2 janvier 2017

Le Front national s'attaque à la liberté de création et d'expression : ça promet !


Dessins paru sur le site Mediapart.
Il faut le savoir avant de voter en mai prochain. Si Marine Le Pen est élue, le pouvoir interviendra (comment ?) directement et promptement pour empêcher la sortie publique d’un film dont le contenu déplairait à ces messieurs et ces dames d’un gouvernement placé sous les ordres de la présidente actuelle du Front national. Les sorties publiques récentes d’un Floriant Philippot (1) n’augurent rien de bon pour la liberté d’expression et de création à laquelle nous tenons tous et toutes comme à la prunelle de nos yeux. Ne vient-il pas de déclarer scandaleux la sortie d’un film réalisé par un auteur n’ayant rien à voir, ni de près, ni de loin, avec quelque pouvoir politique que ce soit ? Ne vient-il pas de proposer d’inscrire aux comptes de campagnes (desquels précisément ?) des candidats à la présidentielle les dépenses occasionnées par la réalisation et la diffusion du film en question ?

Lucas Bellevaux, scénariste et réalisateur, vient de tourner « Chez nous » qu’il propose aux amateurs d’un cinéma de son temps et destiné à expliquer, à sa façon certes, comment vivent les citoyens sous la férule des élus du Front national. Depuis que ces derniers gouvernent certaines villes, des subventions à certaines associations jugées mal pensantes ont été supprimées, des abonnements à des journaux n'ont pas été renouvelés, des locaux ont été fermés alors que des syndicats ou des associations humanitaires ou humanistes les occupaient depuis des lustres. Je passe sur la composition des menus des cantines, les affichages honteux (comme à Béziers) le tout servant à la propagande savamment mise en scène sur les fonds publics et à des fins partisanes. Pas gênés les élus FN ! Ne nous leurrons pas : le front national au pouvoir c’est le retour d’une « morale » aussi singulière qu’étrange, d’une chasse systématique aux opposants et aux critiques puisque les élus FN ne pratiquent ni le dialogue ni le compromis. Au FN, si vous n’êtes pas pour c’est que vous êtes contre.

Il est évident que le titre du film de Lucas Bellevaux, repris d’un slogan cher aux souverainistes de droite extrême et d’extrême droite, contient une part de provocation. De tous temps, les créateurs ont usé de ce privilège et on ne voit pas au nom de quoi des auteurs s’en priveraient. La France est, depuis des décennies, le pays d’une liberté de conscience et d’expression que beaucoup dans le monde nous envient. Le Front national, malgré des réflexes de vierge effarouchée, trouvera des millions de Français sur son chemin si par malheur il était en capacité de nuire à cette liberté fondamentale. Je suggère qu’un maximum de spectateurs se rendent dans les salles obscures — dans deux mois — pour découvrir comment le FN manipule certaines personnes naïves et comment il compte dominer nos pensées et nos vies.

(1) « D'après la bande annonce que j'ai vue (...), ça a l'air d'être un joli navet, mais, au-delà de la qualité du film, je trouve ça proprement scandaleux qu'en pleine campagne présidentielle, je crois précisément à deux mois du vote - ce sera le 22 février qu'il sortira -, on sorte dans les salles françaises un film qui est clairement anti-Front national », a déclaré le responsable frontiste. Il a proposé de « mettre le budget de ce film sur les comptes de campagne de nos adversaires ».

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