Sandra Bertin. (DR) |
Mme Sandra Bertin est cette
policière municipale de Nice qui a accusé des émissaires ou plutôt des représentants
du ministère de l’Intérieur d’avoir fait pression sur elle pour qu’elle modifie
un rapport écrit au lendemain du drame qui a fait 89 morts et des dizaines de
blessés le 14 juillet 2016. Selon elle, l'objectif était de dédouaner la police nationale de ses éventuels manquements. Elle a, comme l’a fait son patron, Christian
Estrosi, adjoint au maire chargé de la sécurité, porté plainte auprès de la
police locale pour abus d'autorité laquelle a saisi le procureur de la République.
L’enquête préliminaire
conduite par les policiers vient d’aboutir à un classement sans suite, l’IGPN
(la police des polices) n’ayant rien trouvé de répréhensible dans le
comportement des personnes visées par la plainte de Mme Bertin. Mme Bertin et
M. Estrosi, comme c’est leur droit, vont déposer une nouvelle plainte devant le
doyen des juges d’instruction pour qu’une enquête « impartiale » soit ouverte.
Ils contestent le classement sans suite du procureur et les avocats de Mme
Bertin espèrent une suite plus favorable.
J’ai l’impression que l’enquête,
journalistique celle-là, réalisée par les limiers de Mediapart et démontrant,
images à l’appui, que le camion bélier avait pendant plusieurs jours circulé et
stationné dans des endroits interdits aux poids lourds, a passablement irrité
les policiers municipaux et leur hiérarchie. Ces images portent un coup
terrible aux affirmations positives et répétées de Christian Estrosi quant à l’usage
de la vidéosurveillance. Les voilà comme des Hamsters en cage contraints de
faire tourner une roue qui, comme chacun sait, risque de les conduire nulle
part…sinon de faire du surplace.
Christian Estrosi a beaucoup
à perdre dans cette affaire. Il avait, comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, et
appliquant les conseils anciens d’un Charles Pasqua, suscité une affaire dans l’affaire
afin de noyer le poisson. J’avais également indiqué que cette attitude laissait
poindre une formidable gêne de la part de M. Estrosi. Connaissait-il le contenu
des images ? Savait-il que d’éventuelles défaillances avaient été constatées
dans ses services ? S’il met en œuvre et Mme Bertin (sa subordonnée) avec
lui leur plainte devant le doyen des juges d’instruction on aura au moins la
certitude que le classement sans suite du procureur de la République était, ou
non, fondé.
En attendant, Mme Bertin est
convoquée devant le tribunal correctionnel de Paris, où elle devra répondre du
délit de diffamation suite à la plainte déposée par Bernard Cazeneuve, alors
ministre de l’Intérieur. Mme Bertin a eu le tort, selon moi, de porter une veste trop grande pour elle.
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