12 mai 2016

Les excuses de Michel Sapin après son saut…à l'élastique.


Une petite histoire d’élastique. Mais une grave erreur d’un gros balourd. En présentant ses excuses publiques sous forme de communiqué de presse, Michel Sapin réagit avec quelques semaines de retard après qu’il a été pris en flagrant délit d’une forme de sexisme décidément très prisée de certains politiques. Depuis l’affaire de la chambre 2806 du Sofitel de New York et celle du Carlton du nord de la France, les gazettes nous ont habitués à découvrir qu’il existe des hommes (le plus souvent) pour prêter leurs gestes et leurs paroles à des actions méprisables.

A Davos, lieu béni des hommes d’affaires et des politiques genre Macron, Michel Sapin, ministre des finances de notre pays, n’a pu s’empêcher de « toucher le dos », comme il le dit dans son communiqué, d’une journaliste courbée pour ramasser son stylo. En réalité, la position de la jeune femme lui a permis de faire claquer l’élastique de sa petite culotte, ce qu’il appelle « toucher le dos ». Joignant la parole au geste, Sapin s’écria : « Mais qu’est ce que vous nous montrez là ? » Et cela devant une vingtaine de journalistes témoins d’un geste pour le moins indélicat voire machiste.

Mis en cause à plusieurs reprises dans la presse, Michel Sapin n’avait jamais réagi se contentant de contester ce geste qui, selon lui, « n’était ni agressif, ni sexiste. » Mais l’affaire Baupin a changé le contexte et le paysage politique. Les partis sont appelés à faire le ménage en leur sein et à veiller à ce que les parlementaires, les journalistes, les assistantes femmes ne soient plus des objets de plaisanteries graveleuses ou, pire, victimes d’actes que la loi condamne. Depuis quelques années, le délit d’agressions sexuelles ou de harcèlement sexuel permet en effet aux victimes de demander réparation et condamnation des auteurs. Le texte paru dans Libération, il y a un an, sous la signature d’une quarantaine de journaliste femmes intitulé « bas les pattes » invitait déjà certains politiciens à plus de retenue et de dignité. Il faut croire qu’ils sont nombreux, les hommes de pouvoir, à confondre séduction et…intromission.

En tout état de cause, le communiqué de Michel Sapin démontre qu’il a compris (lui ou ses conseillers en communication) que l’image d’un gouvernant — sauf s’il s’appelle Donald Trump ? — peut pâtir durablement d’une conduite individuelle de Beauf. Si Cabu était encore vivant, je ne doute pas qu’un dessin approprié, pour le coup, serait paru dans Charlie Hebdo ou le Canard enchaîné nous montrant un Sapin s’excusant d’avoir fait le grand saut en élastique…à quelques centimètres du sol…et sur le dos d’une femme.

10 mai 2016

L'affaire Baupin : « la parité a gagné mais on est encore loin de l'égalité »

Manuel Valls avait toute confiance en Michel Platini et on sait comment cela s’est terminé avec la décision du TAS (Tribunal arbitral du sport) et sa condamnation à quatre ans de diette footballistique obligatoire…Emmanuelle Cosse « a toute confiance » en son compagnon mais on ignore encore comment cela finira. Le fait est que si elle croit la version de son compagnon, elle met en cause celle des huit femmes qui, jusqu’aujourd’hui, ont déclaré publiquement avoir été victimes des assauts physiques ou des tweets répétés de caractère sexuel de la part de Denis Baupin. Mme Cosse s’empresse pourtant d’ajouter qu’il ne faut pas transiger avec les violences faites aux femmes !
L’ancien vice-président de l’Assemblée nationale nie tout en bloc. Il promet procès et actions judiciaires à tous ceux qui mettront en cause son comportement et cette stratégie se trouve renforcée par sa compagne. Ce matin, sur France Info, Mme Cosse assurait ainsi que la gravité des accusations portées contre son mari obligeait la justice à connaître des faits et que c’est devant elle que la vérité éclaterait.
Le procédé est habile puisqu’aucune plainte n’a été encore déposée et que les faits ont eu lieu bien avant les trois dernières années, délai de la prescription supposée mettre à l’abri des poursuites le député EELV. A moins que de nouvelles plaignantes se fassent connaître et évoquent des actes non prescrits. Ce matin, le parquet déclare avoir ouvert une enquête préliminaire. Elle permettra aux témoins-victimes d’être entendus par des policiers dans un premier temps et, ensuite, qui sait si un juge d’instruction ne sera pas saisi pour des investigations plus poussées.
Caroline Haast, une féministe active, a été interrogée, hier, sur une radio nationale. Elle fustige évidemment ces comportements scandaleux qu’elle interprète de cette façon : la domination exacerbée des hommes dans le monde politique et leurs pouvoirs exorbitants. Comme le dit bien Noël Mamère, député EELV : « la parité a gagné mais on est encore loin de l’égalité. » Ce sera pourtant à cette aune que seront jugés les gouvernants d’aujourd’hui et, surtout, de demain.

9 mai 2016

Denis Baupin, dénoncé comme prédateur sexuel, démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée nationale


Le fait que Denis Beaupin démissionne de la vice-présidence de l’Assemblée nationale ne doit pas être considéré comme un aveu. La moindre des choses, quand on vous reproche ce qu’on lui reproche, c’est de prendre le large, de faire le dos rond, de préparer sa défense et de la jouer en mode mineur. Que lui reproche-t-on ? Des élues d’Europe-Ecologie les Verts ainsi que des collaboratrices de ce parti ont déclaré à Médiapart et France Inter que Denis Baupin était une sorte de prédateur sexuel. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Parce que Denis Baupin a participé en mars dernier à une réunion d’hommes aux lèvres rougies pour déclarer leur hostilité aux violences faites aux femmes. Les victimes, par souci de protéger leur personne, de ne pas nuire aux intérêts de leur parti, ont tu le harcèlement physique ou virtuel émanant du compagnon d’Emmanuelle Cosse, ministre du logement, qu’ils ont voulue épargner. La photo de Denis Baupin clamant son hostilité au machisme actif les a révoltées si bien qu’elles ont décidé de sortir de leur silence et de crier bien haut leurs sentiments de dégoût à l’égard de M. Baupin.

Autrement dit, si les faits sont avérés, bien qu’ils soient prescrits, Denis Baupin, comme d’autres avant lui, aura joué un double jeu. On peut être ministre du budget, dénoncer la fraude fiscale et posséder des comptes à l’étranger ou des sociétés offshore illégales. On peut être écologiste, faire de l’égalité homme-femme un élément programmatique fort et faire preuve de dérive mu par je ne sais quelle force de destruction massive. Comment imaginer, en 2016, que des conduites aussi inadmissibles puissent être gardées secrètes quand l’auteur des actes délictueux est député de la Nation et vice-président d’une des chambres du Parlement ? Comment pouvait-il penser, même si les années ont passé, que ses victimes conserveraient ce statut humiliant toute leur vie ?

Dans toute violence subie, la parole libère et quand il s’agit de violence sexuelle, elle est d’autant plus indispensable…car pensable comme dirait Lacan. Evidemment, la publicité faite autour de cette affaire de mœurs domine l’actualité d’aujourd’hui. Denis Baupin est une personnalité importante du monde écologiste et sa démission récente du mouvement a été abondamment commentée. Je ne doute pas qu’une fois encore, on rapprochera ces comportements agressifs d'une relation « incestueuse » avec le pouvoir. Dominique Strauss-Kahn, blanchi dans l’affaire du Carlton, a tout de même été condamné civilement dans l’affaire du Sofitel. On dit que Mme Diallo a touché le gros lot ! Que M. Baupin ne puisse être poursuivi n’empêche pas que la vérité soit bonne à dire et à révéler. Mais la prudence commande et je dirais comme M. de Rugy, un ancien de ses collègues à EELV : « laissons la justice agir. » Le peut-elle ?

8 mai 2016

Quelques réflexions au débotté : La brillante idée de Sarkozy, le FN et l'argent public, l'état d'urgence devient permanent


Diminuer une taxe ou un impôt, voilà qui fera plaisir au contribuable. En une période d’argent rare et encore plus quand il s’agit d’argent public, il faut apprécier les efforts accomplis par certaines collectivités dont les responsables savent qu’il faut dépenser à bon escient. C’est pourquoi je ne comprends pas bien la polémique née après un vote majoritaire des membres du conseil de l’agglomération Seine-Eure visant à diminuer le taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Les contribuables savent ou devraient savoir que cette taxe n’a rien à voir avec le tonnage individuel puisqu’elle est calculée sur la base des valeurs locatives des habitations. Un moyen comme un autre d’assurer une répartition des charges même s’il est injuste eu égard aux volumes réellement ramassés. Il faut imaginer un système récompensant les économies de déchets et favorisant le recyclage. Si les contribuables habitants étaient contraints de veiller aux rejets domestiques ils feraient sans doute bien plus attention et auraient une conduite écologico-responsable.
En attendant ce jour qui ne viendra pas, la majorité des membres de la CASE a diminué de 0,3% le taux de la TEOM au grand dam de certains élus désireux de voir les investissements en déchetteries nouvelles se poursuivre. Je ne suis pas certain que cette diminution fera sensiblement baisser la taxe (s’en apercevra-t-on ?) mais c’est un début. Ce qui serait mieux c’est de voir les maires, par exemple celui de Louviers, entamer une cure de baisse de la dette voire des impôts locaux…mais ne rêvons pas.

La semaine passée a été marquée par la brillante idée de Sarkozy ! Il a compris que plus le nombre d’électeurs de la primaire de la droite et du centre serait grand moins il aurait de chances d’être désigné. Il a réfléchi et proposé une solution : empêcher les Français de l’étranger de voter par Internet ! En contraignant lesdits Français à se rendre physiquement dans des bureaux de vote ( ?) on construit une barrière supplémentaire visant à abaisser le taux de participation.
Des calculs ont été faits. Environ 100 000 Français de l’étranger devraient participer à cette primaire de la droite. Sarkozy sait qu’il n’est pas en odeur de sainteté auprès de la majorité d’entre eux. Alors…mais les autres candidats ont hurlé, crié au scandale, incité la haute autorité de la primaire de la droite à relire la charte de bonne conduite…si bien que Sarkozy va devoir reculer et accepter le vote par Internet. Il est vrai que la décision avait été prise par le bureau politique de LR à forte majorité sarkozyste et en l’absence des Juppé, Fillon, Le Maire, NKM…dont la vive réaction était prévisible.

Un de mes amis me répète souvent que pour connaître la réalité de la vie politique française, il faut lire la presse étrangère et notamment la presse anglo-saxonne. Je ne sais si les journalistes étrangers sont moins suspects de complaisance à l’égard des politiques que les journalistes hexagonaux mais je fais confiance (trop peut-être ?) à des organes libres financièrement et politiquement comme « Le canard enchaîné » ou « Médiapart ». Sans cette presse libre et indépendante, les excès et les turpitudes de nos gouvernants ou de leurs opposants seraient ignorés.
A ce sujet Le Monde a récemment publié un sondage dont les résultats ne laissent pas de m’inquiéter. La confiance des Français à l’égard des politiques est en chute libre. A une grande majorité, ils considèrent que les parlementaires ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et que nombre d’entre eux sont corrompus. Ce sentiment a été repris à l’envi par les dirigeants du Front national eux-mêmes dans le collimateur de la justice pour des soupçons de fraude dans le financement des campagnes électorales. Plusieurs affaires sont en cours dont la dernière date des élections départementales après les législatives et l’emploi (fictif ?) d’attachés parlementaires européens payés par Strasbourg. Les juges les soupçonnent de préférer la France à l’Europe en travaillant peu ou pas pour les députés européens FN et beaucoup pour le parti lui-même.

L’Etat d’urgence était sans doute justifié après les attentats de novembre 2015. Maintes perquisitions ont eu lieu donnant des résultats inégaux permettant aux services de police de mieux connaître encore les milieux islamistes radicaux. Certaines assignations à résidence ont visé des personnes suspectées de flirter de près ou de loin avec des prêcheurs de haine et de division.
Depuis, cet état d’exception a été renouvelé et le gouvernement s’apprête à solliciter à nouveau le Parlement pour le prolonger prétextant l’organisation du tour de France (qui a lieu tous les ans si je ne m’abuse) et l’Euro de football, plus rare en terre française. J’ignore quel est l’état de la menace. J’ignore si des djihadistes préparent un autre mauvais coup ou un drame national. Il me semble que depuis des mois, les services de la sûreté intérieure ont dû suivre les pistes intéressantes et se préparer au pire…si tant est que cela soit possible.
La Ligue des droits de l’homme a tenté de faire annuler juridiquement l’Etat d’urgence. Sans succès. Si l’état d’urgence devient un état permanent, cela veut dire que notre démocratie dérive vers une République fragilisée à la fois par ceux qui souhaitent la détruire mais aussi par ceux qui ont pour devoir de protéger notre mode de vie. Les grands principes qui nous différencient des états autoritaires et des dictatures s’accommodent mal d’un état d’exception puisque, comme son nom l’indique, ce n’est pas la règle commune…

2 mai 2016

Les tenants du « tout nucléaire » devront en assumer toutes les conséquences


Une enquête récente diffusée sur la chaîne Arte a mis en évidence les multiples dangers de l’énergie nucléaire. A l’occasion de l’anniversaire (triste) de la catastrophe de Tchernobyl (avril 1986) avec des milliers de morts et de personnes contaminées, nombre de médias se sont penchés sur la situation des centrales nucléaires françaises et étrangères pour que les citoyens sachent bien à quoi ils pourraient s’attendre en cas d’incidents, ou pire, d’accidents dans une de ces centrales. Le responsable de l’ASN (autorité de sureté nucléaire) n’exclut nullement qu’un des réacteurs des nombreuses installations françaises puisse exploser à la manière d’un Fukushima-bis alors même que bien des centrales sont situées près de centres urbains importants ou près de frontières communes avec l’Allemagne ou la Suisse. Il faut savoir regarder plus loin que le bout de sa frontière.

Récemment, un incident (impossible autant qu’improbable d’après les experts) a cependant eu lieu dans la centrale de Paluel, en Seine-Maritime. Un engin de levage mal conduit ou peu approprié a permis la chute d’un générateur de 450 tonnes sur l’enveloppe externe d’un réacteur ne causant, paraît-il, aucun dommage notable. Ainsi, il est une nouvelle fois prouvé qu’une maladresse d’origine humaine peut entraîner une succession de problèmes dont on ignore jusqu’où ils conduiront l’entreprise EDF…tant il est vrai que la France, au contraire des Pays-Bas, par exemple, n’a pas imaginé de mettre en place des actions urgentes et immédiates au bénéfice des populations les plus concernées. La zone des 10 kilomètres semble bien étroite quand le nuage de Tchernobyl a envahi toute l’Europe qu’elle soit orientale ou occidentale.

Au-delà du vieillissement des centrales, des erreurs humaines non toujours maîtrisables, des accidents naturels sismiques ou marins, du recyclage des déchets et surtout de la maîtrise des fermetures de centrales non aboutie, on s’étonne que des Fillon ou des Sarkozy osent vanter l’énergie nucléaire comme une énergie prioritaire dans le paysage français. Sont-ils inconscients, démagogues ou non informés ? Sont-ils à ce point irresponsables qu’ils souhaitent mettre tous leurs œufs dans le même panier alors que l’Allemagne a décidé de mettre fin à sa filière nucléaire, que le Japon réfléchit à des solutions alternatives, et que les centrales EPR de Finlande ou de Grande-Bretagne semblent bien être des puits sans fond ou plutôt des gouffres financiers.

Sarkozy ne veut pas fermer Fessenheim ni réduire à 50 % la part de l’énergie nucléaire dans la production d’électricité en 2025. L’ancien président et, je l’espère, le futur vaincu de la primaire des ex-UMP ou de l’élection présidentielle si par malheur il était le candidat de la droite, est un grand ami du lobby de l’électronucléaire, très (trop) puissant en France. Il ne faut pas chercher ailleurs ses prises de position aussi irresponsables qu’inconscientes et pas à la hauteur d’un projet nouveau et du 21e siècle.

1 mai 2016

Françoise Chapron répond à Jean-Louis Ernis : « Pierre Mendès France fut une sorte de lanceur d'alerte »


M. Jean-Louis Ernis m'a adressé un commentaire publié à la suite de mon billet (1) sur le livre que Mme Françoise Chapron a consacré à l'action de Pierre Mendès France. J'aurais pu à mon tour commenter l'argument de M. Ernis mais j'ai préféré laisser la parole à Mme Chapron. N'ai-je pas écrit qu'elle connaissait Pierre Mendès France comme personne ? Fort aimablement, elle a accepté de répondre à M. Ernis dont elle ne désapprouve pas, par ailleurs, certains des propos.

« J'ai éprouvé quelque perplexité devant le commentaire posté par une personne qui au moins a donné son nom mais que je ne connais pas, à propos de la présentation faite par Jean-Charles Houel  de mon ouvrage consacré à Pierre Mendès France la République en action. Les motivations et éléments avancés ne semblent pas très limpides, voire tendancieux.

Sur le point de litige
L' auteur,  qui se dit admirateur de PMF, avance un fait précis le refus de celui-ci du vote du traité du Marché commun en 1957 comme élément attestant du caractère visionnaire de PMF face à  l'échec aujourd'hui, selon M.Ernis, de ce traité créant une Europe ultra libérale.
Afin de justifier cette opinion  qui appartient à son auteur,  opposant de gauche sans doute au traité de 2005, celui-ci se livre à une attaque en règle de Jean-Charles Houel dans des termes agressifs voire injurieux, au motif que celui ci n'aurait pas cité ce vote négatif dans les moments importants de la carrière de PMF.

Sur la pertinence du reproche
Le manque de cet élément dans l' énumération des décisions courageuses de PMF, faite par JCH à la fin de son quatrième paragraphe, pouvait faire l'objet d'une observation  pertinente sur l'absence du vote sur le traité du marché commun en disant pourquoi ou en quoi.  Mais quand on rend compte d'un ouvrage, on peut hiérarchiser ses choix. Peut-être aurait il  été utile de mettre par prudence des points de suspension !
Pour autant, citer en priorité  la démission de 1945 et celle de 1956 en tant que membre du gouvernement  sur deux questions majeures de notre histoire de la France contemporaine qui ont eu des conséquences dramatiques et anticipées par Pierre Mendès France,  n'est pas choquant.
On aurait pu citer ce fait aussi dans les actes de courage cette décision que nul n'avait prise de présenter au Parlement, ce traité de la CED voulu par la France et non ratifié , qualifié de « crime du 30 août » d'autant que la solution négociée ensuite dans les Accords de Londres et Paris instituant le Traité de l' UEO, plus équilibré et moins soumis au leadership unique des Etats Unis, est encore en vigueur en 2016.

Pourquoi réagir ?
Ce qui m'a décidée à intervenir est de l'ordre de l'exigence d'honnêteté intellectuelle que prônait Pierre Mendès France et du respect des ouvrages des historiens qui n'ont pas vocation à être des polémistes ou ils l'assument clairement.
Pour ma part je n'apprécie pas que l'on cite des ouvrages à l'appui d'un argument d'opinion comme la biographie d'Eric Roussel que je connais bien, fort documentée par des archives, dans laquelle je ne vois pas qu'il élude ce vote de 1957.
Quand à moi, je rassure notre interlocuteur sur ma connaissance du texte en son entier des débats de 1957. Pour écrire des biographies telles que les nôtres (ma thèse initiale compte 683 pages et un volume d'annexes de 131 pages que j'ai réduit à 185 pages pour ce modeste ouvrage de synthèse grand public), il est en effet nécessaire d'effectuer un gros travail de lecture et dépouillement de kilos d'archives et lire les débats de l'Assemblée nationale: discours, propositions de lois, questions écrites, (environ 15000 par législature) comme ceux des assemblées départementales ou municipales. C'est la base même du métier d'historien, comme de vérifier les faits pour un journaliste digne de ce nom.
L'attaque portée contre Jean-Charles Houel dont je sais la déontologie journalistique, qui n'exclut pas un regard engagé  sur le monde, légitime du moment qu'il y a un souci d'honnêteté intellectuelle, et que je connais et apprécie depuis 1980, début de mes recherches, est déplacée  et ressemble à une mauvaise polémique ad hominem dont mon ouvrage semble le prétexte.

Lire avant de critiquer
Surtout,  comment se permettre de contester le contenu du compte rendu d'un ouvrage qu'on n’a pas lu. Et l'avouer naïvement. Certes il est d'usage trop fréquent chez certains commentateurs ou hommes politiques et quelques critiques culturels de s'aventurer à commenter  ou critiquer ce qu'ils ne connaissent pas ou n'ont pas lu ou vu. Cela n'en est pas moins une pratique détestable et condamnable.
 
A la lecture de mon ouvrage, que je lui recommande vivement car s'il aime Pierre Mendès France, il le retrouvera dans son action politique régionale très mal connue, il aurait pu constater que j'ai mis en valeur à chaque fois que nécessaire le côté visionnaire ou la pertinence anticipatrice du « Cassandre » de la République dans différentes périodes ; des exemples concrets d'anticipation sont cités largement de 1930 à 1962.
Sur le Marché Commun (pages 126-127) j'explique que « sur le vote du traité, il a avancé des critiques comprises comme une opposition à la construction européenne, alors qu'il a surtout mis en garde sur la fragilité économique de la France dans le nouvel ensemble et les dangers de législations sociales et fiscales nuisibles pour la compétitivité économique de la France, ainsi que le risque de chômage et de concurrence avec l'Allemagne en regrettant le choix d'un processus de construction trop libéral ». Il fera de même sur le danger des institutions de la V° république  au risque  de l'échec en 1958 et 1962.

Oui, PMF fut par son intelligence et son sens de l'intérêt de la France et des citoyens, une sorte de « lanceur d'alerte » agissant avant que ne se produisent les événements et assurément certaines de ses analyses sont encore d'actualité. Comme celle sur la probité de la vie publique (voire privée, ce qu'il ne séparait pas). Donc je n'ai pas de désaccord sur le propos de M. Ernis.

Une polémique sans raison historique
Mais l'esprit et la méthode sont bien peu fidèles à l'exigence de respect des idées et  de vérité qui caractérisait Pierre Mendès France, lui qui travaillait à fond ses dossiers, pour ne dire que la vérité des faits puisée aux meilleures sources, écoutait et dialoguait avec chacun sans préjugé même si il mettait quelque entêtement à convaincre ses interlocuteurs.
Dommage d'avoir créé une navrante polémique sur un fait que la lecture préalable de mon ouvrage aurait désamorcée d'emblée. A moins que ce message ne relève que d'une forme de mauvaise querelle consternante s'adressant au blogueur !
Mon livre étant en cause sans être lu, j'ai demandé à  répondre en historienne, me sentant solidaire de JC Houel,  petitement mis en cause. Pierre Mendès France aurait détesté la procédure employée.
« Beaucoup de bruit pour rien finalement » et Talleyrand disait que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Merci à Jean Charles d'avoir mis en valeur avec talent, lui aussi, cet ouvrage. Et de m'avoir laissé la parole Ici. » 

(1) Pour ceux qui n'auraient pas lu le commentaire de Jean-Louis Ernis, je le publie à nouveau : « Jean-Charles Houel ne dit pas tout ! Faire l’éloge d’une personnalité remarquable comme fut Pierre Mendès France nécessite une totale indépendance d’esprit.
Faire les commentaires d’un livre oblige à tout dire, même si ce livre fait des impasses historiques. Je n’ai pas lu l’ouvrage de Mme Françoise Chapron, j’en ai lu d’autres, celui d’Eric Roussel par exemple.
Je ne sais si l’ouvrage en question évoque le positionnement de PMF sur le Traité de Rome, mais faire des commentaires en mettant en exergue les moments forts de la carrière de cet homme en « oubliant » le vote négatif du Député de Louviers sur le Traité de Rome le 18 janvier 1957 à l’Assemblée Nationale, m’interroge. Faire l’impasse sur le discours complet et détaillé justifiant le positionnement de Mendès France me sidère. Et pourtant, quelle clairvoyance.
Cinquante ans après, nous sommes en plein dans la situation qu’il redoutait. Jean-Charles Houel n’est pas le seul à biffer cet évènement historique. A l’heure où le rejet de cette construction ultralibérale de l’Union Européenne fait monter l’extrême droite dans toute l’Europe, il y en a encore qui se comportent comme l’équipage d’un navire voyant les récifs se rapprocher dangereusement, obstrue la longue vue et fonce à toute allure sachant que l’échouage est assuré !
Oui, Pierre Mendès France était un visionnaire, y compris sur la construction européenne. »

27 avril 2016

« Pierre Mendès France, la République en action » un livre de Françoise Chapron

Pierre Mendès France à Louviers. (photo Jean-Charles Houel)

 « Pierre Mendès France incarnait tout à la fois raison, rigueur, pragmatisme, et franchise envers les électeurs. » Cette phrase de Françoise Chapron, extraite du livre qu’elle consacre à l’ancien Président du conseil, ancien député de l’Eure et maire de Louviers, illustre à merveille les qualités font fit preuve cet homme d’Etat exceptionnel qui jamais ne transigea avec les principes acquis dès sa jeunesse.

Françoise Chapron, ancienne universitaire, raconte comme personne l’homme Pierre Mendès France. Elle sait tout de lui, de son action dans l’Eure ou de son court passage à la tête du gouvernement de la France, ce fameux gouvernement de 7 mois et 17 jours. Ce laps de temps, insiste-t-elle, fut toutefois suffisant pour engager des réformes fondamentales, défricher des chemins aussi prometteurs que la décolonisation avec l’Indochine et la Tunisie, tenir tant de promesses économiques ou liées à l’international dans ses relations avec l’Est ou le monde anglophone. Pierre Mendès France, pour Françoise Chapron et beaucoup d’entre nous est une icône. Il représente l’homme politique dans ce qu’il a à la fois de plus grand et de plus humble. Il avait confiance dans l’intelligence collective citoyenne. Il misait sur l’intelligence de chacun et de chacune. Pari intenable, espoir utopique ?

Inauguration du nouveau pont à Pont-de-l'Arche. (DR)
Dans « Pierre Mendès France, la République en action », Françoise Chapron nous permet de mieux connaître l’homme qui fit de l’Eure et de Louviers ses fiefs d’influence de la base au sommet de l’Etat. Député en 1932, sous-secrétaire d’Etat de Léon Blum et fervent soutien du Front populaire, animé des plus hauts idéaux de progrès et de justice sociale, sans jamais céder à la démagogie, celui qui allait devenir maire de Louviers et conseiller général de Pont-de-l’Arche, a sublimé les mandats qu’il tenait de ses électeurs, sa priorité. Il ne négligeait rien, n’ignorait personne, respectait chacun de ses interlocuteurs et surtout plaçait haut l’intérêt général. C’est ainsi que s’explique son engagement constant au service de valeurs immuables : le droit, l’honnêteté, la loyauté et le respect de la parole donnée. Ses rapports avec le général De Gaulle, pendant la guerre, à ses côtés, ou contre le même homme après le « coup d’état » du 13 mai 1958, s’expliquent par cette permanence de la recherche de la sincérité.

Françoise Chapron livre en détail — fait rare — l’action de PMF dans l’Eure (de 1928 à 1958) où il présida le conseil général lors de la reconstruction d’un département sinistré. Les ponts, les routes, les villes, l’agriculture…« rien ne s’y fit sans la présence et le soutien de Pierre Mendès France. » Elle explique également comment PMF traça les chemins de l’avenir dans ses votes au Parlement. Jamais il ne céda à la facilité (il fut le seul à voter contre la participation de la France aux JO de Berlin en 1936) et il fallait être bien courageux pour refuser la politique économique de l’immédiat après-guerre ou la volte-face de Mollet en Algérie.

Pierre Mendès France fut-il un homme seul ? Françoise Chapron ne le pense pas. S’il fut parfois un peu isolé politiquement, victime des jeux ambigus de la 4e République et des partis, il ne se coupa jamais de ceux qui lui avaient accordé leur confiance. Son chagrin lors de sa défaite en 1958 n’était pas feint. Ne cherchons pas ce sentiment ailleurs que dans sa fidélité à ce lien avec l’électeur, son souci de la pédagogie de l’action, sa volonté de faire comprendre et partager les politiques qu’il menait ou qu’il défendait. A cette époque, pas de conseiller en communication mais un homme vrai et des causeries radiophoniques en direction des jeunes et des citoyens en devenir. La preuve par l’explication bien avant Ségolène Royal…

Le livre (1) de François Chapron sort à point nommé. Alors que la gauche s’éparpille et s’émiette faute d’incarnation forte, on a besoin de figures idéalisées, peut-être, mais servant de référence morale et programmatique. A gauche (je ne parle pas de la droite) il nous manque des Mendès France, des hommes ou des femmes qui font ce qu’ils (ou elles) disent, qui disent ce qu’ils (ou elles) font. Des hommes et des femmes peu sensibles aux effets médiatiques, aux sondages ou autres fariboles du moment.Des hommes et des femmes pour qui les idées et les programmes demeurent prédominants.

Je ne saurais trop conseiller la lecture de ce livre qui rassure. Avec Pierre Mendès France la politique n’est ni sale ni compromettante, elle est un art forcément difficile où le citoyen y a toute sa place et doit jouer tout son rôle. Merci à Françoise Chapron de nous le rappeler avec talent  car « le message politique de PMF demeure d’une brûlante actualité. »


(1) « Pierre Mendès France, la République en action » Editions Infimes, 186 pages, 13 €.


25 avril 2016

La liberté de la presse ne s'use que si l'on ne s'en sert pas


Claude Cornu a animé le débat. (photo JCH)
Il me faut revenir sur le débat qui a succédé à la conférence de Mme Cécile-Anne Sibout, samedi dernier, devant la SED de Louviers et consacrée à l’histoire chaotique du quotidien Paris-Normandie aujourd’hui à l’agonie. Beaucoup a été dit mais beaucoup reste à dire. On ne peut pas parler impunément d’un sujet aussi important que la mort éventuelle de la presse locale sans en mesurer les conséquences fâcheuses pour les salariés des entreprises de presse dont le métier serait brutalement remis en cause, pour les lecteurs privés de leur priorité au petit café du matin, pour tous ceux et celles, enfin, préoccupés du sort d’un outil d’informations générales et d’un moyen au service de la vie démocratique régionale.

Qu’est-ce qu’un journal local ? A quoi sert-il ? Pourquoi défendre ce type de presse moins « noble » (1) apparemment que la presse nationale mais non moins utile aux habitants d’une région ? La presse locale est un reflet de la vie d’un territoire, d’une ville, d’un département, d’une région. Elle sert à rendre compte des actions des élus, de leurs projets, mais aussi des activités des institutions, des associations, des clubs sportifs, des événements qui jalonnent le cours de l’existence commune (faits divers, communiqués, carnet, concerts, spectacles, etc.) ainsi que du présent et de l’avenir des entreprises, qu’il s’agisse des créations d’emplois ou sujet plus délicat des conflits entre salariés et directions…

La presse locale, pour peu qu’elle soit animée par des journalistes passionnés et curieux, porte aussi des regards sur des sujets et des hommes ou des femmes ignorés, inconnus, volontairement ou non. Elle met au jour des scandales ou des conduites « immorales » ou délictuelles, elle rend compte des procès prud’homaux, correctionnels, aux Assises et des actes que la loi récuse ou condamne. La presse locale est une vigie vigilante…elle demeure, à sa façon, un lanceur d’alerte. Pour ce faire, il lui faut des dirigeants compétents, indépendants des groupes financiers et des groupes de pressions de tous ordres pour que les journalistes demeurent libres de leurs choix et de leur vision du monde. Le pluralisme doit ainsi permettre d’exprimer toutes les contradictions de la société.

J’aime à assurer que la presse locale est un lien, un liant. Elle permet dans un espace réduit, à ses habitants de partager un destin commun. Les jeunes adultes ne lisent pas ou alors très peu, la presse locale. Question d’éducation et de culture. Et c’est là que le bas blesse. L’avenir s’assombrit dès lors que le renouvellement des lecteurs n’existe plus. Mon amie, Nelly Guilbert, assure que les blogs peuvent être ces nouveaux supports d’information globale. Ils en sont assurément l’un des vecteurs. Mais il n’existe que peu d’exemples (le Bondy Blog, le blog de Me Eolas) de blogs ayant pignon sur rue. Ce moyen d’expression n’en est pas à ses balbutiements pourtant il est encore loin d’avoir atteint un degré de performance et de confiance comparable à celui de la presse écrite. Question de temps sans doute.

Le contre-exemple nous est donné par les sites d’actualité régionaux promus par des mécènes disposant de certains moyens financiers. A l’exemple de Médiapart, je rêve d’une France et de régions peuplées de sites Internet aptes à rendre compte de la diversité des opinions, des sources courageuses aussi car sans elles, il n’existe pas de journalisme d’investigation dignes de ce nom. Un mot enfin sur la volonté exprimée par François-Xavier Priollaud sur son désir d’aider la presse locale en achetant des pages d’informations générales et d’intérêt public. Quand Paris-Normandie aura rendu son dernier soupir, notre région subira le monopole de Ouest-France. Je ne vois pas une collectivité territoriale soutenir un unique groupe de presse régional (du Tréport à Royan) au nom du pluralisme. Et encore moins au nom de la liberté…

(1) Mon expérience au sein de La Dépêche de Louviers me permet de penser que le journaliste localier est considéré par ses confrères parisiens comme un « prolétaire » titulaire de la carte de presse, certes, mais ne devant pas être comparé aux soi-disant maîtres de la plume…

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24 avril 2016

La presse locale est-elle morte ? Cécile-Anne Sibout annonce sa fin prochaine devant la SED de Louviers


Cécile-Anne Sibout. (photo JCH)
La presse locale a-t-elle encore un avenir ? Pour l’écrire autrement, la presse locale est-elle morte…ou sur le point de mourir ? Le modèle économique sur lequel elle a été bâtie : acheteurs, abonnements, publicité…n’est plus viable. La concurrence des réseaux sociaux et des sites d’informations met à mal cette presse trop longtemps cloisonnée dans un carcan idéologique « neutre » ne permettant pas au lecteur de ressentir une humeur, de vivre des émotions ou d’apprendre sur le monde alentour. Pourtant, cette presse a connu ses trente glorieuses. Après guerre et jusque dans les années soixante dix la presse locale touchait de nombreux citoyens, les taux de pénétration étaient exceptionnels et de nombreuses plumes de qualité exerçaient leur métier d’informateurs avec une vraie passion et aussi une vraie reconnaissance économique.

La conférence donnée par Mme Cécile-Anne Sibout, samedi dans la salle Pierre Mendès France de Louviers et consacrée à l’histoire de Paris-Normandie a ouvert bien des chemins. D’un grand quotidien régional tirant à 180 000 exemplaires sous la direction de Pierre René Wolf, le journal de l’Eure et de la Seine-Maritime ne diffuse plus qu’à 40 000 exemplaires ? Placé en procédure de redressement judiciaire, le groupe Ouest France attend patiemment que le quotidien rouennais termine sa vie de sa « belle » mort ou plutôt soit condamné à la liquidation, les biens matériels (imprimerie, locaux, bureaux régionaux) ne représentant plus que les seuls actifs.

Il y a belle lurette, en effet, que Paris-Normandie n’est plus le journal de référence régional haut normand. La cause ? Les multiples conséquences de la mainmise de Robert Hersant d’abord et de son fils ensuite lors de tractations peu morales et à une gestion déplorable de contrôleurs à la petite semaine intronisés directeurs de journaux. Quand il y a à ce point fêlure entre les lecteurs de bilans et ceux qui ont soif de nouvelles, la chute finale n’est jamais loin. François Charmot, ancien journaliste de PN et membre de la SED, organisatrice de la conférence, a témoigné de la lente agonie du journal qui l’employait. J’ai moi-même rappelé comment La Dépêche avait fini par tomber dans les mains de Ouest-France après que le groupe Hersant avait racheté l’hebdo de l’Eure en 1994 et en avait fait plus une feuille qu’un outil culturel ou d’enquêtes. On ne peut tout miser sur les gratuits de publicité et en même temps attendre des journalistes et des lecteurs un succès éditorial…Et pourtant, si j’en crois la conférencière, l’avenir d’une presse digne de ce nom résiderait dans le développement de l’investigation, de papiers personnels et de magazines, dans la conquête d’une nouvelle clientèle rajeunie et renouvelée comme dirait l’ancien maire de Louviers, Franck Martin.

François-Xavier Priollaud, maire et conseiller régional, est conscient de la fragilité de la presse locale. Il pense pouvoir l’aider en incitant la Région à acquérir des espaces de publicité pour faire de l’information d’intérêt général plutôt qu’en éditant elle-même son journal. L’ancienne majorité de gauche privilégiait l’approche interne. Celle de droite semble préférer la délégation…on verra à l’usage sachant que la région compte plus de trois millions d’habitants, que cinq départements très dissemblables la peuplent et que le nombre important d’hebdomadaires est trompeur puisque dans les mains du seul groupe Ouest-France bientôt unique diffuseur de presse papier dans notre région. Cette situation de monopole n’est pas saine car la démocratie a besoin de pluralisme. Je sais bien que l’Etat aide la presse d’opinion en difficulté et que la presse locale a nécessairement besoin d’élargir son champ de convictions. Le groupe Ouest France, fort diversifié, n'a pas besoin des aides directes de l'Etat…Il vit sur ses acquis et ses parts de marchés. Jusqu'à quand ?

FX Priollaud veut aider la presse locale en achetant des espaces.
Les aides indirectes (taux de TVA, tarifs postaux, aides fiscales) bénéficient, elles, à l’ensemble des journaux contrôlés par l’OJD (office de justification et de diffusion) mais cette presse sous perfusion ne sera jamais guérie des maux qui la rongent : le vieillissement du lectorat, le désintérêt des jeunes (ils préfèrent les Smartphones !) l’absence d’interactivité si prisée des lecteurs d’aujourd’hui (avec son pendant négatif l’anonymat) et aussi le contenu… à l’évidence, il faudra plus que la vie assez banale des associations pour attirer de nouveau les lecteurs vers la presse de proximité. Et Cécile-Anne Sibout d'insister sur l'obligation faite aux journaux locaux, s'ils veulent survivre, de se tourner vers l'investigation.

Alors quelles solutions ? La création de sites régionaux type Mediapart, est-elle possible, est-elle souhaitable ? Daniel Jubert, ancien directeur d’un journal du groupe Hersant, y est favorable : La réussite économique du site créé par Edwy Plenel est éclatante : 115 000 abonnés, des bénéfices sensibles en fin d’année, des journalistes professionnels chasseurs de scoops et auteurs d’articles profonds, une rédaction conséquente, seul bien réel de la société car bien immatériel culturel irremplaçable. Et surtout outil de contrôle démocratique des élus en place. Sans Médiapart, par d’affaires Bettencourt ou Cahuzac !

A ce titre, les blogs (dont le mien) animés par des bénévoles concernés peuvent également jouer un rôle dans la diffusion des informations locales avec tel ou tel angle permettant, comme on dit, une mise en perspective des informations. Cela nécessite du temps, de la curiosité, une volonté de partage et aussi le désir de continuer à apprendre. Aucun événement n’est banal. Dès lors qu’on l’explique, on entre dans ce monde mystérieux et divers des comportements humains. Voilà un sens à donner à la vie. Bien sûr, on aurait besoin d’un Paris-Normandie de la belle époque. On ne refait pas l'Histoire.