11 mars 2017

Caricature antisémite : Accoyer présente ses excuses mais le mal est fait


Bernard Accoyer, secrétaire général du parti Les Républicains, a présenté ses excuses au nom de son parti. C’est bien le moins qu’il pouvait faire après la publication de la caricature, hier, pendant plusieurs heures, sur le site de son parti. Nous n’avons pas encore entendu François Fillon mais j’imagine qu’il a d’autres chats à fouetter que de s’inquiéter de l’image d'un parti…à la dérive.

Car l’émotion a été grande après la publication de cette caricature rappelant, comme l’a bien dit Alexis Corbière, de la France Insoumise, les années 30. C’était l’époque où les membres des ligues fascistes et des journaux d’extrême droite demandaient la mort pour Léon Blum et préparaient la grande manifestation du 6 février 1934, jour choisi pour renverser la République et mettre à bas la gueuse, le «système» républicain. Déjà, le système !

La violence verbale et physique était partout. Les insultes succédaient aux injures et il fallait être solide, bien charpenté, pour faire preuve d’engagement à gauche au service de la démocratie. Ces journées de février 1934 montraient le vrai visage d’une extrême droite rejointe par la droite extrême. En sommes-nous là aujourd’hui ? La question mérite d’être posée quand on lit que 38 % des électeurs de François Fillon ont l’intention, s’il n’est pas qualifié pour le second tour, d’apporter leurs suffrages à Marine Le Pen. La barrière morale, éthique, idéologique qu’incarnent les vrais gaullistes ou encore Chirac et Juppé, est en train de céder.

Notre république est donc à un tournant de son histoire. Trump et Farage (aux USA et en Grande-Bretagne) apportent la preuve que les mensonges quotidiens et les attaques contre les journalistes (1) sont susceptibles de faire une majorité. Le fascisme rampant a toujours existé en France. Il n’y a qu’à lire Paxton et mieux connaître notre passé. Certes et « même si le ventre est toujours fécond d’où a surgi la bête immonde » (2) il se trouvera toujours des millions de Français, de droite et de gauche, surtout, pour résister et combattre des idées nauséeuses. Finalement, la publication de cette caricature a le mérite de mettre au jour des sentiments que généralement, on a honte d’afficher publiquement. La LICRA (3) prépare une charte éthique et politique qu’elle va soumettre aux candidats à l’élection présidentielle. On verra qui la signe et surtout qui refuse de l’approuver.

(1)  « journalopes » « médiocrates » sont les insultes répétées dans les meetings de François Fillon dont les frasques et les turpitudes sont narrées dans toute la presse.
(2) Citation de Bertold Brecht.
(3)  La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme.

10 mars 2017

« Chambres à gaz et nez crochu » : des adversaires d'Emmanuel Macron se surpassent dans l'abject


Les Républicains (LR) portent très mal leur nom. La preuve ? Une caricature (voir ci-dessous) publiée sur leur site représentant Emmanuel Macron en haut de forme avec faucille et cigare dans la main, le nez crochu, entouré des portraits de ceux et celles qui le soutiennent. Et cela le jour même où Vincent Peillon, ancien ministre de Gauche, s’est permis une allusion infecte en comparant le mouvement « en Marche »…et l’UMPS…et Marine Le Pen…et les chambres à gaz. Il serait souhaitable que l’ancien candidat à la primaire socialiste explicite son propos et clarifie cette association d’idées dont on ne comprend ni le contexte ni la finalité. A moins que cette saillie ait été motivée par quelque dérapage inconscient, de toute façon coupable de la part d’un homme politique que, jusqu’aujourd’hui, j’estimais.

Des Républicains…bien peu républicains.
Quant aux fameux républicains, face au tollé et aux remarques nombreuses des internautes, ils se sont résolus à modifier leur caricature en supprimant l’objet du délit (l’antisémitisme étant évident) et en remplaçant l’homme au cigare par une photo d’Emmanuel Macron. Évidemment, l’effet n’est pas aussi explosif qu’espéré avec le premier mouvement. Tout de même, qu’une idée pareille ait germé dans un esprit forcément collectif ne laisse pas d’inquiéter sur la réalité des hommes (et peut-être des femmes) qui entourent François Fillon.

Il est déplorable de constater que les Républicains d’un côté et Vincent Peillon de l’autre (j’ose espérer que Benoît Hamon ne cautionne pas les propos de ce dernier) face aux sondages négatifs et permanents — mais rien n’est définitif et une campagne sert à éclairer l’opinion publique voire à modifier ses points de vue — se livrent à des bassesses quelque peu surprenantes dans une période dont ils ne maîtrisent plus le tempo. Les animateurs du mouvement « En marche » crient au scandale et ils ont raison. Le programme d’Emmanuel Macron peut et doit être critiqué, ausculté, discuté. Nul besoin de chambres à gaz ni de nez crochu de sinistre mémoire. 

9 mars 2017

Les centristes ne savent plus où donner de la tête


Ah ces centristes, ils sont extraordinaires. Le prototype de cette branche politicienne me paraît être ce M. Lagarde qui préside l’UDI, parti auquel appartient le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud. Il pourrait dire comme Jules Renard : « une fois que ma décision est prise, j'hésite longuement. » Pendant des jours et des jours, M. Lagarde exhorte le parti LR à changer son candidat à la présidentielle tant il est frappé d’indignité et propose pour le remplacer tantôt Alain Juppé, tantôt jean-Louis Borloo. Mais les faits sont têtus et Fillon résiste à la tempête. Chez les Républicains, après un week-end calamiteux au cours duquel a été dit tout et son contraire, quand Sarkozy fixait ses conditions à la candidature de Juppé tout en soutenant Fillon en sous-main, Gérard Larcher a finalement sifflé la fin de la récréation en déclarant : « l’incident est clos, tous derrière Fillon ! » Lequel les avait tous roulés dans la farine car le fils du notaire de Sablé avait plus d’un tour dans son sac.

Jean-Christophe Lagarde est le prototype des centristes.
Face à cette adversité — étant entendu que M. Lagarde a annoncé la défaite assurée avec Fillon — qu’a dit le conseil national de l’UDI, réuni l’autre soir à Paris pour trancher : « l’accord pour la législatives entre l’UDI et LR tient toujours ». Ils sont prudents ces centristes surtout pour conserver quelques circonscriptions. Quant à la présidentielle ils sont impatients de lire les nouvelles propositions de Fillon !  Autrement dit, il est urgent d’attendre. En fait, l’UDI va demeurer en retrait de la campagne avec des initiatives individuelles locales variables et attendre le soir du premier tour de la présidentielle pour se positionner en faveur du candidat qui affrontera « la Poison » (1), je veux dire Marine Le Pen si les sondages se confirment.

L’UDI ne sera pas la seule à patienter puisque nombre de socialistes sont dans le même cas. Les ultimes sondages de la campagne permettront aux uns et aux autres de se déterminer non pas tant par rapport à un projet mais surtout par rapport à celui ayant le plus de chances de battre Marine Le Pen. Bertrand Delanöé, ancien maire de Paris, s’est déclaré, dès hier, en faveur d’Emmanuel Macron, le programme de Benoît Hamon ne lui convenant pas. Il a le mérite de la franchise et de se déterminer clairement. Lui ne volera pas au secours de la victoire. Quand on dresse le bilan de ces derniers jours, qui peut avoir envie de soutenir François Fillon un candidat dont la principale qualité semble bien être l’entêtement et l’aveuglement de la passion sinon le noyau dur de plus en plus rabougri.

 (1) L’expression n’est pas de moi mais de Karl Zéro hier matin sur France Info.

8 mars 2017

François Fillon candidat des sans-culottes ! Quel culot ! (1)


François Fillon dit s’appuyer « sur la France des châteaux, des cathédrales et des sans culottes ». Des cathédrales, sûrement puisque la cathosphère et Sens commun (1) ont assuré le relatif succès populaire de la manifestation du Trocadéro. Des châteaux, sans nul doute puisque lui et son épouse Pénélope en possèdent un à Sablé dans la Sarthe. Des sans culottes, je n’en suis pas du tout certain. Il suffit d’analyser, comme l’ont fait les observateurs présents à Paris dimanche, la sociologie des manifestants (qui n’étaient pas 200 000 comme la crié Bruno Retailleau mais 50 000 ce qui est déjà bien). Les «pèlerins» soutenaient le futur mis en examen ( ?) en famille, portaient loden vert et jupe écossaise sans oublier la casquette plate indispensable sous la pluie battante…

Capture d'écran.
Les sans culottes, du nom des révolutionnaires de 1789 dont se réclame le candidat de la droite dure, étaient évidemment absents. Le peuple de France avait autre chose à faire que d’aller soutenir celui qui porte atteinte à l’état providence et propose un programme économique et social bâti sur du sang et des larmes. Et alors même que son épouse et ses enfants ont eu accès au confort matériel des privilèges que l’on sait. Invoquer les mânes des sans-culottes…quel culot !
Fillon ne gagnera pas la présidentielle. Obtus autant qu’obstiné, il gère au mieux ses parrainages, bénéficie de l’argent de la primaire et de la pusillanimité de ses adversaires de l’intérieur. Certains avaient quitté la scène, ils reviennent ! D’autres moins courageux ou plus lâches, se tiennent en réserve. D’autres iront rejoindre Emmanuel Macron, réceptacle de toutes les rancœurs et agrégat d’une folle espérance. François Fillon « le séguiniste » devient donc l’avatar d’une droite intégriste, à mille lieues de la droite sociale à laquelle il appartint jadis. Ce n’est pas le prêt de 50 000 euros non déclaré à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (2) qui va améliorer son image d’homme probe et intègre. Un pavé de plus dans la mare aux affaires ! 

(1) article à paraître Dans La Dépêche du 9 mars 2017
(2) Sens commun, association à l’origine de la « Manif pour tous » contre le mariage de personnes du même sexe.

6 mars 2017

Le travail de Pénélope Fillon auprès de M. Joulaud n'était que « paroles verbales » (1)


(capture d'écran).
Dans le JDD d’hier, Pénélope Fillon est longuement interviewée par deux journalistes. Le plus intéressant n’est pas tant les réponses qu’elle donne que la publication deux pages plus loin d’extraits des procès verbaux des interrogatoires des époux Fillon par les policiers de la police judiciaire. Je ne prendrai qu’un exemple du travail « effectif »…effectué par Pénélope Fillon auprès de l’ancien suppléant de son mari devenu député quand celui-là a été nommé premier ministre de Nicolas Sarkozy.

Pénélope Fillon, au service de M. Joulaud, ancien suppléant donc de François Fillon, payée jusqu’à 10 000 euros par mois, n’avait qu’une action « orale » affirme-t-elle. Celle de le relier du Palais Bourbon (à Paris) à la circonscription de la Sarthe ! Une action orale ! Etonnons-nous, dès lors, que la réalité du travail accompli ne puisse être apportée ou concrétisée puisqu’il ne s’agissait que de « paroles verbales » comme disent les hommes politiques. Qui peut, dès lors, croire sérieusement que ce travail n’était pas fictif ? Qui peut croire qu’un travail « oral » peut convaincre le parquet et les juges d’instruction de la réalité d’une collaboration concrète et réelle ? François Fillon a beau clamer partout que sa femme a travaillé à la discrétion de son employeur « et que personne d’autre que ce dernier n’a à contrôler le contenu de ce travail » il sera certainement obligé de trouver un autre angle de défense s’il veut convaincre les juges d’instruction de sa bonne foi. 

Quant à M. Ladreit de la Charrière, de la Revue des deux mondes, s’il a embauché Mme Fillon, « c’est à la demande son mari » lequel l’a décoré de la croix d’officier de la Légion d’honneur quelques mois après, suscitant la curiosité des juges qui le soupçonnent de trafic d’influence (2) délit retenu par le parquet national financier.

De même, le toujours candidat LR à la présidence devra également répondre de « fausse déclaration de patrimoine » devant la Haute autorité pour la transparence de la vie publique qui sous-entend une sous estimation des propriétés que possède le couple Fillon. La perquisition effectuée récemment par la PJ dans le manoir-château de Sablé n’avait d’autre but que d’expertiser le bien des Fillon au prix du marché. Cet ensemble de délits aboutira sans doute à la mise en examen du couple Fillon.

Alain Juppé, ce matin, en réitérant sa volonté de ne pas être candidat à la présidence de la République, a clairement affiché son opposition aux arguments de Fillon. Le maire de Bordeaux assure que « le complot judiciaire et l’assassinat politique » n’ont aucune réalité (« le prétendu complot ») et que jamais la droite ne s’est trouvée dans une situation aussi catastrophique à quelques semaines du premier tour de la présidentielle. Venant d’un ancien Premier ministre, lui-même victime d’une condamnation pour emplois fictifs (à la mairie de Paris) ces propos devraient ouvrir les yeux des militants les plus radicalisés. L’élection imperdable est devenue l’élection ingagnable.

(1) pléonasme couramment utilisé en politique.
(2) Le trafic d’influence est le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment, directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des marchés ou toute autre décision favorable.

5 mars 2017

François Fillon finira-t-il dans les poubelles de l'histoire ?


Donald Trump est un adepte de la doctrine Pasqua. Même s’il n’a jamais entendu parler de l’ancien ministre français, le nouveau président des Etats-Unis applique à la lettre une théorie dont le créateur du SAC (service d’action civique) usait et abusait. Elle est la suivante : quand vous êtes mis en cause dans une affaire, créez en une de toutes pièces afin de détourner l’attention et l’intérêt des médias.

Inquiété par les liens des membres de son entourage familial et « professionnel » avec la Russie de Vladimir Poutine, plusieurs ministres étant mis en cause, le président a décidé de s’en prendre à Barack Obama qui, selon lui, l’aurait mis sur écoute en octobre dernier. Trump n’apporte évidemment aucune preuve ni aucun élément permettant d’accréditer cette attaque. Il dit avoir découvert cette information sur le site de Breitbart News dont l’un de ses principaux conseillers est, comme par hasard, ancien éditorialiste et non des moindres puisqu’il s’agit de Steve Banon. Autrement dit, le coup monté est évident. Les conseillers de Barack Obama ont démenti cette affirmation diffamatoire mais Trump s’en tape le coquillard.

Pour lui, ce qui compte c’est d’enfumer l’opinion publique, de faire diversion, de créer le buzz autour d’une soi-disant affaire qui éloignerait les journalistes de ses actes et de ses manquements. Un magazine diffusé récemment à la télévision sur la vie de Trump expliquait très bien comme l’un de ses mentors taillait en pièces la vérité et comment il lui fallait réagir en cas de mise en cause : plutôt que de se défendre, attaquer. C’est ce que fait Trump. Certes, la ficelle est un peu grosse mais quand les hommes ou les femmes politiques décident de parler aux tripes plutôt qu’à la raison des citoyens — le propre du fascisme au demeurant — leur discours sème le doute, suscite des passions, crée un climat anxiogène favorable à la colère et surtout à la théorie du complot.

La France de 2017 est également atteinte par ce mal. Marine Le Pen refuse de se rendre chez les juges, craignant une mise en examen qui n’est que partie…remise, Fillon en appelle à la rue contre les juges « rouges » avec le soutien des fanatiques de Sens commun et de la Manif pour tous. Heureusement, nombre des parlementaires de la droite et du centre veulent sortir du guêpier. Ils ont compris que le comportement suicidaire de François Fillon allait les atteindre tous. Cet après-midi à Paris, l’ancien maire de Sablé pourra compter sur les plus extrémistes de ses supporteurs. Et alors ? L’effet Berlusconi (en souvenir de la grande manifestation de 2003) a montré ses limites et l’homme a fini sa carrière dans les poubelles de l’histoire. François Fillon veut-il l’y rejoindre ?

3 mars 2017

Le capitaine Fillon décidé à toucher le fond avec son navire que les rats quittent par dizaines


Les rats quittent le navire. Par dizaines, les soutiens ( ?) de François Fillon décident de retourner leur veste et de chercher une solution de rechange. Le plan B serait donc le plan A comme Alain Juppé. Il sera toujours temps d’examiner la candidature de l’ancien premier ministre condamné, lui, pour emplois fictifs à la mairie de Paris. Attardons nous plutôt un instant sur les défections, reniements, lâchages de tous ces politiciens qui, il y a encore quelques semaines, ne juraient que par le candidat immense favori d’une élection imperdable…On parlait même d’un vrai boulevard.

Aujourd’hui, le boulevard est devenu une impasse et les députés (plus intéressés par les législatives que par la présidentielle ce en quoi ils ont tort) voudraient bien s’extirper du piège que leur tend François Fillon en clamant urbi et orbi qu’il ira jusqu’au bout et qu’il « ne se rendra pas », comme s’il était assiégé par le GIGN comme un vulgaire braqueur poursuivi après un hold-up. Le courage politique des Lemaire et consorts s’estime proportionnellement aux chances qu’ils ont d’être réélus et non pas à l’échelle des valeurs et des principes puisque rien n’a fondamentalement changé dans la situation de François Fillon depuis la mise au jour des éventuels emplois fictifs et familiaux.

Pourquoi ces donneurs de leçons d’aujourd’hui n’ont-ils pas déclaré plus tôt qu’un candidat élu lors de la primaire de la droite sur les thèmes de l’honnêteté et de la probité ne pouvait évidemment plus les représenter avec crédibilité puisque sérieusement mis en cause pour un comportement vraisemblablement délictueux. Pourquoi a-t-il fallu attendre un mois de palabres et de contradictions permanentes pour que ces messieurs et ces dames de l’UDI et de LR comprennent que la situation devenait périlleuse à la fois pour leurs partis mais aussi pour l’avenir de notre pays.

J’aurais mauvaise grâce à jouer, comme Jean-Luc Mélenchon, les vierges effarouchées en regrettant qu’une importante famille politique française ne puisse être représentée par un candidat…présentable. Larmes de crocodile que ces regrets intéressés. Nadine Morano, hier encore soutien indéfectible de Fillon, a décidé ce matin, bien qu' « en ayant gros sur le cœur », d’espérer qu’une fumée blanche sortira de la cheminée Sarkozy sûrement déguisé en père Noël. Elle évoque même la candidature de François Baroin…Quant à Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, il vient lui aussi de lâcher prise ce matin. Bienvenue au bal des faux culs.

2 mars 2017

L'assassinat judiciaire dont parle François Fillon est surtout son suicide politique

Une pause ou une trêve judiciaire ! Voilà ce que Marine Le Pen et François Fillon exigent des magistrats. Empêtrés qu’ils sont dans des affaires qui les menacent, les deux candidats du FN et des Républicains cherchent par tous les moyens à éviter de faire face aux juges comme s’ils n’avaient pas la conscience tranquille. Et pourtant. L’occasion était belle de prouver leur innocence. N’est-il pas légitime, dans une démocratie digne de ce nom, que les Français soient complètement et correctement informés des conduites licites ou illégales de ceux et celles qui aspirent à les représenter ? C’est bien le moins qu’on puisse attendre des candidats à l’élection suprême alors que l’élu devra nommer les membres du CSA, du Conseil constitutionnel ou présider le Conseil supérieur de la magistrature…et assurer le fonctionnement normal des institutions.

Il me paraît aberrant que Marine Le Pen et François Fillon osent évoquer des « coups d’états institutionnels », un climat de « guerre civile », ou encore un acharnement judiciaire ciblé. Le Front national fait, depuis qu’il est présidé par Marine Le Pen, l’objet d’une quinzaine d’enquêtes pour détournements de fonds publics, emplois fictifs, favoritisme, entraînant plus d’une dizaine de mises en examen. La fille de JMLP menace même, aujourd’hui, de représailles les fonctionnaires au service de l’Etat (magistrats, policiers etc.) et non au service d’un « état patriote ». Cela promet si elle est élue, la chasse aux sorcières et d’ores et déjà ouverte ! François Fillon (bientôt mis en examen ?) son épouse et ses enfants vont, de leur côté, devoir affronter les questions de trois juges d’instruction animés par un seul objectif : la recherche de la vérité. Le reste n’est que poudre aux yeux et vaine tentative de passer pour des victimes. Quant à l’assassinat judiciaire, il vaudrait mieux pour François Fillon, utiliser le terme de suicide. Ses soutiens le lâchent un à un le condamnant soit à l’obstination soit à l’isolement.

J’ai la conviction que les noyaux durs des électeurs de Marine Le Pen et François Fillon ne bougeront pas d’un iota et que leur vote ira à leur candidat si ce dernier notamment, va jusqu’au premier tour. Mais il y aura un second tour, le tour décisif. Il importera, dès lors, que les électeurs(trices) soient correctement éclairés pour choisir en toute connaissance de cause celui ou celle qui les représentera pendant cinq ans. Je ne doute pas, comme aurait dit VGE, que les Français sauront alors faire le bon choix. A condition que les juges aient pu faire leur travail sans menaces ni entraves. Ils en ont la ferme intention.

1 mars 2017

François Fillon fonce dans le mur à toute vitesse et en klaxonnant


François Fillon s’en remet au jugement des Français. Il leur suggère de croire SA vérité qui serait LA vérité (1). Les électeurs doivent, selon lui, faire l’impasse sur l’enquête de la police judiciaire, sur celle des magistrats, sur les articles et reportages des médias…et surtout sur un dossier dont ils ne savent rien. Ou presque rien. 

François Fillon a grand tort de placer le suffrage universel au-dessus des lois communes alors qu’il assure ne pas être considéré comme un justiciable ordinaire. La loi est la même pour tous, puissants ou misérables. J’ai déjà écrit, sur ce blog, le contre sens commis par tous ces politiques «blanchis» (2) par le suffrage. Qui peut croire aux vertus morales et à la probité du couple Balkany à Levallois ou celles de Mme Ceccaldi-Reynaud à Puteaux pour ne prendre que ces deux exemples ? Réélus triomphalement, pourtant, à chaque scrutin local, ces députés, maires, adjoints, conseillers de ceci ou de cela ; apportent régulièrement la preuve des manœuvres ou des actes illégaux qu’ils commettent. Le suffrage universel n’a aucune valeur autre que celle de pourquoi il est fait : répondre aux nécessités de la démocratie participative. Rien de plus. Jamais une voix de citoyen ne remplacera une conduite individuelle irréprochable et digne.

Ainsi, quand bien même le suffrage universel ferait de Fillon le prochain Président de la République, rien n’indique que ce roi de la probité et de l’honnêteté — sur le papier — aurait eu une conduite impeccable ayant valeur d’exemplarité. Le 15 mars prochain, le chef de l’instruction du Pénélope Gate entendra François Fillon « à des fins de mise en examen ». J’ignore ce que le juge décidera, in fine, mais si un juge indépendant, non soumis à la hiérarchie du Parquet, donc, décide de placer François Fillon dans la situation de devoir répondre d’un ou plusieurs délits, cela voudra dire que le dossier d’enquête est consistant et que des indices graves OU concordants permettent de placer l’ancien premier ministre dans la situation d’un vulgaire délinquant. Et s'il en est là c'est, comme disait Paul Bourget, un célèbre écrivain de droite « parce que nos actes nous suivent. »

François Fillon a, par ailleurs, tort d’abuser des grands mots. « Coup d’état institutionnel » « climat de guerre civile » « assassinat politique »…Les boursouflures de style n’ont jamais fait des vérités. Pris qu’il est dans la nasse, le poisson Fillon se débat autant qu’il peut et il continuera tant que ses piles se rechargeront. Tant que ses amis politiques le soutiendront et tant que le noyau dur de la France des nantis l’encouragera à résister. Mais dans la tempête l’esquif ne tiendra pas longtemps.

(1) Sans oublier la vérité de son épouse Pénélope, celle de son suppléant Marc Joulaud et aussi celle de ses enfants et de M. Ladreit de la Charrière. 
(2) Quand ils sont élus !

28 février 2017

« Marine Le Pen a volé les contribuables européens mais elle refuse d'être jugée avant les élections »


 Voici le texte de la pétition parue sur le site de Change.org que j'ai signée avec empressement. Je vous livre le texte de Fanélie Cointot. Rejoignez-nous !
« Marine Le Pen a volé les contribuables européens (vous, moi, ses électeurs) - mais demande aujourd'hui que cela soit passé sous silence avant les élections ! Madame Le Pen a refusé de répondre aux questions de la police judiciaire dans le cadre de l'enquête sur les soupçons d'emplois fictifs d'assistants parlementaires au Parlement européen.
Que l'on se "rassure", elle ne "tente pas de se soustraire ainsi à la justice" : elle refuse juste d'être mise en cause avant les élections. Madame Le Pen a gros à perdre et elle le sait. (Si elle n'avait rien à se reprocher, elle s'empresserait de participer à l'enquête justement pour faire la lumière sur son "innocence".)
Mais au contraire, elle refuse de se soumettre à la justice et a même eu le culot, lors d'une intervention télévisée, de demander à la justice de ne pas "perturber" la présidentielle. (De nouveau, si l'enquête pouvait prouver son innocence, cela ne serait-il pas du pain béni pour celle qui invoque en permanence le "harcèlement injuste" dont elle est victime ?)

Son avocat Rodolphe Bosselut invoque un "principe républicain, qui n'est certes qu'un usage, qui veut que lorsque de grandes échéances électorales sont en cours, il existe une trêve judiciaire. Cette trêve a un double avantage : celui de protéger les investigations, qui ne sont pas de ce fait frappées de suspicion, mais également le cours du processus démocratique."
Ce serait donc protéger le cours du processus démocratique que d'exposer la duplicité d'un candidat avant les élections ? Laissez-moi rire. Pour rappel, l'Office européen de lutte antifraude (Olaf) reproche à Marine Le Pen et à certains députés européens du FN d'avoir fait salarier leurs collaborateurs par le Parlement alors qu'ils travaillaient pour leur parti. (Ce qui revient à dire que l'ensemble des contribuables européens ont été mis à contribution pour financer le FN, "à l'insu de leur plein gré".)

Le Parlement européen réclame 298.000 € à Madame Le Pen, qu'elle refuse (bien évidemment) de payer. Et elle n'est pas la seule à être visée par cette enquête : six députés FN doivent rembourser la bagatelle de 1,1 million d'euros. Oui, cet argent va être prélevé sur leurs indemnités mensuelles - il y aura donc remboursement. Mais à des "conditions préférentielles" (étalement de la dette sur des mois), et voilà maintenant qu'on nous parle de "trêve judicaire" pour ne pas entraver les chances de Marine dans la course à la présidence ! Et ne parlons pas des sommes réclamées aux députés FN de la mandature précédente (avant 2014), dans laquelle Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch sont mis en cause pour la "bagatelle" de presque 600.000 € !
Je rappelle que le Parlement européen est financé par les contribuables européens, c'est à dire vous et moi. Détourner des fonds revient donc à les voler dans la poche des contribuables européens (vous et moi). Je refuse de financer le FN "à l'insu de mon plein gré" ! S'il s'avère que l'enquête ne peut avoir pour résultat que de prouver que Madame Le Pen vole les citoyens qui vont bientôt voter pour la prochaine élection présidentielle, il me semble essentiel que cet élément soit connu de tous AVANT les élections !
N'en déplaise à maître Bosselut, je demande donc que l'immunité parlementaire de Madame Le Pen soit levée afin que l'enquête ne soit pas entravée, justement afin de préserver le "cours du processus démocratique."


Cette pétition sera remise à: