comme une longue course contre
l’humiliation et pour la justice en laquelle l’avocat mais aussi le politique croyait
comme un absolu. PMF n’eut de cesse d’obtenir l’annulation du jugement le
condamnant à l’infamie parce qu’il était juif, de gauche et franc-maçon (tout comme
son ami Jean Zay) ce qu’il obtint quelques années après la fin de la guerre. Jamais,
donc, son patriotisme ne fut pris
en défaut, surtout pas quand il a rejoint le général De Gaulle et la France
Libre à Londres. Là, il passa plusieurs mois à guider les pilotes des
bombardiers Boston ainsi qu’à réfléchir à la situation de la France d’après-guerre
sans oublier les liens indéfectibles avec son épouse et ses fils réfugiés aux
Etats-Unis.
Hélène Hatzfeld, en forme de
conclusion et pour répondre à l’impératif de « la puissance des images » thème
de ces Rendez-vous de l’histoire 2018, avait choisi sept photos de la série
présentée en mai dernier aux Lovériens dans la salle du Moulin. Il s’agissait
pour elle de mettre en exergue les conséquences politiques qui suivirent la
démission de PMF de tous ses mandats électifs en 1958, après sa défaite face à
Rémy Montagne. D’un ton juste et précis, elle rappela l’élection en 1965 d’une
équipe dite d’Union des Gauches puis de la liste d’Action de Gauche en 1976-77,
le tout en conjuguant la nécessité du lien direct entre l’élu et l’électeur et
l’originalité des propositions et projets d’Ernest Martin, ancien maire de
Louviers. Il se trouve que tous deux furent battus aux élections après la
défaillance lovérienne des élus PC ou l’abstention volontaire grenobloise des
électeurs communistes avec lesquels il fallait alors compter.
Cette soirée m’a permis de
rencontrer deux personnalités éclatantes : Hélène Mouchard Zay, la fille
du grand ministre de l’Education nationale (assassiné par la milice en juin 1944)
toujours à l’œuvre pour entretenir sa mémoire et d’Alain Chatriot, professeur
d’histoire à Sciences Po Paris. Tous deux, à leur manière, témoignent d’une
véritable passion pour un passé qui, si, parfois, il ne passe pas, comme l’écrivent
Henry Rousso et Eric Connan s’agissant de Vichy, permet de comprendre le
présent et de construire l'avenir.
( 1 - Hélène
Hatzfeld : La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers 1965-1983, Ed. PUR
( 2-
Michel
Beck : Pierre Mendès France, un homme d’avenir. Ed. Société des écrivains
( 3 - Pierre Mendès
France, Ecrits de Résistance, édition établie par Vincent Duclert avec la
collaboration de Joan Mendès France, CNRS éditions
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