4 avril 2013

Et si Hollande changeait de premier ministre ?

Depuis la création du site et encore plus depuis les révélations de Médiapart concernant l’affaire Jérôme Cahuzac, je défends bec et ongles Edwy Plenel et son équipe de journalistes d’investigation. Avec la publication de la bande enregistrée sur laquelle on entend distinctement la voix de Jérôme Cahuzac, je n’avais plus de doute sérieux sur l’existence du compte en Suisse de l’ex-ministre du budget. Cahuzac a avoué, il est donc coupable, il sera donc puni.
Je n’en suis que plus à l’aise pour m’amuser des cris d’orfraie de l’UMP, de Copé et de Jacob. Copé, dont le rôle dans la manipulation des résultats du scrutin au sein de l’UMP est mis au jour. Copé a triché, c’est de notoriété publique et c’est lui le donneur de leçons de morale. Quant à Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, il va avoir fort à faire pour défendre Sarkozy et Woerth tous deux mis en examen dans l’affaire Bettencourt. Ils devront d'ailleurs rendre des comptes sur d’autres affaires tout aussi importantes pour les Français. En un mot, la droite devrait être plus silencieuse.
J’y reviendrai au fur et à mesure de l’évolution des découvertes, perquisitions, témoignages dont rendra compte Médiapart, n’en doutons pas un seul instant. En fait, s’il y a bien un point commun entre Cahuzac et Sarkozy, c’est l’amour de l’argent. Cet argent qui pourrit tout, salit tout et dont François Hollande se méfiait déjà en 2007 mais qu’il semble avoir du bien du mal à affronter en 2013. Même au sein de son gouvernement !
Le bouquet est dû à Marine Le Pen. La fille à papa demande (sans y croire évidemment) la dissolution de l’Assemblée nationale et par la même occasion la dissolution de sa nièce et de l’avocat Gilbert Collard. C’est risible. Pour une raison simple que nous apprend « Le Monde » de ce jour : Cahuzac a  été proche d’une bande de Gudards (du nom du GUD) ce mouvement d’extrême-droite toujours à l’ouvrage aujourd’hui notamment lors des récents incidents de la manif pour tous. Cahuzac y a connu un conseiller aujourd'hui proche de Marine Le Pen. Il l’a si bien connu que c’est cet homme-là qui l’a aidé à ouvrir le compte chez UBS en 1992. Autrement dit, Marine Le Pen aurait dû la boucler et se montrer plus circonspecte. Alors Marine, toujours favorable à la dissolution ?
De ce grave accident démocratique, je tire quelques conclusions : Médiapart doit continuer de nous alimenter et François Hollande doit agir plus que parler. Toutes les mesures qu’il propose pour améliorer le fonctionnement de la démocratie sont bonnes à prendre mais les trois propositions avancées hier seront-elles suffisantes ? J’en doute. Sans céder un seul pouce du terrain de l’honnêteté à la droite (on l’attend au virage sur cinq ou six affaires) François Hollande doit accomplir un geste spectaculaire, créer un vrai choc dans l’opinion. Et, pourquoi pas, changer le Premier ministre et les quelques ministres dont la faible épaisseur saute aux yeux. Au moins, eux, ils sont vertueux.

3 avril 2013

« Rétablir la confiance… »

« Quand on demandait début 2012 à François Hollande, candidat à la présidence de la République, quelle serait la première mesure qu’il prendrait s’il était élu, sa réponse était invariablement : « Rétablir la confiance ».
Réponse quelque peu surréaliste, tant il semblait que les Françaises et les Français attendaient l’annonce d’une mesure concrète marquant le changement tant attendu dont François Hollande se prévalait après cinq années de sarkozysme.
Après l’immense gâchis que représentent les aveux de Jérôme Cahuzac, ex-ministre du budget, sur son compte en Suisse et dans les paradis fiscaux, la tâche paraît désormais insurmontable.
Il apparaît, semble t-il, que Bercy connaissait l’existence du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac depuis 2008. Et que l’ancien président de la République, avait donné ordre par l’intermédiaire du Garde des Sceaux et du Procureur général de la République de suspendre toute enquête concernant l’UBS, l’Union des banques suisses, sur les agissements illégaux de cette banque sur le territoire français. C’est ce qu’affirme le journaliste Antoine Peillon, spécialiste de la question de l’évasion fiscale.
La connaissance de ces informations éclaire d’un jour nouveau la première mesure que prit le ministre Cahuzac quelques jours après sa nomination comme ministre du budget. Celle de nommer deux « experts » qui en quelques jours blanchirent Éric Woerth, l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, de l’accusation qui lui était faite d’avoir volontairement largement sous estimé l’évaluation de ses services dans l’affaire de la vente par l’État des terrains bordant l’hippodrome de Compiègne. Mesure et conclusions incompréhensibles dans le contexte de l’époque.
S’agissait-il d’un renvoi d’ascenseur de la part de Jérôme Cahuzac à l’égard d’Éric Woerth ? C’est la question qui vient immédiatement à l’esprit et qu’on se pose naturellement.
Le président de la République n’a apporté dans sa courte allocution, aucune réponse qui soit à la hauteur du scandale que déclenche cette affaire. Il n’avait pourtant qu’une annonce à faire : celle qu’il donnait ordre au Garde des sceaux, et sous les ordres de celui-ci, au Procureur général de la République, afin que la justice puisse en toute indépendance reprendre son travail dans l’enquête qu’elle avait engagé contre l’UBS. Ce travail permettait de mettre au jour l’ensemble des réseaux d’évasion fiscale entre la France et la Suisse, la liste des Françaises et des Français possédant ces fameux comptes ainsi que les montants déposés. Et d’engager les poursuites qui s’imposent à leur encontre. Antoine Peillon parle de 600 milliards d’euros déposés sur ces comptes et au minimum de 40 milliards d’euros de manque à gagner annuel pour le fisc français. Au lieu de proposer de diminuer les retraites, les prestations sociales, d’assécher les budgets de la Recherche, de l’Éducation, de la Santé et de réduire drastiquement les dotations aux collectivités territoriales. Au lieu d’infliger au pays la cure de rigueur réclamée par l’Union européenne, ou de nous répéter comme François Fillon que l’État est en faillite, que c’est normal de travailler plus longtemps puisque nous vivons plus longtemps et que nous vivons toutes et tous au-dessus de nos moyens.
Au passage verrait-on également les mouvements de fonds inverses venant sous la forme d’enveloppes alimenter en argent liquide les campagnes de certains partis politiques et découvrirait-on les noms de ces généreux donateurs, parmi ceux du premier cercle, par exemple, mais pas seulement ? »

Reynald Harlaut

Jérôme Cahuzac, la honte de la République !

Jérôme Cahuzac a avoué. Il avait bien un compte en Suisse et cela depuis une vingtaine d’années. Médiapart a dit vrai et je suis fier d’avoir été de ceux qui, dès le 5 décembre 2012, ont pris au sérieux les révélations du site dirigé par Edwy Plenel. Face aux agressions des politiques et à l’absence de solidarité des principaux médias de ce pays, Médiapart a tenu son cap, le cap de l’intransigeance avec les faits. Je suis heureux du dénouement, il conforte le sérieux et la crédibilité d’un média devenu adulte et indispensable dans le paysage médiatique français. Qu’il s’agisse de l’affaire Karachi, de l’affaire Bettencourt, de l’affaire Takiedine-Kaddafhi, de l’affaire Tapie-Lagarde, ou de l’affaire Cahuzac, le site Médiapart et ses journalistes ont été à l’origine de révélations utiles pour la bonne santé de l’information, d’une part, et le bon fonctionnement de la démocratie d’autre part. Sans une presse libre, indépendante des puissances d’argent et des pouvoirs, il n’y a pas de vraie démocratie. Edwy Plenel, pourtant, n’avait rien d’un justicier ou d’un triomphateur, hier, sur les chaînes de télévision. Il était un journaliste à la tête d’une équipe sans laquelle rien n’eût été possible.
Je suis également très triste. Qu’un homme de l’intelligence de Jérôme Cahuzac, qu’un député apprécié pour sa compétence, son expérience, trouve le moyen de mentir effrontément au Président de la République, au Premier ministre et à tous les députés, voilà qui ne manque pas de m’interpeller. Cahuzac, la honte de la République ! Que s’est-il donc passé dans la tête de ce ministre du budget chargé de lutter contre la fraude fiscale et de trouver des recettes nécessaires à la réduction des déficits pour qu’il tienne des propos indignes d’un élu responsable ? Que s’est-il donc passé dans la tête de ce politicien expérimenté lorsqu’il a menti à la représentation nationale ? Est-il l’arbre qui cache la forêt ? Défend-il d’autres intérêts que les siens propres ? L’enquête conduite par les deux juges d’instruction en charge de l’affaire devrait faire toute la lumière sur les coins d’ombre de ce mensonge aussi énorme qu’étonnant de la part d’un homme de gauche dont les valeurs devraient être l’honnêteté (intellectuelle aussi) la probité, la recherche de la vérité et de la justice. Après l’affaire DSK et avant l’affaire Guérini, le Parti socialiste n’avait nul besoin de ce coup de tonnerre. Cahuzac, connaissant la vérité, n’aurait pas dû penser qu’à lui-même. Membre d’un gouvernement, il a bafoué ce qu’il y a de plus précieux en politique, la confiance en la parole donnée.
La droite va tomber à bras raccourcis sur Cahuzac, le gouvernement et le président. Même si celui-ci a promptement réagi en évoquant une « impardonnable faute morale » il n’échappera pas aux interrogations sur ce qu’il savait ou pas et depuis quand. Personnellement, je pense que François Hollande a cru son ministre quand il lui jurait la main sur le cœur qu’il n’avait pas de compte en Suisse ou à l’étranger. Cela prouve, tout simplement, que le mensonge en politique est devenu une denrée courante et si Jérôme Cahuzac fait la Une des journaux aujourd’hui, ce n’est que justice de la part des médias, lesquels se sont montrés dédaigneux et hautains vis à vis de Médiapart. Le site vient de gagner ses lettres de noblesse, rien ne sera plus comme avant dans le monde de l’information en France.
Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale. Il sera donc traduit devant un tribunal correctionnel où il pourrait être condamné et, peut-être, déclaré inéligible pour quelques années. Peut-on dire pour autant que sa carrière politique est terminée ? On a vu tant d’aigrefins de droite et de gauche être blanchis par le suffrage universel…Ayrault invite Cahuzac à ne plus solliciter les suffrages des électeurs. Ces derniers seraient-ils assez fous pour confier du pouvoir à un homme si sûr de lui et de son impunité que ses actes risquent de faire sauter un gouvernement ?


2 avril 2013

Arnaud Montebourg avait mis en cause la téléréalité qui ne respecte pas la dignité humaine

Arnaud Montebourg. (photo JCH)
Deux victimes. L'émission de téléréalité Kho Lanta a fait deux victimes. L'une est un participant au jeu, décédé des suites de multiples crises cardiaques et l'autre le médecin urgentiste mis en cause, à tort ou à raison, lors de son intervention auprès du participant en souffrance. le médecin s'est suicidé, hier, en laissant une lettre expliquant son geste et en mettant en cause certains médias peu scrupuleux, selon lui, avec la vérité.
Mon propos n'est pas de m'attarder sur ce dramatique fait divers. Kho Lanta est une émission que je n'ai jamais regardée et je ne porterai donc aucun jugement sur ce jeu, très sportif, semble-t-il, et très individualiste puisqu'une seule personne gagne quand elles sont nombreuses à y participer. Je souhaite revenir sur les propos qu'avait tenus Arnaud Montebourg lors de la campagne des primaires organisées par le Parti socialiste.
L'actuel ministre du redressement productif, tout en respectant les rôles respectifs des producteurs et des animateurs avait eu l'occasion de dénoncer certaines émissions de téléréalité portant atteinte à la dignité des personnes. Tantôt, on leur faisait manger des vers de terre, tantôt on faisait preuve d'un sadisme honteux à leur égard, et Arnaud Montebourg — s'il avait été élu président de la République — aurait songé à proposer de revoir certaines règles. Il avait même précisé : « certaines émissions de téléréalité sont très bien. D'autres le sont beaucoup moins. Il faut savoir poser des limites. »
Les producteurs de Kho Lanta en accord avec la direction de TF1 ont décidé de supprimer les épisodes de l'année 2013 pour respecter la mémoire des deux morts. Ils devront tout de même faire face à l'enquête ouverte par le parquet pour « homicide involontaire » et expliquer pourquoi un jeune homme de 25 ans, en bonne forme physique, a perdu la vie là-bas, loin de chez lui et des siens. Les rushs tournés par les techniciens seront examinés à la loupe et permettront sans doute de comprendre ce qui s'est réellement passé dans le bassin du premier jeu du premier épisode de la dernière émission de l'année.

1 avril 2013

L'affaire Merah illustre les dysfonctionnements des services de renseignement et l'échec de la politique de la droite


Manuel Valls avec un militant à Rouen. (photo JCH)
La droite a décidé de lancer une campagne anti-Valls. Le ministre de l’Intérieur étant l’un des piliers du gouvernement, Copé considère que s’attaquer à cette fondation peut aboutir à l’écroulement de l’édifice exécutif devenu édifice exécuté. Des points de presse sont donc projetés avec le concours des snipers UMP genre Hortefeux ou Morano. Rien que leur souvenir me donne des boutons. Hortefeux ne vient-il pas de se distinguer en reprenant en boucle avec ses amis des mensonges aussi énormes que celui de leur échec dans le domaine de la sécurité. Un clip UMP affirme en effet que sous la droite 90 % du territoire avait vu la délinquance baisser de 2002 à 2012, ce que Libération conteste absolument, preuves et chiffres à l’appui. Elle a, au contraire, augmenté de 27 % !
Ces opérations d’intoxication n’ont qu’un but : ridiculiser le gouvernement. J’avoue qu’il est plus simple de s’opposer que de proposer. Mais tout de même. L’UMP sort de 10 ans de pouvoir et le bilan est encore frais dans nos mémoires. Prenons un exemple : l’affaire Merah du nom de ce fanatique islamiste auteur d’assassinats sur des soldats français et trois personnes (père et enfants) de religion juive. Des ratés, des couacs, des cafouillages, des défaillances illustrent les dysfonctionnements des services de renseignement alors que Claude Guéant évoquait un loup solitaire. Une expression imagée pas du tout conforme à la réalité.
C’est tellement vrai que mon ami, le député François Loncle, vient de rendre public un texte dans lequel il énumère toutes les failles et erreurs qui ont facilité le passage à l’acte de Mohamed Merah. D’octobre 2006 à la date des attentats, les services de renseignement ont suivi les voyages, les fréquentations de Merah sans prendre vraiment conscience de sa dangerosité alors que son fanatisme apparaît très clairement. En octobre 2012, un rapport de l’inspection générale de la police nationale est très sévère pour la DCRI que dirigeait M. Squarcini, un ami proche de Nicolas Sarkozy. Ce rapport met en avant « les défaillances objectives qui résultent d’une conjonction d’omissions et d’erreurs d’appréciation à des problèmes de pilotage et d’organisation des services et à des cloisonnements encore très présents entre renseignement intérieur, police judiciaire et sécurité publique. » Autrement dit, un rapport accablant pour les responsables de la sécurité. Il était possible d’empêcher Merah d’agir et donc d’éviter ces morts tragiques.
Hortefeux et ses amis devraient faire preuve de modestie. Si Manuel Valls m’irrite profondément quand il fait des déclarations sur les Roms ou les sans papiers, l’homme fait preuve de qualités solides et d’efficacité évidente. On aimerait seulement qu’il écoute mieux Christiane Taubira et s’inspire plus de son message et de la déclaration des droits de l'Homme.

31 mars 2013

« Nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas »

De nombreux journalistes font état de la volonté permanente de la droite d’en découdre avec le gouvernement et François Hollande. Jamais, depuis longtemps, les ténors de l’UMP et même de l’UDI n’étaient allés aussi loin dans la violence des mots et dans l’incitation à la haine. La première raison est que jamais la droite ne reconnaît la légitimité de la gauche à gouverner. Il n’est de bon gouvernant de gauche que mort. Qu’il s’agisse de Jaurès, de Blum, de Mendès France…la droite ne les glorifie que lorsqu’ils sont disparus pour mieux enfoncer les gouvernants actuels de la gauche. 
Copé, Fillon, Sarkozy, Borloo…sont tous proches des milieux d’affaire. Ils défendent les classes sociales privilégiées et ne s’en cachent pas. Les lois Sarkozy sur la retraite, les heures supplémentaires, le paquet fiscal, les réductions de charges n’avaient d’autre objectif que de satisfaire une certaine catégorie sociale, celle des chefs d’entreprises et des libéraux…Ils n'acceptent pas une autre politique celle qui remet en cause avantages et privilèges.
Pour la droite, la gauche au pouvoir n’est toujours qu’une parenthèse, pire, une expérience voire un accident de l’histoire. Les hommes et les femmes de gauche au pouvoir peuvent être expérimentés, savants, issus des grandes écoles, hauts fonctionnaires ou cadres supérieurs dans le privé, ils demeurent frappés d’infamie parce que de gauche. Le procès en incompétence fait à Hollande depuis des années et plus encore depuis son élection, rend ses propositions suspectes d’amateurisme, d’hésitation, d’incohérence. Je ne dis pas que tout dans la politique de Hollande est bon, je note simplement le déchaînement contre « Hollandouille » ce « Hollande Bashing » devenu une spécialité des hebdomadaires dits d’informations. Quant aux réseaux sociaux, ils se dépassent les uns les autres dans la vulgarité et la bêtise.
Incontestablement, les manifestations contre le mariage pour tous donnent des idées à la droite. Voilà que les Copé et compagnie ont dorénavant une haute idée de la contestation dans la rue. Une contestation pourtant plus dans la tradition démocratique de la gauche qui s’est toujours opposée à cette obsession «droitiste» d’en découdre brutalement. Marine Le Pen fait donc des émules. Les crânes rasés sont devenus pléthore.
J’évoquais, ces jours derniers, le risque d’un coup d’état. Même si cela semble énorme, je confirme qu’il existe à droite des revanchards prêts à tout pour empêcher la gauche et par tous les moyens de conduire sa politique. Un coup d’état en 2013 et en France ne revêtira pas les habits d’un fascisme moderne avec bottes et bras tendu. Il sera plus cynique et plus sournois. Il se fera par un blocage des institutions, une instrumentalisation de la contestation sociale, un désordre permanent, une irritation poussée à son paroxysme. 
Il ne faut pas lire différemment les insultes proférées contre les juges d’instruction. Qu’un Guaino affirme que la mise en examen de Sarkozy « déshonore la France et la démocratie » en dit plus long sur ses véritables arrière-pensées que sur sa soi-disant défense de la liberté d’expression. Au moins, nous sommes prévenus. Nous ne pourrons donc pas dire que nous ne le savions pas.

Philippe Kuntz : le mariage pour tous, d'accord, mais avec la filiation !


Philippe Kuntz m'adresse ce commentaire : « Cela fait longtemps que je n'avais pas déposé un commentaire parce que l'occasion ne s'y prêtait pas. Mais l'enlisement du débat sur le mariage pour tous réveille ma plume et me donne envie de t'adresser les quelques propos qui suivent:
Mariage pour tous et filiation : a chacun ses responsabilités !
Sous la pression de manifestations massives des forces conservatrices il s'agirait maintenant de préserver un fragile équilibre : oui au mariage homosexuel et (du bout des lèvres) oui à l'adoption, mais pour la PMA... vivement le recours au Conseil national d'éthique et pour la GPA... pas question. Sauf que pour les couples concernés, la question n'est pas seulement celle du mariage, mais bien aussi celle de la filiation ! Personne ne pourra empêcher les couples homosexuels stables d'avoir des enfants : et ne leur offrir, par défaut, que le modèle marchand, importé de pays ultra-libéraux, est bien un réflexe de droite !
La seule issue dans ce débat de société qui n'a que trop tardé, avec la complicité de tous ceux qui l'ont toujours religieusement enterré, c'est de légiférer sur un modèle éthique et non marchand de filiation, indépendamment du sexe, de l'âge et de la couleur de peau.
A défaut, il faudra continuer de plaindre les couples homosexuels qui par envie et besoin de filiation, s'abandonneront aux commodités de pratiques illégales ici mais parfaitement légales ailleurs, y compris dans l'espace Schengen... Comprenne qui pourra : pas moi ! »

29 mars 2013

Sarkozy retarde son appel, Copé mal élu, les abeilles en danger…

Ce qui s'est passé au Sénat récemment est scandaleux. Il s'est trouvé des élus de droite et de gauche (malheureusement) pour voter la suppression partielle des allocations familiales attribuées aux familles d'enfants placés à la DDASS. Dorénavant, si la loi venait à être adoptée à l'Assemblée nationale, deux tiers des allocations seraient attribués directement aux conseils généraux puisque ces dépenses habituelles sont de leur compétence. Cette décision du Sénat est irresponsable. Elle implique que les familles pauvres pourraient être encore plus appauvries avec la suppression de ces aides souvent indispensables à la bonne conduite des affaires familiales.
Ces enfants placés rentrent chez eux en fin de semaine, ils mangent, sont chauffés, logés et ont besoin d'un peu d'argent personnel pour mener une vie à peu près normale. Pense-t-on responsabiliser les parents en leur infligeant une double peine ? Que cette proposition ait été rejetée par la ministre de la famille ne me surprend pas. Il suffisait de voir sa mine déconfite lors du vote au Sénat pour mesurer son désarroi. A elle de convaincre les députés de cette idée qui incombe à un élu de droite trop convaincant.

Ainsi, malgré des affirmations péremptoires, l'avocat de Nicolas Sarkozy a décidé de ne pas faire appel devant la chambre de l'instruction de Bordeaux de sa mise en examen. Dans l'attente de l'avis du Conseil supérieur de la magistrature sollicité par Mme Taubira, Sarkozy a souhaité calmer le jeu après les déclarations fracassantes de sa horde déchaînée.
J'y vois un éclairage différent. Passé l'instant de colère et du sentiment d'injustice suggéré par son ancienne fonction, Sarkozy a réfléchi et s'est évidemment posé la question du changement de pied du juge Gentil et de ses deux co-saisis. Peut-être a-t-il craint que la chambre de l'instruction confirme sa mise en examen, ce qui aurait été du plus mauvais effet. En attendant la suite, ayons une pensée compatissante pour les journalistes menacés de mort et les juges visés (on peut le dire) par les balles à blanc d'un ou plusieurs dérangés.

Bruno Jeudy et Carole Barjon viennent de sortir un livre dans lequel ils affirment avoir entendu Patrice Gélard, le président de la célèbre commission des conflits de l'UMP, se plaindre d'avoir été enfumé par deux proches de Copé. Ces derniers lui auraient assuré que lors du décompte final des votes enregistrés à l'occasion de l'élection du président de l'UMP, les suffrages d'Outre-Mer étaient bien actés. En réalité, ils ne l'étaient pas et c'est ainsi que François Fillon aurait dû être déclaré élu avec 26 voix d'avance. Jean-François Copé a donc bénéficié d'une triche organisée et pensée par deux de ses affidés. Ce n'est pas très étonnant. Quand on connaît le bonhomme, rien n'est exclu. Même le pire.

La section du Parti socialiste de Louviers s'est réunie jeudi soir pour examiner la proposition du maire sortant de Louviers de réaliser l'union lors des prochaines élections municipales de 2014. Tous les points de vue ont été exposés, les avantages, les inconvénients mais il ne m'appartient pas, sur ce blog, de révéler la teneur des propos tenus dans la mesure où la section a décidé de se revoir avant de prendre une éventuelle position définitive. La réponse à donner au maire de Louviers est simple : soit le PS part dans d'autres conditions à définir, soit il recherche un accord avec lui à des conditions restant à négocier. Je reconnais qu'il s'agit de la langue de bois mais à ce stade et à un an de l'élection, comment faire autrement ? Je rassure mes lecteurs : quelle que soit la position définitive de la section de Louviers, je ferai connaître mon opinion à ceux et celles qu'elle intéresse.

Une étude rendue publique par une revue sérieuse confirme que les abeilles perdent le sens de l'orientation après avoir butiné des fleurs dont les plantes ont été traitées avec des néocotinoïdes, ces produits dont les apiculteurs redoutent l'influence sur les hyménoptères. Il est maintenant acquis que Stéphane Le Foll, notre ministre de l'agriculture, doit se battre auprès de l'Union européenne pour obtenir une interdiction de l'usage de ces dangereux toxiques. Des pertes de 30 à 50 % des colonies ont été constatées et la France a vu sa production passer de 30 000 à 16 000 tonnes en quelques années.

28 mars 2013

La manif pour tous a été manipulée par des groupes fanatiques intégristes

Jean-Luc Mélenchon et ses amis revisitent le film les 12 salopards. Sauf que dans le nouveau scénario, les salopards sont 17. Ces salopards ont un nom, une adresse, ce sont les ministres des finances de l'Eurogroupe qui viennent d'entériner les mesures financières proposées par la Troïka (FMI, BCE, Commission européenne) au gouvernement chypriote. Le journal Libération s'interroge sur les dérapages de plus en plus nombreux en politique.
Les insultes, les injures s'épanouissent avec éclat et rendent vain le besoin d'apaisement du débat. Il est évident que les auteurs de blogs, de tweets, de SMS anonymes et irresponsables contribuent à cette dégradation. Denis Szalkowski a rédigé une charte éthique à l'usage des blogueurs de l'Eure. Il suggère d'éviter les attaques personnelles sur le physique ou sur les caractères privés des participants d'ailleurs de moins en moins nombreux sur la toile euroise. Cette charte, pour avoir une quelconque utilité devrait être approuvée par la majorité des plumitifs et des informateurs. Mais pour avoir une certaine expérience, j'imagine que les élus, par exemple, ne vont pas se sentir concernés par cette retenue car ils sont nombreux à dépasser les bornes. L'exemple récent du maire de Louviers diffamant l'un de ses collègues est exemplaire de ce qu'il convient de ne pas faire. Et comme l'a bien précisé Marc-Antoine Jamet, il n'a pas été la seule victime des multiples canaux d'agression de l'édile lovérien. Depuis des années, selon ses humeurs et le contexte, il attaque MAJ, les socialistes en général ou en particulier, des militants de tout acabit (Verts, NPA, etc.) sans ménager ni les personnes, ni leurs proches.
Pour en revenir à Mélenchon, je ne suis pas d'accord avec ceux qui pensent que la mise en cause de Pierre Moscovici s'appuie sur l'antisémistime. Mélenchon n'est pas antisémite. Simplement, il utilise des métaphores redoutables, assène des mots comme autant de coups et se situe clairement dans l'opposition au gouvernement. On ne peut tout de même pas lui reprocher d'avoir du talent et d'en user sinon d'en abuser. Les socialistes doivent cesser de faire le dos rond et d'envoyer Harlem Désir sur les plateaux de télévision. Il faut des responsables d'un haut niveau pour contrer Mélenchon. Aux socialistes de mieux expliquer, de mieux argumenter, de faire preuve de pugnacité et d'audace. On verra bien ce qui se passera ce soir avec François Hollande.

La manif pour tous, nous apprend un blogueur du journal Le Monde, n'est pas aussi naïve ni ingénue qu'on le croit parfois. Ce blogueur attentif et intelligent a recensé l'ensemble des associations qui ont appelé à manifester dimanche dernier à Paris. Il se trouve que nombre d'entre elles n'ont aucune existence légale, sans bureau, sans déclaration officielle, et que 95% des autres sont tenues par des catholiques intégristes, des amis de Christine Boutin, d'anciens militants de « laissez les vivre » luttant contre l'avortement. J'ai même découvert de nombreux messages et tweets invitant les manifestants à déborder la manif pour gagner les Champs Elysées. Autrement dit, ces débordements ont été calculés, programmés et réalisés par des fanatiques tout à fait conscients de leurs actes. Ils peuvent se plaindre aujourd'hui. Mais les preuves sont publiques. Frigide Barjot n'est pas tombée du ciel auquel elle croit. Elle s'est engagée depuis longtemps contre toutes les mesures progressistes concernant les femmes et les mœurs.
Des groupuscules d'extrême droite ont trouvé intelligent de créer des sites genre « printempsfrançais » à l'image des printemps arabes comme si la France vivait sous un régime dictatorial. On en revient toujours au même constat : la droite tendre ou dure juge le gouvernement de François Hollande illégitime. La droite n'a pas accepté le vote des Français et chaque acte ou chaque décision, devient le prétexte à un dévoiement absolu. Que cela plaise ou non, la démocratie passe par le suffrage. Le président a été élu pour cinq ans et la majorité au Palais Bourbon pour une durée équivalente. La droite pourra crier, elle ne reviendra pas au pouvoir avant. Sauf coup d'état, ce qu'on ne peut jamais exclure totalement. Souvenons-nous, même si la situation française n'est pas comparable, au Chili de Salvador Allende. La CIA a fait ce qu'il fallait pour mettre un terme à son action et à sa vie.



26 mars 2013

De quelques affaires judiciaires, de la plus banale à la plus exceptionnelle

La Depêche de la semaine dernière est édifiante. Le maire de Louviers s'y distingue à nouveau en faisant mousser son dépôt de chèque d'un euro, le fameux euro symbolique et habituel en matière de diffamation politique. Il a beau moquer le prix modique auquel est estimé l'honneur de son collègue de Val-de-Reuil, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Jamais les juges, sauf exception, ne condamnent les auteurs de diffamation politique à des dommages et intérêts considérables. Il n'est qu'à consulter la jurisprudence dans ce domaine. Le but du maire de Louviers est archi-simple : faire parler de lui et reprendre la main, provoquer, provoquer encore et toujours.
C'est bien pourquoi je comprends mal l'attitude de Marc-Antoine Jamet. Les réponses qu'il fait à la journaliste de l'hebdomadaire local sont empreintes d'une forme défensive. Elle cadre mal avec la vigueur des agressions de Franck Martin. Le maire rolivalois affirme vouloir la paix des braves et rechercher une forme d'apaisement. C'est tout à son honneur mais son opposant viscéral jamais n'acceptera cette paix des braves. Il aurait donc tout intérêt à pousser plus avant son avantage, un avantage considérable quand on connaît la faible propension des juges à séparer le bon grain de l'ivraie en matière de combat politique.

Les cathos ont musclé leurs discours, dimanche dernier, lors de la manifestation contre le mariage pour tous. Avec tous les leaders de l'UMP en tête de cortège et des slogans élargis au social et à l'économique, on a tous compris que le vrai objectif de Frigide Barjot et ses amis est de s'opposer au gouvernement socialiste. « Le besoin d'un père et d'une mère » est classé au second plan de leurs revendications. Ce qui prime pour Copé et Mariton, c'est le besoin de combattre Hollande et son gouvernement.
La manifestation a dégénéré. C'est bien dommage. Ce ne sont pas les extrémistes de Civitas, cette fois, que les CRS ont affrontés. Mais bien les adhérents du GUD, ce groupe de la droite extrême venus charger la police avec des boulons et des billes. Il est d'autant plus regrettable de voir Christine Boutin allongée sur la chaussée, les yeux mi-clos et la mine défaite. « Je demande la démission de Manuel Valls » a-t-elle commenté. Ce serait recevable si Christine Boutin n'était pas, à sa façon, cette intégriste habituée aux formules simplistes et cette contestataire de la séparation des pouvoirs. Pour qu'une démocratie fonctionne, il faut que l'exécutif, le législatif, le judiciaire, soient clairement indépendants. La droite n'accepte pas que la gauche gouverne. Elle devra attendre quelques années avant d'espérer.

L'affaire Sarkozy, je l'ai déjà écrit sur ce blog, est multiple. Il n'y a pas une affaire mais des affaires Sarkozy. Qu'il s'agisse des sondages de l'Elysée, du financement de la campagne d'Edouard Balladur, de l'affaire Karachi, de l'affaire Kadhafi, de l'affaire Bettencourt, l'ancien président de la République a pris soin d'avancer masqué comme Chirac avec Juppé, lequel a pris le maximum pour le compte de son mentor. S'en prendre au juge Gentil est injuste et idiot. La décision de mettre Sarkozy en examen est une décision collégiale prise par les trois magistrats instructeurs de Bordeaux en charge des dossiers Bettencourt. Bizarrement, les commentateurs (et Me Thierry Herzog, l'avocat de Sarkozy) passent sous silence ce fait pourtant essentiel. Il prouve que le juge Gentil n'a pas été le seul à apprécier les faits, les témoignages, les déclarations des témoins.
Il est indéniable que ces trois juges d'instruction, eu égard à la personnalité de Sarkozy et à la puissance de feu de ses relais médiatiques et politiques, ont dû prendre un maximum de précautions juridiques avant leur décision. Imagine-t-on un juge d'instruction conduit à mettre en examen un Sarkozy blanc comme neige ? Au lieu de crier au scandale dans des termes excessifs et indignes, les Guaino et consorts — qui n'ont pas accès au dossier — devraient être plus enclins à respecter la loi. Sarkozy va faire appel devant la chambre d'instruction de Bordeaux. Attendons sereinement sa décision.