Gustavo Dudamel à la baguette. (DR) |
« Gustavo Dudamel dirigeait en ce premier jour de l’année
l’orchestre philarmonique de Vienne, l’un des plus prestigieux du monde, pour
le traditionnel concert du nouvel an. Gustavo Dudamel est, de toute l’histoire
de ces concerts dont la première édition remonte à 1941, le plus jeune chef invité
dans la longue liste de ses illustres prédécesseurs qui eurent l’immense
honneur de le diriger. Il a été choisi pour cela, comme le veut la tradition du
philarmonique, par l’ensemble des musiciens.
Il fallait le voir à l’œuvre, du haut de ses 35 ans,
rayonnant de bonheur, conduisant l’orchestre avec une aisance, une maestria et
une complicité magnifiques. Ce fut un moment de grâce. Gustavo Dudamel est vénézuélien.
Issu d’une famille modeste, c’est en grande partie grâce à un organisme à
vocation sociale et solidaire, le sistema,
qu’il a pu d’abord apprendre le violon puis intégrer l’orchestre symphonique
des jeunes du Venezuela Simon Bolivar au début de sa carrière.
Le Sistema
s’est fixé pour objectif d’initier les enfants les plus jeunes et les plus démunis
à la pratique de la musique classique afin de les soustraire à la pauvreté dont
la délinquance et le trafic de drogue, en sont le plus souvent les conséquences.
C’est sous la présidence d’Hugo Chavez que le Sistema a acquis son plus grand développement grâce aux moyens financiers
qu’il lui accorda, couvrant la quasi-totalité des besoins de l’association, à
savoir le soutien annuel de quelques 250.000 jeunes sur les 22 millions d’habitants
que compte le Venezuela (1).
En ce moment unique où la musique réunissait tant d’hommes
et de femmes, dans l’orchestre, dans la salle et dans la centaine de pays du monde
où le concert est retransmis en direct, je n’ai pu m’empêcher de songer à l’immense
espoir que peut susciter l’exemple de Gustavo Dudamel. À tous ces talents potentiels
que la misère empêche d’éclore. Cette pauvreté qu’entretient et accroît l’inégalité
en raison de la captation de plus de 90% de la richesse mondiale par moins de 10%
de sa population. De quelle autre formidable richesse jouirait le monde s’il
permettait l’épanouissement de toutes ces prédispositions artistiques,
techniques et scientifiques que l’immense majorité ne pourra jamais développer.
Quel terrible gâchis !
Remonta alors en moi l’amertume des propos fielleux que
notre caste médiatique n’a jamais cessé de répandre au cours de toutes ces années,
chaque fois qu’elle a parlé du Venezuela et cité le nom d’Hugo Chavez. Qu’il s’agisse
des Leparmentier, Joffrin, Barbier, Demorand, Cohen, Pujadas, Calvi, pour n’en
citer que quelques uns. Tous ces beaux parleurs interchangeables, passant sans états
d’âme du public au privé et vice-versa. Tous, à la solde de ceux dont ils sont
les obligés parce que propriétaires ou dirigeants des médias dans lesquels ils
s’expriment. Ceux-là mêmes et tous les autres le traitant à l’unisson de
dictateur, de populiste, le méprisant et le mettant au ban des nations quand
ils ne l’insultaient pas.
Je ne suis ni naïf ni manichéen. Chavez a sans aucun doute
commis des erreurs. Mais sous sa présidence, si les riches Vénézuéliens ont
perdu de leur richesse et les Nord-Américains de leurs dividendes pétroliers,
des millions de pauvres, en revanche, sont sortis de la misère. Et de cette
multitude silencieuse et digne, Gustavo Dudamel était en ce premier jour de l’année,
le plus magnifique ambassadeur. »
Reynald Harlaut
(1) Source Wikipedia
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