Pendant la guerre d'Algérie. (DR) |
Ce n’était pas un lapsus.
Mais un cri du cœur. Comme on sait le premier mouvement est le bon. Ainsi,
Marine Le Pen, après avoir avoué qu’en certaines circonstances la torture
pouvait être acceptée, s’est ravisée quelques temps après pour affirmer qu’on l’avait
mal comprise et qu’un état de droit ne doit pas ériger la torture en pratique tolérable.
Mais c’était trop tard, le
mal était fait. Le feu médiatique la consumait et Marine Le Pen a dû faire
face, aujourd’hui, jour de libération du dernier otage français « échangé » par
AQMI avec l’accord de la France contre des djihadistes maliens et malmené,
comme l’a précisé Serge Lazarevic par ses gardiens parfois tortionnaires, à un
déluge de critiques et de noms d’oiseaux.
Bruno Leroux, président du
groupe PS de l’Assemblée nationale a eu le commentaire adapté : « la gégène (1), elle est dans les gênes des
Le Pen. » Cette fameuse gégène utilisée à tire-larigot pendant la guerre d’Algérie
et destinée à faire parler les « fels » comme disaient avec mépris les militaires
chargés de la sale besogne.
Pourquoi la torture revient-elle
à la une de l’actualité ? Tout simplement parce qu’un rapport
parlementaire américain atteste de l’utilisation de méthodes barbares par les
agents de la CIA qui, pendant des années, a pourtant nié qu’elle faisait appel à
des outils infligeant des souffrances physiques et psychiques : baignoire
et lutte contre le sommeil, par exemple.
Arrêtons-nous un instant sur
la déclaration originelle de Marine Le Pen. Imagine-t-on un chef d’état, titre
auquel elle aspire, président(e) d’une démocratie avancée, dans un pays ayant
aboli la peine de mort, autoriser l’utilisation de la torture ? Si Marine
Le Pen s’est rétractée, Gilbert Collard, député bleu marine n’a pas eu de ces
manières langue de bois. Il a affirmé et réaffirmé que, pour sauver des vies,
la torture était un moyen comme un autre. La civilisation est faite d’avancées
vers la non violence, la recherche de la paix entre les hommes et entre les
nations. Elle nécessite des règles et le respect de principes dont certains
sont imprescriptibles comme les crimes contre l’humanité.
Je n’ignore pas que
Jean-Marie Le Pen, officier de parachutistes à Alger pendant la bataille du même
nom, a toujours nié avoir utilisé lui-même la torture mais le général
Aussaresse, dans un livre de (mauvais) souvenirs, n’a pas caché que l’armée française n’hésitait
pas à torturer pour obtenir des renseignements, des noms et des adresses,
tortures souvent suivies de la mort des personnes interrogées. Comme disait
Jean-Paul Sartre « la torture est d’abord
une entreprise d’avilissement. » En la justifiant, même si elle s’est reniée
ensuite, la chef du Front national se discrédite et discrédite sa candidature
aux plus hautes fonctions.
(1) Instrument de torture utilisant
l’électricité.
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