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Dans le JDD d’hier, Pénélope
Fillon est longuement interviewée par deux journalistes. Le plus intéressant n’est
pas tant les réponses qu’elle donne que la publication deux pages plus loin d’extraits
des procès verbaux des interrogatoires des époux Fillon par les policiers de la
police judiciaire. Je ne prendrai qu’un exemple du travail « effectif »…effectué
par Pénélope Fillon auprès de l’ancien suppléant de son mari devenu député
quand celui-là a été nommé premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Pénélope Fillon, au service
de M. Joulaud, ancien suppléant donc de François Fillon, payée jusqu’à 10 000
euros par mois, n’avait qu’une action « orale » affirme-t-elle. Celle de le
relier du Palais Bourbon (à Paris) à la circonscription de la Sarthe ! Une
action orale ! Etonnons-nous, dès lors, que la réalité du travail accompli
ne puisse être apportée ou concrétisée puisqu’il ne s’agissait que de « paroles
verbales » comme disent les hommes politiques. Qui peut, dès lors, croire sérieusement
que ce travail n’était pas fictif ? Qui peut croire qu’un travail « oral »
peut convaincre le parquet et les juges d’instruction de la réalité d’une
collaboration concrète et réelle ? François Fillon a beau clamer partout
que sa femme a travaillé à la discrétion de son employeur « et que personne d’autre que ce dernier n’a à contrôler le contenu de
ce travail » il sera certainement obligé de trouver un autre angle de défense
s’il veut convaincre les juges d’instruction de sa bonne foi.
Quant à M. Ladreit de la
Charrière, de la Revue des deux mondes, s’il a embauché Mme Fillon, « c’est à la demande son mari » lequel l’a
décoré de la croix d’officier de la Légion d’honneur quelques mois après,
suscitant la curiosité des juges qui le soupçonnent de trafic d’influence (2) délit
retenu par le parquet national financier.
De même, le toujours candidat
LR à la présidence devra également répondre de « fausse déclaration de
patrimoine » devant la Haute autorité pour la transparence de la vie publique
qui sous-entend une sous estimation des propriétés que possède le couple
Fillon. La perquisition effectuée récemment par la PJ dans le manoir-château de
Sablé n’avait d’autre but que d’expertiser le bien des Fillon au prix du marché.
Cet ensemble de délits aboutira sans doute à la mise en examen du couple
Fillon.
Alain Juppé, ce matin, en réitérant
sa volonté de ne pas être candidat à la présidence de la République, a
clairement affiché son opposition aux arguments de Fillon. Le maire de Bordeaux
assure que « le complot judiciaire et l’assassinat politique » n’ont aucune réalité
(« le prétendu complot ») et que jamais la droite ne s’est trouvée dans une
situation aussi catastrophique à quelques semaines du premier tour de la présidentielle.
Venant d’un ancien Premier ministre, lui-même victime d’une condamnation pour
emplois fictifs (à la mairie de Paris) ces propos devraient ouvrir les yeux des
militants les plus radicalisés. L’élection imperdable est devenue l’élection ingagnable.
(1) pléonasme couramment utilisé en politique.
(2) Le trafic d’influence
est le fait, par quiconque, de solliciter ou d’agréer, à tout moment,
directement ou indirectement, des offres, des promesses, des dons, des présents
ou des avantages quelconques, pour lui-même ou pour autrui, pour abuser ou
avoir abusé de son influence réelle ou supposée en vue de faire obtenir d’une
autorité ou d’une administration publique des distinctions, des emplois, des
marchés ou toute autre décision favorable.
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