8 mai 2016

Quelques réflexions au débotté : La brillante idée de Sarkozy, le FN et l'argent public, l'état d'urgence devient permanent


Diminuer une taxe ou un impôt, voilà qui fera plaisir au contribuable. En une période d’argent rare et encore plus quand il s’agit d’argent public, il faut apprécier les efforts accomplis par certaines collectivités dont les responsables savent qu’il faut dépenser à bon escient. C’est pourquoi je ne comprends pas bien la polémique née après un vote majoritaire des membres du conseil de l’agglomération Seine-Eure visant à diminuer le taux de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Les contribuables savent ou devraient savoir que cette taxe n’a rien à voir avec le tonnage individuel puisqu’elle est calculée sur la base des valeurs locatives des habitations. Un moyen comme un autre d’assurer une répartition des charges même s’il est injuste eu égard aux volumes réellement ramassés. Il faut imaginer un système récompensant les économies de déchets et favorisant le recyclage. Si les contribuables habitants étaient contraints de veiller aux rejets domestiques ils feraient sans doute bien plus attention et auraient une conduite écologico-responsable.
En attendant ce jour qui ne viendra pas, la majorité des membres de la CASE a diminué de 0,3% le taux de la TEOM au grand dam de certains élus désireux de voir les investissements en déchetteries nouvelles se poursuivre. Je ne suis pas certain que cette diminution fera sensiblement baisser la taxe (s’en apercevra-t-on ?) mais c’est un début. Ce qui serait mieux c’est de voir les maires, par exemple celui de Louviers, entamer une cure de baisse de la dette voire des impôts locaux…mais ne rêvons pas.

La semaine passée a été marquée par la brillante idée de Sarkozy ! Il a compris que plus le nombre d’électeurs de la primaire de la droite et du centre serait grand moins il aurait de chances d’être désigné. Il a réfléchi et proposé une solution : empêcher les Français de l’étranger de voter par Internet ! En contraignant lesdits Français à se rendre physiquement dans des bureaux de vote ( ?) on construit une barrière supplémentaire visant à abaisser le taux de participation.
Des calculs ont été faits. Environ 100 000 Français de l’étranger devraient participer à cette primaire de la droite. Sarkozy sait qu’il n’est pas en odeur de sainteté auprès de la majorité d’entre eux. Alors…mais les autres candidats ont hurlé, crié au scandale, incité la haute autorité de la primaire de la droite à relire la charte de bonne conduite…si bien que Sarkozy va devoir reculer et accepter le vote par Internet. Il est vrai que la décision avait été prise par le bureau politique de LR à forte majorité sarkozyste et en l’absence des Juppé, Fillon, Le Maire, NKM…dont la vive réaction était prévisible.

Un de mes amis me répète souvent que pour connaître la réalité de la vie politique française, il faut lire la presse étrangère et notamment la presse anglo-saxonne. Je ne sais si les journalistes étrangers sont moins suspects de complaisance à l’égard des politiques que les journalistes hexagonaux mais je fais confiance (trop peut-être ?) à des organes libres financièrement et politiquement comme « Le canard enchaîné » ou « Médiapart ». Sans cette presse libre et indépendante, les excès et les turpitudes de nos gouvernants ou de leurs opposants seraient ignorés.
A ce sujet Le Monde a récemment publié un sondage dont les résultats ne laissent pas de m’inquiéter. La confiance des Français à l’égard des politiques est en chute libre. A une grande majorité, ils considèrent que les parlementaires ne pensent qu’à leurs intérêts personnels et que nombre d’entre eux sont corrompus. Ce sentiment a été repris à l’envi par les dirigeants du Front national eux-mêmes dans le collimateur de la justice pour des soupçons de fraude dans le financement des campagnes électorales. Plusieurs affaires sont en cours dont la dernière date des élections départementales après les législatives et l’emploi (fictif ?) d’attachés parlementaires européens payés par Strasbourg. Les juges les soupçonnent de préférer la France à l’Europe en travaillant peu ou pas pour les députés européens FN et beaucoup pour le parti lui-même.

L’Etat d’urgence était sans doute justifié après les attentats de novembre 2015. Maintes perquisitions ont eu lieu donnant des résultats inégaux permettant aux services de police de mieux connaître encore les milieux islamistes radicaux. Certaines assignations à résidence ont visé des personnes suspectées de flirter de près ou de loin avec des prêcheurs de haine et de division.
Depuis, cet état d’exception a été renouvelé et le gouvernement s’apprête à solliciter à nouveau le Parlement pour le prolonger prétextant l’organisation du tour de France (qui a lieu tous les ans si je ne m’abuse) et l’Euro de football, plus rare en terre française. J’ignore quel est l’état de la menace. J’ignore si des djihadistes préparent un autre mauvais coup ou un drame national. Il me semble que depuis des mois, les services de la sûreté intérieure ont dû suivre les pistes intéressantes et se préparer au pire…si tant est que cela soit possible.
La Ligue des droits de l’homme a tenté de faire annuler juridiquement l’Etat d’urgence. Sans succès. Si l’état d’urgence devient un état permanent, cela veut dire que notre démocratie dérive vers une République fragilisée à la fois par ceux qui souhaitent la détruire mais aussi par ceux qui ont pour devoir de protéger notre mode de vie. Les grands principes qui nous différencient des états autoritaires et des dictatures s’accommodent mal d’un état d’exception puisque, comme son nom l’indique, ce n’est pas la règle commune…

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