Le fait que Denis Beaupin démissionne
de la vice-présidence de l’Assemblée nationale ne doit pas être considéré comme
un aveu. La moindre des choses, quand on vous reproche ce qu’on lui reproche, c’est
de prendre le large, de faire le dos rond, de préparer sa défense et de la
jouer en mode mineur. Que lui reproche-t-on ? Des élues d’Europe-Ecologie
les Verts ainsi que des collaboratrices de ce parti ont déclaré à Médiapart et France Inter
que Denis Baupin était une sorte de prédateur sexuel. Pourquoi lui, pourquoi
maintenant ? Parce que Denis Baupin a participé en mars dernier à une réunion
d’hommes aux lèvres rougies pour déclarer leur hostilité aux violences faites
aux femmes. Les victimes, par souci de protéger leur personne, de ne pas nuire
aux intérêts de leur parti, ont tu le harcèlement physique ou virtuel émanant
du compagnon d’Emmanuelle Cosse, ministre du logement, qu’ils ont voulue épargner.
La photo de Denis Baupin clamant son hostilité au machisme actif les a révoltées
si bien qu’elles ont décidé de sortir de leur silence et de crier bien haut
leurs sentiments de dégoût à l’égard de M. Baupin.
Autrement dit, si les faits
sont avérés, bien qu’ils soient prescrits, Denis Baupin, comme d’autres avant
lui, aura joué un double jeu. On peut être ministre du budget, dénoncer la
fraude fiscale et posséder des comptes à l’étranger ou des sociétés offshore illégales.
On peut être écologiste, faire de l’égalité homme-femme un élément programmatique
fort et faire preuve de dérive mu par je ne sais quelle force de destruction
massive. Comment imaginer, en 2016, que des conduites aussi inadmissibles
puissent être gardées secrètes quand l’auteur des actes délictueux est député
de la Nation et vice-président d’une des chambres du Parlement ? Comment
pouvait-il penser, même si les années ont passé, que ses victimes
conserveraient ce statut humiliant toute leur vie ?
Dans toute violence subie,
la parole libère et quand il s’agit de violence sexuelle, elle est d’autant
plus indispensable…car pensable comme dirait Lacan. Evidemment, la publicité
faite autour de cette affaire de mœurs domine l’actualité d’aujourd’hui. Denis
Baupin est une personnalité importante du monde écologiste et sa démission récente
du mouvement a été abondamment commentée. Je ne doute pas qu’une fois encore,
on rapprochera ces comportements agressifs d'une relation « incestueuse » avec le
pouvoir. Dominique Strauss-Kahn, blanchi dans l’affaire du Carlton, a tout de même
été condamné civilement dans l’affaire du Sofitel. On dit que Mme Diallo a
touché le gros lot ! Que M. Baupin ne puisse être poursuivi n’empêche pas
que la vérité soit bonne à dire et à révéler. Mais la prudence commande et je
dirais comme M. de Rugy, un ancien de ses collègues à EELV : « laissons la
justice agir. » Le peut-elle ?
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