9 mai 2016

Denis Baupin, dénoncé comme prédateur sexuel, démissionne de la vice-présidence de l'Assemblée nationale


Le fait que Denis Beaupin démissionne de la vice-présidence de l’Assemblée nationale ne doit pas être considéré comme un aveu. La moindre des choses, quand on vous reproche ce qu’on lui reproche, c’est de prendre le large, de faire le dos rond, de préparer sa défense et de la jouer en mode mineur. Que lui reproche-t-on ? Des élues d’Europe-Ecologie les Verts ainsi que des collaboratrices de ce parti ont déclaré à Médiapart et France Inter que Denis Baupin était une sorte de prédateur sexuel. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Parce que Denis Baupin a participé en mars dernier à une réunion d’hommes aux lèvres rougies pour déclarer leur hostilité aux violences faites aux femmes. Les victimes, par souci de protéger leur personne, de ne pas nuire aux intérêts de leur parti, ont tu le harcèlement physique ou virtuel émanant du compagnon d’Emmanuelle Cosse, ministre du logement, qu’ils ont voulue épargner. La photo de Denis Baupin clamant son hostilité au machisme actif les a révoltées si bien qu’elles ont décidé de sortir de leur silence et de crier bien haut leurs sentiments de dégoût à l’égard de M. Baupin.

Autrement dit, si les faits sont avérés, bien qu’ils soient prescrits, Denis Baupin, comme d’autres avant lui, aura joué un double jeu. On peut être ministre du budget, dénoncer la fraude fiscale et posséder des comptes à l’étranger ou des sociétés offshore illégales. On peut être écologiste, faire de l’égalité homme-femme un élément programmatique fort et faire preuve de dérive mu par je ne sais quelle force de destruction massive. Comment imaginer, en 2016, que des conduites aussi inadmissibles puissent être gardées secrètes quand l’auteur des actes délictueux est député de la Nation et vice-président d’une des chambres du Parlement ? Comment pouvait-il penser, même si les années ont passé, que ses victimes conserveraient ce statut humiliant toute leur vie ?

Dans toute violence subie, la parole libère et quand il s’agit de violence sexuelle, elle est d’autant plus indispensable…car pensable comme dirait Lacan. Evidemment, la publicité faite autour de cette affaire de mœurs domine l’actualité d’aujourd’hui. Denis Baupin est une personnalité importante du monde écologiste et sa démission récente du mouvement a été abondamment commentée. Je ne doute pas qu’une fois encore, on rapprochera ces comportements agressifs d'une relation « incestueuse » avec le pouvoir. Dominique Strauss-Kahn, blanchi dans l’affaire du Carlton, a tout de même été condamné civilement dans l’affaire du Sofitel. On dit que Mme Diallo a touché le gros lot ! Que M. Baupin ne puisse être poursuivi n’empêche pas que la vérité soit bonne à dire et à révéler. Mais la prudence commande et je dirais comme M. de Rugy, un ancien de ses collègues à EELV : « laissons la justice agir. » Le peut-elle ?

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