5 mars 2017

François Fillon finira-t-il dans les poubelles de l'histoire ?


Donald Trump est un adepte de la doctrine Pasqua. Même s’il n’a jamais entendu parler de l’ancien ministre français, le nouveau président des Etats-Unis applique à la lettre une théorie dont le créateur du SAC (service d’action civique) usait et abusait. Elle est la suivante : quand vous êtes mis en cause dans une affaire, créez en une de toutes pièces afin de détourner l’attention et l’intérêt des médias.

Inquiété par les liens des membres de son entourage familial et « professionnel » avec la Russie de Vladimir Poutine, plusieurs ministres étant mis en cause, le président a décidé de s’en prendre à Barack Obama qui, selon lui, l’aurait mis sur écoute en octobre dernier. Trump n’apporte évidemment aucune preuve ni aucun élément permettant d’accréditer cette attaque. Il dit avoir découvert cette information sur le site de Breitbart News dont l’un de ses principaux conseillers est, comme par hasard, ancien éditorialiste et non des moindres puisqu’il s’agit de Steve Banon. Autrement dit, le coup monté est évident. Les conseillers de Barack Obama ont démenti cette affirmation diffamatoire mais Trump s’en tape le coquillard.

Pour lui, ce qui compte c’est d’enfumer l’opinion publique, de faire diversion, de créer le buzz autour d’une soi-disant affaire qui éloignerait les journalistes de ses actes et de ses manquements. Un magazine diffusé récemment à la télévision sur la vie de Trump expliquait très bien comme l’un de ses mentors taillait en pièces la vérité et comment il lui fallait réagir en cas de mise en cause : plutôt que de se défendre, attaquer. C’est ce que fait Trump. Certes, la ficelle est un peu grosse mais quand les hommes ou les femmes politiques décident de parler aux tripes plutôt qu’à la raison des citoyens — le propre du fascisme au demeurant — leur discours sème le doute, suscite des passions, crée un climat anxiogène favorable à la colère et surtout à la théorie du complot.

La France de 2017 est également atteinte par ce mal. Marine Le Pen refuse de se rendre chez les juges, craignant une mise en examen qui n’est que partie…remise, Fillon en appelle à la rue contre les juges « rouges » avec le soutien des fanatiques de Sens commun et de la Manif pour tous. Heureusement, nombre des parlementaires de la droite et du centre veulent sortir du guêpier. Ils ont compris que le comportement suicidaire de François Fillon allait les atteindre tous. Cet après-midi à Paris, l’ancien maire de Sablé pourra compter sur les plus extrémistes de ses supporteurs. Et alors ? L’effet Berlusconi (en souvenir de la grande manifestation de 2003) a montré ses limites et l’homme a fini sa carrière dans les poubelles de l’histoire. François Fillon veut-il l’y rejoindre ?

Aucun commentaire: