Lors d’une conférence récente
donnée dans le cadre de l’université populaire que s’efforce d’animer la
municipalité de Louviers, Claude Cornu, lui-même responsable du programme de
conférences de la société d’études diverses de Louviers et sa région, a brossé
l’histoire de l’orthographe, cette matière aussi mystérieuse que traumatisante
pour de nombreux petits et grands Français.
Claude Cornu en action. |
Savoir lire, écrire et
compter compose le panel des instructions dites basiques. Mais l’orthographe,
cette science qui se voudrait exacte, et que l’on enseigne pourtant très tôt, que
de crimes on commet en son nom ! Les fautes d’accord, la présence de
lettres étranges (le g de vingt, de doigt) des accents surprenants (le
circonflexe) des conjugaisons complexes avec la concordance des temps…que de
subtilités, de finesse, pour bien écrire une langue française inscrite dans la
longue tradition aussi bien orale qu’écrite. Depuis des années, on cherche le
moyen de simplifier notre orthographe au prix, parfois, de caricatures.
Songeons que l’orthographe compose un ensemble de règles du jeu lesquelles,
respectées par tous, permettraient de mieux comprendre et de mieux se
comprendre. C’est comme en tout, il y a ceux qui apprennent les règles et les
appliquent et ceux qui y dérogent, le plus souvent à leur corps défendant il
est vrai.
En s’appuyant sur de
nombreux textes lus lors de la conférence, Claude Cornu a su montrer comment, d’une
orthographe phonique, le Français avait progressé de façon plus savante en
tenant compte de l’origine latine des mots notamment. Il eût été étonnant
d’entendre Claude Cornu, professeur agrégé de lettres classiques, accepter sans
barguigner une simplification outrancière de l’orthographe. Sa complexité
relative entre dans le champ des compétences acquises, fruit d’un long
processus de mémorisation et de compréhension des règles pas si évolutives que
cela même si l’usage a conduit l’Académie à quelques entorses… Ce qui est
formidable dans l’orthographe, c’est la nécessité de la rigueur et de l’application.
Une vraie école de bonne conduite de la langue. Quiconque ne se relit pas (ou s’il
se relit, se relit trop vite) est condamné au jugement impitoyable des
enseignants, des employeurs, des lecteurs. Car ce qui saute aux yeux, d’abord, c’est
la faute d’orthographe glissée ici, oubliée là.
Pour étayer son récit et intéresser
son auditoire, Claude Cornu s’est inspiré des grands auteurs que furent
Ronsard, Vaugelas, Molière, Voltaire (souvent en délicatesse avec son époque et
les académiciens) narrant comment au fil des siècles et en 1990, encore, les maîtres
à penser et à écrire avaient édicté des conseils en forme d’ordres suscitant
une polémique toujours actuelle.
En ce qui me concerne, je
tente d’éviter au maximum les fautes d’orthographe même si je suis conscient
que, de temps à autre, je peux ne pas être exempt d’erreurs. Mais quand on pense qu’à
l’époque de Molière, grammaire se prononçait grand-mère, on comprend les
quiproquos comiques engendrés par une écriture musicale aujourd’hui dépassée. En
fin lettré, Claude Cornu a ravi les quarante personnes présentes. Elles ne se
lassent pas d’apprendre, quel que soit leur âge et leur seuil de tolérance à l’égard de l’orthographe.
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