François Hollande à Val-de-Reuil |
S’il fallait résumer la
personnalité de l’homme Hollande, je retiendrais un acte : la demie grâce
partielle accordée à Jacqueline Sauvage suite à la mort de son mari violent.
Tout l’homme se trouve dans ce demi acte ! Jacqueline Sauvage ? Pas
assez coupable pour 10 ans d’emprisonnement mais pas assez excusable pour être
libérée sur le champ. A mon avis, si grâce il y a de la part d'un président, elle ne peut être que totale
puisqu’il s’agit du pari de la réinsertion-réhabilitation dans la société des hommes et non d’une
peine en rapport avec l’acte commis puisque que des juges l'ont sanctionné conformément au code pénal.
La présidence Hollande ne fut
faite que de demi-mesures (1), d’avancées certes, de reculades aussi finalement conformes à
la personnalité de celui qui ne faisait pas assez président, le plus souvent, même
si parfois il sut se montrer à la hauteur notamment après les attentats
terroristes. Il a reconnu hier soir avoir commis une erreur : la déchéance
de la nationalité. Cette déchéance, ô combien combattue sur ce blog, était
tellement contraire aux valeurs de la gauche, tellement inefficace pour lutter
contre le terrorisme, que je ne comprends toujours pas comment François
Hollande, fin connaisseur de la politique, a pu se laisser entraîner — lui et
les parlementaires qui ont voté cette déchéance — par le duo Sarkozy-Le Pen sur
cette pente plus que savonneuse. Ce fut un tournant dans le discrédit du président
au sein de son propre camp.
Et l’affaire Cahuzac ?
J’ai écrit, dès le 4 décembre 2012, quand Mediapart a sorti les frasques
financières du ministre d’alors, que François Hollande devait agir vite et fort
puisqu’il avait les preuves de la culpabilité de son ministre sous les yeux. Il
a tergiversé, laissé Cahuzac mentir devant les députés. Il lui a même fallu
plus de quatre mois pour démissionner son ministre alors que des ravages
irrattrapables en terme de morale publique et d’exemplarité réduisaient à néant
les belles promesses du candidat Hollande. Depuis, la gauche a perdu beaucoup
de sa crédibilité quand elle a voulu mettre en cause Sarkozy, Balkany, et
toutes les affaires : libyenne, Bygmalion, Azibert, Bettencourt…« Et vous,
et Cahuzac ? »
Par lucidité, François
Hollande renonce. Candidat, il allait au devant d’un massacre électoral pour
lui-même, ce qui n’est rien, mais aussi et surtout pour la gauche et ceux et
celles qui croient encore à la justice sociale, au progrès scientifique, à une
démocratie réelle, un système éducatif égalitaire, ce qui aurait été beaucoup plus
grave. La primaire qui s’engage à gauche — je rappelle que j’étais favorable à ces
primaires (2) dès le départ malgré les moqueries et les sarcasmes — va opposer des
visions de l’avenir fondamentalement différentes. Montebourg, Hamon et Valls (voire
Taubira demain) symbolisent des lignes d’action politique, sans doute pas irréconciliables
comme l’a affirmé imprudemment le premier ministre actuel mais aptes à
permettre un choix de société face au projet brutal de François Fillon et aux
propositions insensées de Marine Le Pen. Le renoncement de François Hollande
est, peut-être, un mal pour un bien.
(1) Lors de la primaire de
2011, Martine Aubry avait déclaré à François Hollande à l'occasion du débat de second
tour : « quand c’est flou c’est qu’il y a un loup. » Elle ne croyait
pas si bien dire.
(2) Je n'ignore pas que Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Emmanuel Macron refusent d'y participer. Ils s'excluent donc eux-mêmes d'un éventuel rassemblement anti-libéral.
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